Loin des mondes de la Charte, sur la planète Ninhs, les humains et la population autochtone ont bien du mal à cohabiter alors que le climat se dégrade, toujours plus humide et plus froid. Une situation qu’Aleshka Rork vit de loin, puisqu’elle est emprisonnée pour ses théories hérétiques sur les origines de ce monde. Bien loin de là, le détective Gabriel Burke a retrouvé Nertonne, sa planète natale, et il accepte d’enquêter sur la mystérieuse épidémie du grand sommeil qui frappe les mondes de la Charte, ainsi que sur les Grands Modifiés qui dissimulent tant de secrets.
La lecture d’un roman ressemble parfois à une course à la voile en solitaire. Au calme plat de certains chapitres succèdent les coups de vent violents des pages suivantes. Ainsi, le navigateur qui entame la traversée de L’Empire du sommeil se heurte, dès le départ, à deux écueils qu’il lui faut éviter au plus vite afin d’apprécier au mieux le voyage proposé par Sylvie Denis.
Le premier de ces obstacles consiste dans le fait que L’Empire du sommeil est la suite directe de La Saison des singes, un roman publié il y a déjà plus de cinq ans. Ce qui constitue une véritable éternité dans un monde où les moyens modernes de communication rendent tout plus rapide et instantané. La lecture ou la relecture de ce premier livre ne peut être que bénéfique afin de s’approprier sans peine ou bien se réapproprier l’univers complexe imaginé par la romancière.
Le second récif qu’il faut éviter provient de la technique narrative choisie par Sylvie Denis. En effet, elle utilise les multiples voix de personnages dispersés sur plusieurs des mondes de la Charte et au-delà pour faire progresser, en parallèle, les diverses intrigues de son récit. De simplement bénéfique, la lecture ou la relecture du premier volume de ce diptyque devient donc pratiquement indispensable et la réédition par L’Atalante de La Saison des singes se révèle tout à fait bienvenue.
Une fois passés ces deux obstacles, la lecture de L’Empire du sommeil se transforme en une véritable croisière de plaisance qui permet d’apprécier au mieux les quêtes menées par Aleshka Rork et par Gabriel Burke, mais aussi les aventures distillées en parallèle d’Irina Mincor en orbite autour de Ninhs, de Thomas Bellon sur Iquamonté, de Pierre Malavel sur Ninhs, de Dominik Mincor sur Aquariums, et d’autres encore.
Comme à son habitude, dans ses nombreuses nouvelles et dans ses trop rares romans, Sylvie Denis donne matière à réflexion sur l’être humain, sur l’utilisation qu’il fait de la science et sur les avenirs possibles qui en découlent. Cela fait de La Saison des singes et de L’Empire du sommeil deux incontournables de la littérature de science-fiction française.
Chronique de Philippe Paygnard
Nous en pensons ...
Notre avis
4.5
Comme à son habitude, dans ses nombreuses nouvelles et dans ses trop rares romans, Sylvie Denis donne matière à réflexion sur l’être humain, sur l’utilisation qu’il fait de la science et sur les avenirs possibles qui en découlent. Cela fait de La Saison des singes et de L’Empire du sommeil deux incontournables de la littérature de science-fiction française.