Éditions Cordes de Lune : Entretien avec Chloé Garcia
Recueilli par Xavier Fleury le 11 décembre 2024
Présences d’Esprits : Bonjour, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre fonction à Cordes de Lune ?
Chloé Garcia – Je m’appelle Chloé Garcia, directrice de Cordes de Lune Éditions, une entreprise individuelle. À l’intérieur, je fais finalement tout ce qui est possible de faire : la comptabilité, le marketing, la com à tous les niveaux, aussi toute la gestion comme la paperasse, les Urssaf, la correction des livres, le maquettage, le coaching des auteurs et la gestion des relations avec les libraires ou la presse. À côté, des relecteurs ou parfois des correcteurs me soutiennent, souvent bénévolement. Je fais aussi la passerelle entre les auteurs et les illustrateurs / graphistes pour leur donner des consignes et leur transmettre les retours. Depuis peu, j’ai quelqu’un qui m’aide pour les relations avec les libraires, les salons et les prix. Merci à toi, Garance !
PdE : Comment se positionne aujourd’hui Cordes de Lune dans le paysage de l’imaginaire en littérature ? Est-ce que la ligne éditoriale peut être résumée en une phrase ?
C.G. : Dans l’imaginaire, on essaie de proposer beaucoup de variétés. On n’a pas d’harmonisation de styles ni de plumes. Nombre de nos livres, hybrides, participent à plusieurs genres. Dernièrement, nous avons édité une uchronie steampunk dystopique et fantasy ! Les auteurs s’amusent. On ne cherche pas un genre en particulier, mais plutôt une patte avec une âme et un imaginaire original. Tous les créateurs enrichissent le monde !
PdE : Donc, pas de collection spécifique ?
C.G. : En fait, on en a huit. Les noms des collections sont très simples, pour mieux orienter les lecteurs. Dans la collection science-fiction, vous trouverez de l’anticipation, du space opera, de la hard ou light SF, de la dystopie… La collection fantasy se base sur le même principe avec de la romantasy, de la science-fantasy, de la fantasy plutôt classique, héroïque, médiévale, steampunk… Vient ensuite la collection fantastique pour référencer tout ce qui est urban fantasy, merveilleux, les contes et légendes, le fantastique classique, le gothique aussi. Les collection thriller ou collection romance parlent d’elles-mêmes, la collection anthologie, quant à elle, regroupe les recueils de nouvelles avec les gagnants des concours que nous organisons. La collection jeunesse propose des livres pour les tout-petits et jusqu’à 12 ans. Enfin, la collection Aventures référence des genres difficilement classables ou des romans historiques, de cape et d’épée, qui vont bientôt arriver !
Excepté la collection jeunesse, nos ouvrages peuvent se lire à partir de 12 ans, sauf si un TW est indiqué. Dans ce cas, le lecteur est averti et décide de son plein gré de lire l’ouvrage.
PdE : On trouve donc une grande liberté au sein de ces collections de l’imaginaire.
C.G. Oui, c’est ça. Tous les imaginaires sont possibles, les créatifs ne sont ainsi pas limités et c’est ce que l’on préfère !
PdE : Plus personnellement, qu’est-ce qui vous a amenée à travailler dans ce domaine ?
C.G. : Je suis autrice au départ. J’ai toujours aimé écrire, depuis très longtemps, depuis que je suis toute petite en fait, même si j’ai mis beaucoup de temps pour que cela aboutisse, parce que mes parents m’ont dit, et beaucoup de parents sont dans ce cas-là, « Garde cette passion-là. On va t’aider à l’encourager, mais tu feras autre chose à côté, un métier qui paye. » Cela me paraissait une excellente idée, à l’époque. J’ai ainsi suivi les traces de mon père qui est ingénieur en informatique. Il m’a fait aimer l’électronique et l’astronomie. J’ai suivi des études dans les systèmes embarqués en temps réel, dans les automates industriels, pour l’astrophysique, l’optique adaptative notamment, des termes un peu barbares, je l’admets.
