Résurgences est le second roman d’Emmanuelle Maia, qui a déjà publié chez le même éditeur La croix du néant.
Julia Cordier est une enfant singulière : des intuitions inexplicables lui permettent parfois de deviner les pensées de son entourage, et de percevoir à distance les souffrances des victimes des attentats du 11 septembre. Sa mère s’interroge : sa fille est-elle une « enfant indigo », un de ces êtres exceptionnels dont la rumeur dit qu’ils sont envoyés, en ce début du 21ème siècle, pour sauver l’humanité ? Mais les pouvoirs de l’enfant rentrent en sommeil au fur et à mesure qu’elle grandit, et ne se réveillent que des années après, le jour où un inconnu agresse Julia devenue adolescente. Julia devine alors qu’une entité démoniaque la guette, et qu’un cataclysme imminent et sans précédent va s’abattre sur les hommes démunis…
Comme Stephen King, auquel on la compare en quatrième de couverture, Emmanuelle Maia a un sens de la description que pourrait lui envier un écrivain réaliste chevronné : elle sait décrire le quotidien de ses personnages durant des dizaines de pages sans ennuyer. Comme l’écrivain américain, elle aime aussi opposer le bien et le mal de manière tranchée, presque manichéenne, mais de manière séduisante.
Il semble néanmoins que son roman, correctement construit par ailleurs, pêche sur deux points : la créature démoniaque qui s’oppose à Julia est plus pitoyable que terrifiante, et cela diminue sensiblement la crédibilité du personnage : Hitchcock disait, à juste raison, que « plus le méchant est réussi, plus l’histoire a des chances de l’être ». Par ailleurs, les intuitions de Julia surgissent souvent à pic pour la tirer d’affaire, et ces « deus ex machina » nuisent à la tension dramatique de l’histoire. On peut enfin reprocher à l’auteur d’avoir choisi la catastrophe la moins probable parmi toutes celles qui nous pendent au nez ; il est vrai que cela lui permet des peintures spectaculaires et terrifiantes très réussies.
Soulignons, pour conclure, les qualités de style de l’auteur. À l’heure où nombre d’écrivains débutants pratiquent une écriture pauvre et prétendument efficace, Emmanuelle Maia possède des atouts non négligeables : son sens du dialogue, de la description, et de l’image, qui contribuent pour beaucoup à l’attrait de ce second roman. Gageons qu’elle fera parler d’elle.
Chronique de Eric ‘1283’ Modena
Éditeur | Nuit d’Avril |
Auteur | Emmanuelle Maia |
Pages | 298 |
Prix | 18,50€ |
Nous en pensons ...
Notre avis
3.9
Emmanuelle Maia a un sens de la description que pourrait lui envier un écrivain réaliste chevronné.