« Le Château d’Eymerich » de Valerio Evangelisti (La Volte)

Le chateau d'Eymerich-Valerio Evangelisti (conflit du 15-11-2015 à 16h44)Je n’ai pas eu l’occasion de suivre les précédentes aventures d’Eymerich 1, et j’ai donc rencontré ce personnage pour la première fois. Dans ce roman, Eymerich, un inquisiteur raide comme la justice et quasiment dépourvu d’émotions, est envoyé en mission dans un château au plan de construction plutôt étrange. Il s’y produit des événements surnaturels qui terrifient sa population hétéroclite. Il s’agit du château de Montiel, le dernier retranchement du roi Pierre le Cruel, en guerre contre son frère Henri de Trastamare.

Pierre a demandé l’aide des Maures, dont les garnisons emplissent son château, et il entretient des rapports troubles avec la communauté juive, très présente dans son entourage. Tout cela sent le soufre pour notre inquisiteur, et du soufre, il va y en avoir. Très vite, nous nous retrouvons plongés dans une intrigue assez compliquée où la kabbale juive et, dans une certaine mesure, la mystique chrétienne, tiennent les premières places.

Si la lecture a été globalement agréable et que certains aspects de l’histoire m’ont intéressée, je dois avouer que le livre ne m’a pas enthousiasmée. Première chose : j’ai eu des difficultés à m’immerger dans la fiction au départ, et j’attribue cela à une insistance trop lourde de la part de l’auteur sur l’atmosphère qu’il veut mettre en place. Il nous répète sans cesse à quel point il fait sombre, à quel point les lieux sont lugubres et sinistres. La même tendance apparaît avec le personnage d’Eymerich, dont la moindre des réflexions est jugée et analysée (par le personnage lui-même). Pendant tout le livre, Eymerich semble se consacrer à un processus d’auto-persuasion un peu lassant pour la lectrice que je suis. Les personnages, à mon sens, manquent de profondeur, et ressemblent plutôt à des images, à des types, qu’à de vraies personnes. Quant à l’intrigue, je dois dire qu’elle ne m’a pas totalement convaincue. J’ai trouvé qu’on tombait vite dans le grand spectacle et qu’encore une fois, ça manquait un peu de fond. Surtout que le début du roman en fait des tonnes avec le mystère qui pèse sur le château de Montiel et, au final, j’ai été un peu déçue. Dernier point, il m’a semblé que la traduction était par moment un peu laborieuse, et qu’elle alourdissait le texte.

Bref, la magie n’a pas opéré et je suis resté un peu extérieure au monde du roman, qui n’est pas parvenu à me captiver suffisamment pour que je perde ma distance critique. Il est possible que j’aurais plus apprécié le roman si j’avais déjà été familière de l’univers d’Eymerich : d’après les échos que j’ai pu récolter, les aficionados de la série y trouveront leur bonheur ! Je laisse donc les amateurs découvrir ce roman sombre et médiéval, qui ne fait certainement pas dans la douceur et la joie de vivre !

Chronique de Muriel Georges

Note :

  1. Les 6 précédents volumes du cycle (entamé en 1994 en italien) ont été publiés aux éditions Rivages (coll. Fantasy) entre 1998 et 2002 puis réédités en poche chez Pocket jusqu’au tome 5 (en 2005). La Volte vient de rééditer les tomes 1 & 2. (NdR)

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