« Hommes et animaux : demain, ailleurs, autrement » – Anthologie réunie par Stéphane Dovert

Arkuiris poursuit sa belle œuvre de diffusion de nouvelles avec cette dernière anthologie, consacrée cette fois-ci (après le réchauffement climatique) aux rapports entre les hommes et les animaux. Certains veulent dissocier totalement l’humain de toutes les autres espèces, d’autres au contraire n’y voient qu’un animal comme les autres. La question est plus complexe qu’il n’y paraît et les quinze textes réunis par Stéphane Dovert nous incitent à y réfléchir plus en profondeur. Ils évoquent tous notre rapport à l’animal, ici, ailleurs, demain et autrement. Comme un miroir qui révélerait notre propre nature… Tous les registres sont abordés, de l’humour à la tragédie, dans un recueil de belle qualité.

L’humour – noir – par exemple avec Adeline Tosello, qui, dans La poule de Lady Sofia, décrit un monde où s’affrontent La Ligue des Hominiens Hégémoniques, défenseurs de la supériorité de l’homme sur toute autre espèce, et le reste de la société, pour qui l’animal est un égal, que l’on aime et protège avec passion. L’affrontement entre deux factions sera sans pitié ! Humour encore, avec un texte à chute très court, bien mené, de Dravic : Seule dans l’espace. Et encore avec La confession de Simon Calvaire, où les rapports entre Homme (mâle) et animal (femelle) sont poussés très loin. Grinçante, avec une chute bien amenée, la nouvelle crée un léger sentiment de malaise chez son lecteur. On peut citer aussi L’Odyssée des cousines de Sylvain Lamur, qui nous embarque dans un futur où les humains sont esclaves des poissons et de quelques autres bêtes qui ont survécu à la colère du poisson magique devant l’incurie des humains. La fin laisse toutefois supposer que les hommes n’ont guère appris de la leçon !

Dans un registre plus sombre, on remarquera la nouvelle de Régine Philippe, L’histoire incroyable mais véridique du grand ours de Sibérie, où l’homme et l’animal sont si proches qu’ils en deviennent semblables, et Des loups, des hommes et des fourmis, de Jean-Marc Sire, une nouvelle à la tonalité nostalgique qui suscite une forte impression au lecteur. Citons aussi Prédestination, de l’anthologiste Stéphane Dovert, qui préfigure un avenir qui fait froid dans le dos, où l’homme pourrait bien être amené à disparaître au profit des … scorpions ! Anthony Boulanger, dans Tous les enfants de la mère, nous présente un récit où l’intolérance religieuse règne en maître. On retrouve là tout le talent de l’auteur pour mener une histoire sombre, à la chute implacable.

Je terminerais cette présentation avec la nouvelle qui m’a le plus émue, celle de Yann Quero, qui nous propose avec Les chats de Fukushima, un texte poétique et violent, qui mêle l’imaginaire asiatique et son bestiaire fantastique à une actualité brûlante. Empreint de tendresse et de nostalgie, le rythme lancinant épouse celui des Haïkus qui ponctuent la lecture et offrent un beau moment de poésie et de réflexion.

A propos de Syl

Fervente adepte des cultures de l'imaginaire (et des autres), curieuse de tout (et du reste), boulimique du verbe (qui a dit, mais pas que ?), enfin et accessoirement présidente du concours Visions du Futur (pots de vin acceptés).

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