Rencontre avec Éric Marcelin & Florence Bury – Les éditions Critic

 

Présences d’Esprits : Quelle est selon vous la place des Éditions Critic dans le paysage de la SF française ? 

Éric Marcelin : Critic fait partie des maisons d’imaginaire connues et reconnues dans le paysage de la SF française, au même titre que Mnémos, Les Moutons électriques, Actu SF, etc. Nous fêtons nos quinze ans d’existence avec cent-vingt-trois titres au catalogue. Nous sommes implantés dans le milieu de l’imaginaire sans être une grosse maison d’édition, mais qui, je pense, commence à devenir incontournable. Logo des éditions Critic

Notre positionnement consiste à mettre en avant des auteurs français dont beaucoup n’ont jamais publié, ou alors chez Rivière Blanche, qui s’auto-distribue. Nous soutenons la littérature française en général et donnons leur chance à de jeunes auteurs même si, au bout de 15 ans, cela commence à devenir compliqué, car lancer des auteurs implique aussi de les suivre. On sort 8 à 10 titres par an. À partir d’un moment, certains auteurs maison n’ont plus de production ou proposent quelque chose qui ne ressemble pas à Critic et vont publier ailleurs, donc ça laisse de la place, mais il faut leur permettre de continuer à exister au sein du catalogue Critic. Faire entrer de jeunes auteurs devient plus compliqué, mais on essaie d’en faire entrer deux par an. Et ensuite, si les auteurs sortent un titre tous les deux, trois ans, on va réussir à alterner entre tout le monde. À terme, la question pourrait se poser d’augmenter la production. 

Cela signifie en tout cas que, quand on donne sa chance à un nouvel auteur, c’est vraiment qu’on a eu un gros coup de cœur pour le bouquin. Et là, on en a quelques-uns sous le coude, c’est pourquoi le service manuscrits est fermé depuis un petit moment. 

 

PdE : Il sera prochainement réouvert ? 

É. M. : Peut-être l’année prochaine, mais nous venons de nous restructurer. Florence est désormais directrice générale des éditions, devenues une nouvelle société à part entière. Déjà, nous nous restructurons et changeons la diffusion-distribution, et ensuite nous réfléchirons aux salons, aux auteurs, comment en intégrer de nouveaux, si nous rouvrons le service manuscrits ou pas. Avant, cinq manuscrits par jour arrivaient dans la boîte mail. C’est vraiment une somme de travail phénoménale pour pouvoir trier. Et alors que le service manuscrit est fermé, nous continuons d’en recevoir. Cela devient gênant par rapport aux auteurs, parce qu’on est incapables de traiter un tel flux et cela signifie laisser les gens sans réponse, ce n’est pas correct. Nous avons donc préféré fermer le service manuscrits plutôt que de poursuivre comme ça. 

 

PdE : Beaucoup de maisons d’édition aujourd’hui ouvrent une période, un créneau au moins par an… 

C’est sans doute ce qu’on sera amenés à faire. 

 

PdE : Si vous deviez résumer votre ligne éditoriale en une phrase ? 

Florence Bury : « Des romans que vous ne lâcherez pas ! ». Critic propose du divertissement avec de l’action, mais aussi de la réflexion. On n’est pas uniquement dans le cérébral, cela reste de la littérature d’imaginaire et d’évasion. C’est une grande aventure, un Critic, qui aborde des questions sur ce qui nous entoure, notre société, comme la science-fiction sait le faire, autrement, mais toujours avec cette envie d’amener vers l’aventure et l’évasion. 

 

PdE : Une présentation des collections spécifiques ? 

B. : Le nom des collections est très créatif [rires]. Il y a la collection « Science-fiction », où on publie de la science-fiction ; la collection « Fantasy », où on publie de la fantasy ; la collection « Thriller » où on publie du policier ; la collection « Hors collection », où on publie tout ce qui n’est pas science-fiction, fantasy et thriller. Et puis vient la collection « Déclic », au nom moins explicite, mais qui exprime le projet qui la sous-tend. Un roman de cette collection veut amener les lecteurs qui ne connaissent pas la SF à l’aimer, c’est ce qui leur donne le déclic.

La collection Déclic cible de jeunes lecteurs

PdE : Une collection « Premier pas » en quelque sorte ? On trouve de la jeunesse et du Young Adult dans « Déclic »… 

B. : C’est du 12-15 ans, adressé en priorité à des jeunes à qui la lecture fait peur. C’est écrit plus gros, avec un interligne plus grand, et cela reprend les codes du genre ; on met aussi quelques illustrations. Malgré tout, la force des textes peut plaire à de plus gros lecteurs. Après, cela reste des textes courts, rapides, mais qui posent des questions sur notre société, l’écologie, le sociétal et le genre. C’est un bonbon pour les gros lecteurs et quelque chose qui amène à la lecture aujourd’hui, qui peut donner le déclic.

 

PdE : Les auteurs se positionnent d’eux-mêmes ? 

B. ? : Oui, complètement.

 

PdE : Qu’est-ce qui vous a amené à exercer dans ce domaine ? 

