« Amortels » de Matt Forbeck

amortel-mattforbeck« Amortels, c’est Chandler dans le monde de Blade Runner, sur un rythme trépidant », affirme The Guardian… Enfin si l’on en croit la quatrième couverture de ce roman publié chez L’Atalante.

Certes, il y a bien chez l’agent Ronan Dooley, le personnage principal de ce récit, un petit côté malhabile hérité de coups du sort. Agent des services secrets américains, il a sauvé la vie du président des États-Unis en sacrifiant la sienne. Mais au lieu d’agoniser sur un lit d’hôpital, il devient sans avoir rien demandé le premier des amortels, après avoir été cloné et que sa mémoire a été téléchargée dans ce double plus jeune. Près de 200 ans et plusieurs morts plus tard, l’agent Ronan Dooley est l’homme le plus vieux du monde et l’amortalité s’est répandue dans les sphères privilégiées.

Cependant, malgré la fausse impertinence de Dooley, on reste loin de l’humour d’un Chandler, l’agent des services secrets se montrant souvent d’un conformisme ennuyeux. Heureusement, le récit, lui, est entraînant. Il démarre juste après une nouvelle résurrection de notre héros qui visionne la vidéo de son exécution, et nous plonge sur une enquête trépidante. Les rebondissements sont nombreux et nous tiennent en haleine, pour ce qui semble être jusqu’aux trois quarts du roman, un solide polar sur fond de clonage et d’immortalité. Un polar sur un décor de science-fiction, sans beaucoup plus, car si les personnages peuvent discuter du volet social du clonage, l’auteur nous plonge peu dans les bas-fonds de la société. C’est normal, on reste dans l’esprit polar, tout le récit est raconté du point de vue du détective, mais, là encore, on est loin de Blade Runner ou d’autres romans écrits depuis sur ce sujet.

Pour un habitué de SF, ce genre d’histoires est aujourd’hui devenu classique et la solution de l’enquête peut même se deviner à l’avance. Quoique… Les coups de théâtre sont bien dosés, les chapitres s’enchaînent pour un plaisir de lecture évident, et l’on se dit qu’au final, on aura lu un roman sympa… Puis vient le dernier quart du roman, tout s’accélère, les révélations arrivent en rafale et le roman se clôt sur un dernier coup de tonnerre.

Ainsi on comprend comment, malgré le rythme haletant de ce récit, l’auteur a réussi à nous endormir pour mieux nous surprendre à la fin. Après tout, cette manière de jouer avec ces lecteurs, c’est peut-être là que se cachait l’humour à la Chandler…

Chronique de Christophe Thiennot

Editeur L’Atalante
Auteur Matt Forbeck
Collection La Dentelle du cygne
Pages 332
Prix 19€

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