« Le Rêve du mammouth » de Rachel Tanner

le-reve-du-mammouthRachel Tanner, qui nous a habitués à des uchronies fantastiques (cycle de Mithra) retrouve ici une autre tradition, le roman non plus historique, mais préhistorique où la magie tient finalement assez peu de place, sinon dans les rêves, les rituels de guérison et les prophéties chamaniques. Il est intéressant de comparer cette version de la confrontation entre Cro-Magnon et Neandertal (vue du côté néandertalien) à celle d’Asimov dans L’Enfant du temps, ou de Jean Auel dans Les Enfants de la Terre. C’est amusant de voir combien des qualificatifs comme Têtes Plates, Monstres ou Autres peuvent être interchangeables !

L’auteur fait une reconstitution très crédible de la vie préhistorique, présentant les Néandertaliens comme des humains à part entière, dotés de pensée, y compris religieuse, de sentiments, capables de s’organiser et de s’adapter. Il y aurait presque un parti pris manichéen, les Néandertaliens apparaissant comme des écologistes avant la lettre, et les homines sapientes comme de sombres brutes avides de tout dominer et de tout conquérir. On est loin aussi des idées reçues sur la condition féminine préhistorique, et ce chez les deux peuples. Certes les femmes et les hommes ont dans le clan des rôles bien déterminés, et différents, eux guerriers et chasseurs, elles demeurant au camp pour assurer le quotidien, mais elles ont la libre disposition de leur corps, et disent oui à qui leur plaît, se séparent de qui les a trompées, et prennent leur part des décisions du groupe.

On s’est interrogé sur la disparition des néandertaliens. Rachel Tanner décide pour leur extermination par les Cro-Magnon, non pas supérieurs à eux, mais mieux armés, bien plus féroces, et surtout mieux organisés, car eux acceptent de fédérer leurs clans sous la direction d’un seul chef, ce que, même sous la pression de l’urgence et du danger, même avec la caution du dieu mammouth, les Néandertaliens se refusent à faire.

Or, la terre habitable se réduisant à cause de la glaciation (c’est ce que le dieu-mammouth fait voir en rêve à l’un des protagonistes, Temür), il n’y aura pas de place pour tous et les Têtes Plates vont exterminer les enfants du mammouth si ces derniers n’apprennent pas à penser et réagir comme eux. Nous verrons comment le clan du mammouth tente de suivre ce conseil, mais avant même d’arriver à la fin du récit nous savons bien que de toute façon ce sauvetage ne peut avoir été que provisoire, ce qui donne au récit une dimension tragique.

Les péripéties nombreuses, la reconstitution crédible de cette époque aux mille mystères, la personnalité attachante des personnages, font qu’on passe sans problème sur une volonté démonstrative parfois un peu trop affichée pour prendre un grand plaisir à la lecture.

macaron_pde79

A propos de Marthe Machorowski

Consultez aussi...

« Le Troisième Exode » de Daniel Mat

Il y a un siècle de cela, ATMOS, un réseau d’intelligences artificielles, a quitté la …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.