É. M. : La lecture de livres de science-fiction dès mon plus jeune âge par l’intermédiaire de mon père qui en lisait pas mal. J’ai eu accès à sa bibliothèque. Je n’étais pas lecteur et puis, un été, j’ai dévoré du Fleuve Noir « Anticipation », une soixantaine de livres sur le mois. C’est court, les Fleuve Noir. J’ai passé mes journées à lire. Je n’avais pas dans l’idée de vivre de ça, de travailler là-dedans, mais c’est sans doute venu naturellement derrière. 

B. : Je suis tombée dans Jules Verne quand j’avais 10 ans et j’ai adoré. J’ai demandé une machine à écrire, parce que je voulais devenir autrice, mais disons que je n’ai pas été encouragée dans ce sens [rires]. Et puis, c’est vrai que je ne voyais pas non plus comment en faire mon métier. J’ai continué à lire énormément de SF, en commençant par tout ce qu’il y avait à la bibliothèque municipale. Et puis, j’ai suivi des études d’anglais et j’adorais toujours lire. J’étais forte en traduction, cela venait tout seul. Je me suis retrouvée prof d’anglais et traductrice. J’ai commencé les deux carrières en même temps.

Quand Éric a lancé la maison d’édition, il m’a demandé de faire des corrections sur les bouquins. Et après les corrections, j’ai dirigé des romans. Cela fait treize ans que je dirige des auteurs pour Critic. Et puis, prof, traductrice, directrice d’ouvrages, cela commençait à faire beaucoup. Je dormais peu, j’avais peu de vacances, il fallait choisir. J’ai dit au revoir à mes élèves. Et voilà, je continue à traduire pour L’Atalante énormément, pour Albin Michel, pour Léha, pour Milan aussi. Le livre a toujours été un objet de fascination pour moi. 

Eric Marcellin et Florence Bury

PdE : Et traductrice, c’est un peu être autrice… 

B. : Le traducteur a effectivement un statut d’artiste-auteur. On l’oublie souvent. Et tenir en main le premier bouquin avec son nom derrière, c’est génial !

 

PdE : Vous avez commencé à vous restructurer. Combien de personnes sont salariées ? 

É. M. : Depuis début octobre 2024, nous sommes huit associés dans la nouvelle société. Avec les deux participants principaux, Florence et moi-même, qui sont proactifs. C’est une nouvelle société qui a été créée, puisqu’avant, c’était au sein de la librairie Critic. Maintenant, on distingue la société Critic et la société Critic-éditions. Nous changeons de diffusion-distribution et allons continuer de développer la structure pour les quinze ans à venir et plus. 

 

PdE : C’est le premier bouleversement important depuis quinze ans… 

É. M. : Oui. Ma volonté était de pouvoir me séparer à terme de la librairie et donc de sortir l’édition de la structure. Et puis je n’étais plus satisfait du diffuseur distributeur Harmonia Mundi depuis un petit moment. Il fallait des finances pour quitter cette entité-là sans se mettre en péril. On arrivait en fin de contrat avec Harmonia Mundi. Et je me suis dit : pourquoi ne pas faire entrer une nouvelle personne et aussi pour continuer l’aventure de manière plus sereine ? 

 

PdE : Vous avez un comité de lecture ? Comment ça se passe ? 

É. M. : Nous faisons appel à trois personnes de temps en temps pour lire des textes sur lesquels on a un avis, avec l’envie d’une confirmation ou non de ce qu’on en a pensé. On fait aussi lire des manuscrits qu’on n’a pas eu le temps de parcourir, pour savoir si ça vaut le coup d’approfondir. 

 

PdE : Le processus de re-travail avec les auteurs est important ? 

B. : Oui, surtout auprès des jeunes auteurs. J’en dirige quelques-uns et on a d’autres directrices d’ouvrage et un directeur. En fonction des besoins du texte, cela peut nécessiter un gros travail structurel, ça peut être le style, ça peut être la psychologie des personnages, ça peut être le rythme, parce qu’effectivement, on veut qu’il y ait de l’action et qu’il y ait quelque chose qui tienne le lecteur en haleine.

Nous demandons souvent aux auteurs, avant même de travailler avec nous, de reprendre leur texte selon certains axes. Et après seulement, on va aller vraiment creuser dans le texte, ça veut dire souvent quelques mois de travail.

Vent Rouge d’Emmanuel Quentin est une nouveauté 2025

Il y a un vrai travail d’accompagnement, d’amélioration du texte, toujours avec l’aval de l’auteur, dans le respect de l’esprit. Certains nous ont dit non sur des points d’amélioration que nous avions soulevés et ont remarqué par la suite que, là où on avait mis le doigt, ça ressortait dans les critiques après parution. Et ils disent alors : « la prochaine fois, je t’écouterai ». Avec certains auteurs, pour le premier bouquin, il va falloir se battre un petit peu sur certains points et pour les suivants, cela sera plus facile, parce qu’ils auront compris qu’on savait de quoi on parlait. 