Mais l’industrie, ce n’est malheureusement pas très créatif. J’ai travaillé dans plusieurs grands groupes, Schneider Electric, Airbus Helicopters, Thalès Alenia Space, Thermofisher, mais même en étant parfois à la tête d’équipes, on se rend compte qu’on est vraiment bridé et que rien n’est fait pour évoluer. Le progrès, proposer des idées… ce n’est pas très bien vu ni apprécié. Tu finis par régresser dans tes compétences, quelque part, et tu ne peux pas optimiser comme tu l’as appris à l’école ou en stage. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas créer librement dans cet univers-là. Ou alors, il aurait fallu aller en startup, mais ce n’était pas ce que je voulais. Les grands groupes me faisaient rêver, à tort.
C’est également un milieu très masculin. Quand vous êtes cheffe d’équipe femme, il y a parfois des tensions qui se rajoutent, qui pèsent au quotidien.
Puis, avec le recul, je ne m’y sentais vraiment pas à ma place. L’hypocrisie des uns me torturait, comme la malhonnêteté et un attrait pour l’argent omniprésent, au détriment de l’envie d’améliorer le côté technique. Un monde bien loin de l’humain au final. Bien loin de ce que je suis.
Je suis revenue à ma passion première tardivement. Après avoir fait le deuil de mes diplômes et de ces années à tourner en rond, après avoir accepté de quitter ce système abrutissant. J’ai réalisé que ce que j’avais appris continuerait de me servir, que ce soit en méthodologie de travail ou pour mes livres. Je n’avais rien perdu. Et j’ai compris que je ne rêvais pas d’une vie si compliquée : écrire et aider d’autres auteurs, auprès de ceux que j’aime, dans un environnement proche de la nature. Liberté, entraide et famille. Mes trois piliers.
J’ai été éditée pour trois de mes livres, mais j’ai été très déçue par mes éditeurs. De l’arnaque, aucune communication, aucun soutien, aucune transparence, … Je me sentais seule et trahie. Sont alors venues les questions : « Est-ce que je fais de l’autoédition ou est-ce que je monte ma propre maison d’édition ? » Un gros dilemme. À l’époque, j’avais suivi une formation durant une année pour apprendre à m’auto-éditer. Donc j’avais des compétences pour maquetter et corriger. Plutôt pratique.
Je me suis dit : « attends, tu as dépensé quand même du temps, de l’argent pour ces formations. Est-ce que ça ne pourrait peut-être pas servir aussi à d’autres personnes ? Cela pourrait aider d’autres auteurs à commencer dans un environnement où il n’y aurait que de la transparence. Cela leur permettrait de ne pas tomber sur des éditeurs comme ceux que j’avais eus et qui m’avaient brisée. »
Cordes de lune, une édition à compte d’éditeur, était née :
- Transparence : je partage tous les chiffres de comptabilité et des commandes.
- Éthique : 50% des bénéfices sont partagés aux auteurs, qui gagnent ainsi bien plus qu’ailleurs, entre 15% et 35% de droits d’auteur, selon les plateformes de vente.
- Entraide : chacun s’aide et s’encourage dans la communauté, chacun partage ses expériences et ses déboires. Pas de concurrence. De mon côté, je partage des documents sur tout ce dont les auteurs ont besoin, et d’autres auteurs aident également : formation de vente, formation marketing, formation médias sociaux, formation sur le statut d’artiste-auteur, gestion de la facturation avec les libraires, le tout évidemment gratuitement… Ils ne sont pas seuls. Jamais. S’ils ont besoin, je les coache aussi et leur remonte le moral.
L’humain avant tout, ce qui compte vraiment en ce monde.
PdE : Comment est organisée la collecte de manuscrits ?
C.G. : Au départ, on a lancé un appel à textes dans la science-fiction, notamment parce que j’avais déjà des titres en fantasy. En plus de mes livres, d’autres auteurs de fantasy s’étaient alliés à moi après avoir été déçus par l’autoédition ou les faux éditeurs. Le thème était « Perdus dans l’espace ». On a reçu entre 60 et 70 manuscrits. Une vraie réussite, pas si simple à gérer pour un début ! Au final, au lieu d’un gagnant, on en a retenu huit. On n’a pas réussi, avec la famille, les amis, les lecteurs, les chroniqueurs, à choisir, puis je n’arrivais pas à dire non facilement, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les huit titres ont été édités après une année de travail, je les adore tous !
