« De la corne du Kirin aux ailes du Fenchuang » – Anthologie dirigée par A.S.Bora et C. Duquenne

L’Asie regorge de créatures mystérieuses, tantôt espiègles, tantôt protectrices, souvent dangereuses. Serez-vous prêt à vous confronter aux tengu japonais ? À suivre une gumiho dans les rues de Séoul ? Vous laisserez-vous porter par les paroles de la kinnari indienne ? Aux côtés de nos dix-sept auteurs, partez à la découverte du continent asiatique et de toute la diversité de son bestiaire fantastique.

Les Éditions Voy[el] ont visé haut avec cette anthologie ! Le thème est ardu, souvent inconnu du lecteur « moyen » et lui demandera donc un petit effort pour entrer dans cet univers. Toutefois, aimer partir à la découverte est sans doute l’une des caractéristiques de l’amateur de SF, et cela ne le dérangera guère !

Dix-sept auteurs pour dix-huit nouvelles et une balade dans l’imaginaire asiatique (Chine, Inde, Japon, Sibérie…) qui dépayse totalement. Pour les lecteurs peu familiers des mythologies présentées ici, il peut être fort utile de s’imprégner du lexique, pour ne pas être trop perdu !

Venons-en maintenant au contenu à proprement parler : beaucoup de genres différents, du steampunk à la fantasy, en passant par la SF, des histoires tragiques, d’autres humoristiques, la variété est clairement au rendez-vous !

Quelques textes vraiment très courts dans ce recueil, mais dont il faut souligner les qualités : dans le registre de l’humour, Antony Boulanger offre avec Hiderigami et le Tanuki un bref récit drôle et enlevé, comme d’habitude avec cet auteur, très bien écrit et construit ! Dans un style plus classique, mais efficace, Marthe Machorowski renoue dans Fin de cycle, avec une atmosphère de légende.

On s’arrêtera également sur la nouvelle de Tesha Garisaki Les Treize Orphelins, qui parvient à distiller de la drôlerie dans une histoire pourtant tragique. Elle nous embarque vraiment dans l’imaginaire japonais, sans pour autant perdre son lecteur en route.

Antony Boulanger revient pour une seconde contribution, au ton beaucoup plus sombre que la première, mais aux qualités indéniables : Feu libéré, feu honni aborde avec une grande finesse les thèmes de la vengeance, de la souffrance et du remords.

Je vous parlerai aussi de deux beaux textes, pleins de nostalgie et de tendresse, malgré la dureté de leur sujet : Les Défenseurs de Siddapur de Flora Greys sait prendre son lecteur par la main, et ne plus le lâcher, tandis que Céline Etcheberry, avec Le Cygne et l’Albatros nous plonge dans une rêverie très poétique.

Les Éditions Voy[el] ont misé sur l’exotisme, l’étrangeté, l’Autre dans toute sa singularité et sa différence pour cette anthologie. Le pari est réussi avec des textes qui se détachent vraiment et procurent un vrai plaisir de lecture, même si l’ensemble est sans doute un peu inégal.

A propos de Syl

Fervente adepte des cultures de l'imaginaire (et des autres), curieuse de tout (et du reste), boulimique du verbe (qui a dit, mais pas que ?), enfin et accessoirement présidente du concours Visions du Futur (pots de vin acceptés).

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