« Souvenirs de demain » de Jean-Pierre Fontana

couvertureJean-Pierre Fontana est un « pilier » de la SF française. Créateur et éditeur du fanzine Mercury de 1964 à 1967, fondateur du club « Promotion du fantastique », il organise en 1970 le premier Festival de la Science-fiction de Clermont-Ferrand, suivi en mars 1974 de la Première Convention Française de Science-fiction. En 1975, il collabore à la réalisation de la seconde Convention de SF d’Angoulême. Fontana est également le président-fondateur du Grand Prix de la Science-Fiction Française (1974), devenu en 1992 le Grand Prix de l’Imaginaire.

De 2005 à 2008, il a été le rédacteur en chef de la revue Lunatique, activité reprise en 2011, tandis qu’il relance son fanzine Mercury, sous forme numérique. Lunatique est maintenant accueillie par Galaxies, autre fameuse revue science-fictionnesque française, depuis mai 2012.

Entre-temps, J.-P. Fontana aura commis nombre de romans et de nouvelles et le présent ouvrage propose un échantillonnage représentatif de sa production de nouvelliste.

Divisé en plusieurs sections thématiques, l’ouvrage démarre par des nouvelles de Space-opera, de facture classique et agréable, suivies par des incursions en terre de Fantasy, elles aussi plutôt agréables à lire, bien qu’elles ne laissent pas un souvenir impérissable. Cela s’améliore grandement avec la troisième section, et l’entrée de l’auteur dans le Fantastique. Le Pied Jadois, Le Sourire de Mona Lisa ou La Fille aux yeux ténèbres marquent le lecteur, avec des constructions solides et une sourde angoisse habilement distillée.

Les quatrième et cinquième parties du livre sont consacrées à des nouvelles où s’expriment certainement les idées, les doutes, les espoirs, les colères de Fontana. Points de rupture illustre les dérives d’un système télévisuel où il faut « faire vrai » à tout prix, sans hésiter à exploiter la misère d’une société en déliquescence. Les Tocards est une histoire grinçante autour de la débrouille des paumés et des exclus, de leurs pauvres rêves fous de survie. La Traque fait froid dans le dos, parce qu’à bien y réfléchir, cela pourrait arriver, le « péage pour piétons », et ce vieux libraire (bien sûr, un libraire, symbole d’un monde qui sombre) nous touche au cœur.

La Poupée raconte la lente glissade dans la folie d’une femme poussée à bout par des conditions de vie inhumaine. Empreinte de réalisme, la nouvelle est glaçante dans son écriture distanciée qui ajoute à l’horreur de la situation. Je vais t’ouvrir m’amour, si elle aborde aussi des thèmes forts, est pleine d’une légèreté et d’un humour qui apportent une heureuse respiration avant l’ultime texte La Fille, la fleur et l’oiseau mort. L’ambiance post-apocalyptique, un souffle d’espoir et de tendresse, cerné par la violence et la mort, termine en beauté le recueil.

Panorama de l’œuvre de J.-P. Fontana, cette anthologie peut se lire aussi comme un regard sur la SF française, de belle facture.

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A propos de Syl

Fervente adepte des cultures de l'imaginaire (et des autres), curieuse de tout (et du reste), boulimique du verbe (qui a dit, mais pas que ?), enfin et accessoirement présidente du concours Visions du Futur (pots de vin acceptés).

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