Chickentown, bled perdu des Etats-Unis, dont la seule industrie et « attraction » est l’élevage des poulets en batteries. C’est là que vit Candy Quackenbush. Adolescente désabusée, coincée entre ses parents, un père au chômage et une mère sans illusion, et le lycée où elle est le vilain petit canard.
Sans amis, elle ne semble pas avoir d’avenir ; Jusqu’à ce jour où, bravant la tyrannique miss Schwartz, elle quitte la classe, puis la ville, guidée par son instinct. Une tour en ruine en plein milieu des champs, la rencontre avec un étrange personnage ou plutôt huit, John Canaille et ses frères, poursuivis par un tueur monstrueux vont lui ouvrir les portes d’un monde étrange.
Sans hésiter, sans un regard en arrière, elle va se jeter dans l’aventure et découvrir l’Abarat le monde aux vingt-cinq îles, chacune associée à une heure de la journée. En possession bien malgré elle d’une clef, elle attire rapidement l’attention et la convoitise des êtres les moins recommandables de l’Abarat. Et celle en particulier du maître de Gorgossium, l’île de minuit, qui se dispute la suprématie de l’Abarat avec un pseudo homme d’affaire peu scrupuleux, propriétaire de l’île de Pyon.
Parallèlement une autre histoire se dessine ; un groupe d’aventurier recrute John Canaille pour partir à la recherche de l’un des leurs mystérieusement disparus.
Mais, bien que venant de l’Outremonde, Candy est-elle si étrangère en ces lieux ? Et que cache cette île Supplémentaire au cadran, la mystérieuse vingt-cinquième heure ?
Candy tout au long de ce premier tome, va aller d’aventures en aventures, rencontrer des personnages stupéfiants, visiter des lieux insolites et peut-être y trouver des amis, mais ce qui est certain, surtout des ennemis.
Clive Barker qu’on ne présente plus (Le livre de sang, cabale, Hellraiser) livre ici un texte onirique, rappelant « Alice au pays des merveilles » ou le « magicien d’Oz », mais conservant son attrait pour le monstrueux et l’angoissant. On y retrouve des thèmes qui lui sont chers, personnage physiquement monstrueux mais protecteur et bienfaisant, monde parallèle auquel on accède de façon étonnante, pandémonium délirant, mélange de science et de magie, de tradition et de modernisme.
L’auteur se sert des ficelles de l’héroic-fantasy, tout en bouleversant les codes. L’intrigue est déroulée d’une manière fluide, sans temps mort et captive le lecteur. De plus l’ouvrage est illustré par les dessins de l’auteur, ce qui permet de mieux appréhender son imaginaire. Petit défaut peut-être dû à l’édition, les illustrations ne correspondent pas toujours au texte attenant, ce qui est dommage surtout vers la fin dans l’appendice. Car il y a un appendice « l’almanach de Klepp » qui commence une description de l’Abarat. Espérons qu’il sera poursuivi dans la suite des aventures de Candy Quackenbush.
Dommage aussi que le dessin principal, le triptyque représentant l’Abarat ne soit pas suffisamment mis en valeur. On pourrait penser que cet ouvrage n’est destiné qu’à un public adolescent, mais il peut séduire tous les lecteurs pour peu qu’ils se laissent prendre à l’atmosphère envoûtante de l’univers de Barker. D’ailleurs il aurait déjà séduit les entreprises Disney qui envisageraient un long-métrage, voir une série télévisée, un jeu vidéo et des attractions inspirées de l’histoire.
Espérons, si ces projets aboutissent, qu’ils ne trahiront pas l’auteur et son univers. Univers, qui, il faut le reconnaître se prêterait très bien à ce genre d’œuvres dérivées.
Chronique de Jean-paul Moro
Editeur | Le livre de poche |
Auteur | Clive Barker |
Pages | 472 |
Prix | 8€ |
Nous en pensons ...
Notre avis
4.0
On pourrait penser que cet ouvrage n’est destiné qu’à un public adolescent, mais il peut séduire tous les lecteurs pour peu qu’ils se laissent prendre à l’atmosphère envoûtante de l’univers de Barker.