PdE : Ce qui veut dire que le comité de lecture est constitué d’un réseau de proches ?
C.G. : Cela dépend. Ce sont parfois même des influenceurs qui, de temps en temps, me disent que ce mois-ci, ils peuvent lire un manuscrit. J’ai de la famille, des amis qui s’y mettent, parfois même des libraires. Ce sont tous des passionnés de lecture. Ils me remplissent une petite fiche de synthèse et me disent ce qu’ils en pensent avec honnêteté. Je m’immisce dans le processus pour analyser la plume et les fautes.
PdE : L’année suivante, il y a eu un nouvel appel à textes ?
C.G. : Non, car nous avions bien assez de manuscrits. Certains de nos nouveaux auteurs, notamment Maxime Mirabel et Garance Verdon Avizou, m’ont dit que Cordes de lune leur plaisait, alors ils m’ont proposé d’autres manuscrits ! Anne-Cécile Feugnet, une autre autrice lauréate de « Perdus dans l’espace » m’a envoyé dix propositions ! Plusieurs années d’édition en perspective.
Le bouche-à-oreille a de plus fonctionné. Certaines connaissances ou amis, parfois des auteurs publiés, m’ont envoyé leur texte pour que je les réédite. Des lecteurs, influenceurs, aussi, m’en ont proposé. En 2025, il y aura une trentaine de sorties, ce qui est énorme pour notre petite structure. Et 2026 est déjà plein à craquer, avec le même nombre de titres.
PdE : Quelle est la date de création de Cordes de lune, et quel est le rythme de parutions annuel ?
C.G. : Janvier 2023. Et février 2023 pour la première publication.
La première année, en 2023, nous avons sorti 10 titres. Sur 2024, actuellement, il y en a déjà 30, avec encore 3, voire 4 à venir ! Et dans les cartons, il y en a pas mal pour 2025, avec plusieurs nouveaux auteurs et pas mal de premiers romans. Ce qui se passe, et je pense que c’est classique dans le monde de l’édition, est qu’on a eu de nombreux premiers tomes. Alors, il faut compter les tomes 2. Pas le choix de leur laisser de la place.
PdE : C’est une problématique que rencontrent les éditeurs avec des auteurs maison qu’ils accompagnent sur des années, et qui parfois vont sortir un titre tous les deux ans. Ils doivent aussi intégrer de nouveaux auteurs chaque année.
C.G. : En effet, et ce n’est pas simple à gérer, car je veux faire plaisir à tout le monde ! J’ai de plus en plus d’auteurs actifs et c’est génial, alors je voudrais leur laisser de la place. Je n’ai pas d’objectif de ventes et je ne les oblige pas à faire des salons, des dédicaces, mais quand ils en ont envie, ils en ont vraiment envie et beaucoup. Je les aime ! Plus d’une dizaine veulent en faire au moins une fois par mois. Il faut les accompagner, trouver des salons, trouver les libraires avec qui ça peut matcher, s’occuper des facturations, etc. Quand on accompagne une dizaine d’auteurs par mois, c’est chronophage, sans parler de la paperasse qui va avec, etc. C’est bien et, en même temps, c’est beaucoup de pression et de stress. L’histoire de ma vie.
PdE : Comment se passe le processus de retravail avant que le livre sorte ?
C.G. : D’un auteur à l’autre, l’investissement est différent.
La première année, le comité et moi-même étions moins stricts sur le français. J’avais pris des premiers romans où se posaient plein de problèmes, énormément de fautes d’orthographe et de syntaxes, de ruptures grammaticales, etc. La première année, j’ai consacré beaucoup de temps à l’accompagnement, aux conseils, à montrer des exemples de ce qu’il était préférable de faire pour avoir la maîtrise du français et travailler aussi le style. Je faisais des analyses avec les auteurs en leur mettant en avant leurs points forts ou leurs faiblesses. C’était assez long et je ne pouvais me limiter à éditer trois livres par an. À un moment donné, il faut aussi que la société génère un petit peu de sous pour faire vivre les partenaires, les prestataires et moi-même. Je ne peux pas accompagner tout le monde.
