« Le Faiseur de rêves » de Laini Taylor

« C’est le rêve qui choisit le rêveur et non l’inverse  ». Lazlo Lestrange est un orphelin trouvé dans une charrette et recueilli par des prêtres. À cinq ans, il a grandi dans le silence religieux du monastère et ses seuls jeux sont liés aux histoires d’une cité merveilleuse protégée par de valeureux guerriers.

Mais un jour, Lazlo est frappé d’un sentiment de perte, d’effroi et d’oubli. Comme tout le monde autour de lui, il a oublié le vrai nom et le lieu de cette fabuleuse cité. Seul reste le nom de Désolation. Quinze ans se passent et Lazlo a intégré la plus grande bibliothèque du monde à Zosma.

Pourtant, il continue de rêver à la cité oubliée et, un jour, les fabuleux guerriers de ses histoires imaginaires arrivent à Zosma. Ils souhaitent constituer une équipe de scientifiques. Bravant sa timidité et convaincu qu’il faut qu’il parte avec la caravane, Lazlo se présente au chef des guerriers et réussit à intégrer l’expédition. Traversant le désert, il régale les guerriers de contes et légendes et apprend leurs us et coutumes.

Il découvre aussi que le chef des guerriers est surnommé le tueur de dieux. Enfin, après des mois de traversée, les voyageurs arrivent à la fabuleuse cité oubliée. Mais une surprise de taille les attend : au-dessus de la ville plane une construction faite d’un étrange métal qui ressemble à un ange ailé. C’est la demeure des anciens dieux que ces spécialistes étrangers vont devoir détruire ou déplacer.

Cependant cette cité n’est pas vide. Cinq enfants y vivent, cinq enfants à la peau bleue, cinq rejetons des dieux que le tueur de dieux aurait dû éliminer. Tous les cinq ont des pouvoirs : le pouvoir de l’orage, le pouvoir du feu, celui de faire pousser des plantes, le pouvoir de retenir les fantômes. Et il y a Sarai, celle dont le pouvoir est de visiter les rêves des humains pour y imprimer des cauchemars ou de doux rêves. D’ailleurs, elle va aller visiter en rêve les étrangers à la cité pour connaître leurs intentions et prévenir ses frères et sœurs d’un éventuel danger.

Mais la rencontre avec ces esprits-là lui montrera des comportements différents de ceux qu’elle connaît. Et surtout, elle va rencontrer Lazlo. Il est l’antihéros par excellence, le rêveur mélancolique prêt à tout pour découvrir les mystères de Désolation. Personnage central de ce roman, plein d’imperfections, gentil au bon cœur, toujours en train d’aider son prochain, à la limite du naïf, c’est un type banal que l’on n’a pas l’habitude de croiser dans ce type de romans. Il n’est pas au centre de toutes les actions et n’a pas de talent particulier comme les autres scientifiques, mais sa présence est incontournable.

Parallèlement, on découvre la vie difficile des orphelins, les rejetons des dieux qui, depuis 15 ans, vivent pauvrement et totalement isolés du monde, avec comme seules références le massacre qu’a perpétré le tueur de dieux et les rêves des humains que Sarai visite toutes les nuits. D’ailleurs, cela lui donne un autre éclairage sur la raison du carnage des dieux.

Laini Taylor est un nom connu de la littérature de fantasy Young Adult et elle nous propose ici un roman à l’univers riche et complexe, à la mythologie dense et à l’intrigue tout en nuance. Chaque chapitre apporte des rebondissements essentiels à l’histoire. Très rapidement, le lecteur est happé par ce monde étonnant que ce jeune orphelin semble avoir imaginé : la cité oubliée.

Enfin, ce roman développe pas mal d’interrogations tant sur la nature humaine, que sur celle des dieux et sur la capacité d’une société à pardonner et à vivre en paix. Construit comme un puzzle, ce récit nous emporte dans plusieurs mondes : celui de Zosma, celui des derniers dieux, celui de Désolation et celui des rêves de Lazlo. On est séduit par la description de ces univers différents aux décors oniriques riches et merveilleux et par leur réalité décrite, elle, d’une tout autre manière. Ce livre est le premier tome d’un diptyque et on a terriblement hâte d’en lire la suite.

Chronique de Marie-Hélène ‘1264’ Hochet

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

Consultez aussi...

« Mécanique en apesanteur » de Bénédicte Coudière

Cassandre est paraplégique. Mécanicienne renommée, elle a la capacité de communiquer avec les machines qu’elle …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.