Aujourd’hui, dans le choix des manuscrits, je suis plus stricte sur la partie grammaticale et la plume. Il faut déjà qu’il y ait une bonne base. Il restera toujours des erreurs, on en fait tous et moi donc.
Néanmoins, cela a porté ses fruits et j’en suis si fière ! Je le vois sur certains auteurs que j’ai eus en première année et chez lesquels il y a eu un accompagnement un peu plus long. Leurs nouveaux manuscrits n’ont rien à voir. Le vocabulaire est beaucoup plus travaillé et les histoires sont beaucoup plus réfléchies. Ça fait plaisir. Ils nous disent que ça leur a fait du bien d’être accompagnés sur des premiers romans assez imparfaits. Ensuite, c’est à eux de trouver leur style créatif et de continuer de s’améliorer.

Nous passons du temps à corriger les ouvrages, qui sont lus au minimum trois fois. Nous travaillons certes la langue, mais aussi la plume, le style, l’embellissement du vocabulaire, les émotions des personnages, la qualité des descriptions, la cohérence de l’histoire, les répétitions, et le tout doit rester dans le style de l’auteur ! Ce qui est un sacré travail. Nous proposons les réécritures aux auteurs nous-mêmes, et les auteurs n’ont ensuite qu’à valider. Ainsi, cela ne les stresse pas et ils n’ont pas à revenir dans leurs univers pour les retravailler.
La correction, c’est un peu comme les effets spéciaux dans les films. Il y a énormément de fait, on passe d’un écran vert à une ville remodélisée, et toute la charge de travail reste pourtant invisible. Les lecteurs finaux ne voient que les coquilles qui restent, car malgré nos efforts, nous ne sommes pas infaillibles et nous ne connaissons pas tout le français non plus, il y a toujours à apprendre et nous sommes motivés pour cela ! Moi-même, je travaille régulièrement mes connaissances et je fais des formations annuelles pour apprendre ou réviser.
Quelques petites anecdotes de mes corrections qui ont été mouvementées, où mes capacités d’autrice ont également été très utiles, et le plus fort ? Ces ajouts ne se voient pas, car je me suis imprégnée de la plume des auteurs en question :
- Il y a une fin d’un livre que j’ai écrite moi-même, et l’auteur a adoré. Il a validé et gardé cela ! Si vous trouvez lequel, chapeau !
- Dans un des livres, je trouvais qu’il n’y avait pas assez de dialogues, alors j’en ai ajouté moi-même, et cela a plu à l’auteur qui les a gardés !
- Après avoir proposé un résumé de 4ème de couverture à un auteur (car c’est moi qui les écris tous, avant que l’auteur les valide), il a tellement adoré les phrases d’accroche qu’il a voulu les intégrer dans son livre ! On a alors ajouté un tout nouveau passage, j’ai adoré cet exercice.
- L’un des livres présentait tant d’incohérences dans l’histoire, que j’ai dû inventer et écrire des péripéties afin d’y remédier. L’auteur a été reconnaissant du travail accompli.
- L’un des livres m’a tant inspirée, que j’ai proposé un passage à rajouter à l’auteur, qui l’a trouvé génial et l’a gardé.
PdE : Peux-tu nous donner une idée du tirage moyen ?
C.G. : Nous n’en avons pas. Nous travaillons à l’impression à la demande avec Kindle Direct Publishing (KDP) qui est une filiale d’Amazon. Le choix a été assez facile. Avec zéro euro, aucun capital, je ne pouvais pas avoir de stocks, et encore moins de local. Et surtout, je ne voulais pas de pression sur mes épaules pour vendre du stock et je ne souhaitais pas que mes auteurs en aient non plus. Surtout que j’aime prendre des primo-auteurs sans communauté de lecteurs, qui éditent leur premier roman. Ce n’aurait pas été une bonne idée de démarrer avec eux et de faire du stock, alors qu’ils ne savent pas ce qu’est vendre un livre, pas même ce qu’est une dédicace en librairie. Il a fallu les accompagner depuis zéro pour certains. J’ai fait ce choix de l’impression à la demande et il est resté. D’autant plus que ce système nous permet d’envoyer, à moindres coûts, des livres dans le monde entier (nous avons des clients au Liban, en Belgique, au Canada et à La Réunion, par exemple).
PdE : Où sont vendus vos livres ?
C.G. : En plus d’Amazon, on est référencé dans le fichier Dilicom pour être achetable dans toutes les librairies de France. On est aussi en partenariat avec le fournisseur des FNAC et des Cultura (SFL), avec qui on a un contrat ; on peut être achetable sur leurs sites respectifs. Parfois, certaines de ces deux enseignes achètent un petit peu de stocks pour le mettre en magasin.
Nos livres sont aussi en vente chez Decitre et ses partenaires, ainsi que sur notre site Internet, où l’auteur gagne plus d’argent, étant donné qu’il n’y a aucun intermédiaire.
Ensuite, pour ce qui est du dépôt en librairie, pour l’instant, on n’a pas de partenariat particulier parce qu’on ne peut pas faire trop d’avance. Avec une trésorerie proche des 0€, c’est très compliqué pour nous d’offrir des livres aux libraires (qui payent après une vente). Et les libraires n’apprécient pas que l’on soit chez leur concurrent principal (Amazon).
Par contre, il y a beaucoup de dédicaces en librairies. J’aide les auteurs à y aller, afin de soutenir ce milieu.
Nos formats numériques sont achetables partout. Notre diffuseur, Immatériel, nous permet d’être présents sur l’Apple Bookstore, le Dilicom, Cultura, la FNAC, Kobo, Amazon Kindle, tous les abonnements streaming et les prêts en bibliothèque.
PdE : En raison de votre impossibilité d’être diffusé en librairie, comment vont se faire connaître les auteurs ?
C.G. : Les réseaux sociaux, les salons et les dédicaces, pour les auteurs qui souhaitent en faire ! Et le fameux bouche-à-oreille, toujours aussi utile et prometteur.
Sans oublier tous les efforts que nous faisons en interne pour présenter notre catalogue à des magazines, des sites Internet, des prix, des associations, des influenceurs, des magasins…
Étant donné que nous n’avons aucun objectif de ventes, les auteurs mal à l’aise ou timides n’ont aucune obligation de faire des salons. Le bonheur et le plaisir de mes auteurs comptent avant tout !
Grâce à des centaines de documents que je mets sur un drive partagé, et que d’autres auteurs ont amélioré avec moi, ils ont en plus accès à nombre de formations pour les aider à avancer, à créer leurs médias sociaux, à vendre en salon, etc.
Certains auteurs sont aussi ingénieux et me proposent des idées, que j’essaie de mettre en place au plus tôt.
On a vraiment de tous les profils artistiques et je l’accepte, c’est peut-être ce qui fait la différence avec certains éditeurs. J’ai un profil d’auteur avant tout, qui n’est pas forcément celui qui va partout et qui va vendre beaucoup, mais qui aime quand même ce qu’il fait. Je veux surtout que les auteurs prennent plaisir à écrire. Je veux le voir dans leurs livres !
J’essaie de répondre à leurs diverses attentes. Certains veulent que j’envoie leur livre en service presse à beaucoup de chroniqueurs, alors je le fais, selon le budget disponible. Certains veulent être envoyés à des prix et d’autres pas du tout. C’est vrai que c’est un peu étonnant, mais j’essaie de leur faire plaisir, à tous les niveaux qui me sont atteignables à mon humble mesure. Je souhaite que cette structure reste humaine avant tout et qu’elle aide les artistes collaborateurs à accomplir leurs rêves.
PdE : Quelle partie de la production est externalisée ?
C.G. : Je ne m’occupe pas moi-même de la partie illustration. Ce sont toujours des prestataires. Certains sont bénévoles, ou nous proposent des tarifs vraiment très avantageux. Nous faisons de l’échange de services, comme avant, avant que l’argent entre en jeu et pollue tout, même notre santé mentale.
PdE : Concernant le livre en tant qu’objet, quels ont été les choix de Cordes de Lune au niveau des formats ?
C.G. : Nous avons deux formats papier :
- Le broché : couverture souple, couverture qui se retrouve dans le numérique, mise en page simple.
- Le relié : couverture dure et illustration exclusive en couverture (pour les auteurs qui le souhaitent), mise en page plus travaillée, avec des décorations sur tout le livre, voire même des illustrations pleine page ou des textes bonus, le tout à un prix plus élevé, 5 à 6 euros de plus.
Aucune harmonisation dans les couvertures n’est obligatoire, comme dans les plumes. On aime la diversité !
PdE : Un an et demi d’existence, cela a déjà permis de fidéliser un public ?
C.G. : Oui, et cela ne cessera de m’étonner et de me ravir.
Une de nos lectrices, qui lit beaucoup de science-fiction, m’a dit qu’elle aime ce qu’on fait, parce que les thèmes de nos livres ne sont pas forcément d’actualité, ils changent de ceux que d’autres éditeurs proposent. Nos thèmes sont des sujets auxquels elle ne s’attendait pas ; ils sont peut-être très vieux ou même avant-gardistes ou ne correspondent pas du tout à la littérature du moment dans ce domaine-là. C’est vrai que je ne regarde pas du tout cela. J’examine d’abord la plume et l’originalité du texte, pas le côté business, un domaine que je déteste, vous l’aurez compris. Un peu contradictoire quand on doit gérer une entreprise, je le conçois. Mais rien n’est impossible à ceux qui y croient ou qui ont des idéaux !
Nous éditons par ailleurs tous types de formats : recueils de nouvelles, novellas, romans courts et longs, romans illustrés… Notamment, on a trois novellas de science-fiction. Cela marche plutôt bien. C’est court. C’est intense. Deux ou trois heures de lecture, et c’est bouclé. Les gens apprécient. L’une de nos plus grosses ventes est notre première novella de science-fiction. Ce livre, « Pluton », a remporté le Prix des Auteurs Inconnus 2024 en Imaginaire ! Bravo, Maxime ! Et la seconde novella fait partie de la première sélection du Grand Prix de l’Imaginaire 2025. Félicitations, Jordi !
PdE : C’est l’occasion de partager peut-être un scoop ou une évolution pour Cordes de Lune dans les temps à venir ? Est-ce qu’il y a des projets dans les cartons ?
C.G. : Nous avons lancé une campagne Ulule pour notre seconde version collector en février dernier, et c’est un succès ! Nous en sommes ravis ! Les versions collectors sont limitées et surtout uniques : avec une nouvelle couverture et des bonus introuvables dans nos versions à la demande. Et imprimées chez un professionnel spécialisé et méticuleux. Chaque campagne est portée par un ou une illustrateur.rice, qui propose des illustrations exclusives pour l’ouvrage en question, et en couleurs ! Car j’adore travailler avec des artistes ; les mettre en avant, tout comme les auteurs, m’importe énormément.
Plusieurs autres campagnes ne vont pas tarder à s’ouvrir pour proposer encore de merveilleux travaux artistiques. Ne les loupez surtout pas !
Un gros projet dans les cartons, personne n’est au courant : une peintre a décidé de nous accompagner pour plusieurs livres ! Elle peint des tableaux sur de grandes toiles, oui, oui, puis les photographie pour qu’on place ces images dans nos livres, c’est juste dingue ! Elle vendra ces tableaux ensuite lors de galeries d’art ou à sa communauté. Et j’ai l’opportunité d’écrire l’un des projets qu’elle peint. J’hésite à l’écrire en prose ou en vers d’ailleurs, ce sera un livre court, mais intense, très travaillé au niveau de la plume.