 

PdE : C’est une relation de confiance 

É. M. : Tout à fait. Il faut parfois la créer, d’autres fois celle-ci vient instantanément. Ce qui est difficile avec notre ligne, c’est chercher de nouveaux auteurs, parce que, commercialement parlant, un premier roman est rarement fabuleux. Certains le sont, mais toujours avec des défauts. Un premier titre peut être pointé du doigt par les libraires, ou les médias, jugé comme peu abouti, sans chercher la perle brute derrière. Par exemple, pour Arca de Romain Benassaya on devinait la perle brute qui couvait derrière. Arca, on en parle moins aujourd’hui que ses autres titres, mais c’était déjà vachement chouette. Par la suite, Romain a progressé très vite, mais si on n’avait pas sorti celui-là, les autres n’existeraient pas. Un premier titre chroniqué comme étant bancal peut freiner la progression de certains auteurs ou être tout de suite rédhibitoire. Même avec un travail éditorial, il faut l’amener par paliers et à un moment il faut bien décider que c’est suffisant pour être publié, parce que sinon, on passe trois ans avec l’auteur à tout reprendre de A à Z. 

Il faut en même temps encourager l’auteur et essayer de porter ce premier titre le plus haut possible, même s’il a des défauts. Pousser les auteurs là où ils sont déjà forts et compenser là où ils sont plus faibles. 

 

PdE : Il y a aussi la vision du lecteur, toujours subjective… 

É. M. : Dans cette société de réseaux sociaux, tout le monde a un avis et trouve important d’en faire part. À quoi ça sert de détruire un bouquin quand tu n’as même pas cherché à voir si tu as pris du plaisir ? Ce qui compte c’est le plaisir de lecture, avant tout. Combien de livres exceptionnels as-tu lu dans ta vie ? De plus en plus, on trouve des retours où les gens n’arrêtent pas de critiquer et disent en même temps « quand même, c’était bien, j’ai aimé ». 

 

PdE : Une anecdote à nous raconter ? 

B. : Concernant les soumissions de manuscrits, nous avons une ligne éditoriale on ne peut plus claire : on fait de la science-fiction. Or nous recevons de tout : de la poésie, des essais, du porno, des choses sans queue ni tête. Parfois on se les partage, on se dit, « tiens, regarde, j’ai trouvé une pépite ».

On peut recevoir des lettres d’introduction très verbeuses, et quand tu commences à lire le livre, tu te dis, « la vache, il y a du boulot ». Beaucoup de gens envoient leur manuscrit sans se poser la question d’à qui ils l’envoient. Il suffit de lire trois lignes et on sait que ce n’est pas pour nous. Cela pourrit la sélection des manuscrits, parce que si on n’avait pas un tel volume d’envois inadaptés, la réception des manuscrits serait restée plus longtemps ouverte. 

 

PdE : Certaines maisons demandent un courrier d’accompagnement ou un résumé… 

É. M. : Nous le demandons aussi. Mais le problème est le temps. Même si ce n’est que cinq minutes, il faut lire la lettre d’introduction, lire le courrier d’accompagnement et le synopsis. Tu as passé cinq minutes, tu as passé dix minutes. Avec cinq livres par jour, tu as passé une heure. Le temps est compté dans cette profession et tu ne l’as pas forcément, en tout cas, c’est une heure que tu n’as pas passée avec tes auteurs maison. Nous recevions énormément de choses qui ne collaient pas à la ligne éditoriale, même pas de l’imaginaire, quoi.

Sinon j’ai une vieille anecdote, quand j’ai lancé la maison d’édition. Je voulais juste faire ça comme un violon d’Ingres, un à deux livres par an, voire zéro s’il n’y avait rien. Et puis, deux ans après le lancement de la maison d’édition, je suis au festival Quai des Bulles, où je tiens le stand pour la librairie. Je reçois un coup de fil de la librairie la Griffe noire. 

— Écoutez, le chroniqueur littéraire Gérard Collard va parler de votre livre à la télé. Est-ce que vous êtes prêt ? 

— Oui, je suis prêt. Super qu’il en parle ! 

— Mais est-ce que vous êtes vraiment êtes sûr d’être prêt ? Parce que potentiellement mille-cinq-cents exemplaires vont partir dans la foulée. 

— Bah, on en a imprimé 1 500, super. 

— Parfait. 

Gérard Collard en parle et le soir même, le serveur du site des éditions saute suite au trop grand nombre connexions. Je décroche le téléphone le lendemain matin à dix heures et ne le décolle pas de mon oreille avant vingt heures le soir. Amazon m’appelle en me disant vouloir le livre sous condition de 50% de marge. Je réponds « au revoir, merci ». Cinq minutes après, ils rappellent. 

— Vous n’avez pas compris, vous ne savez peut-être pas qui nous sommes ? 

— Je sais qui vous êtes, je suis libraire, je vous déteste. 

— Attendez, ne le prenez pas comme ça. 

— Non, je ne le prends pas comme ça, mais déjà 50% c’est non, donc au revoir. 

Et puis on est arrivé à un accord raisonnable, mais absolument pas les 50% qu’ils voulaient. On était numéro un des ventes sur leur site, il fallait qu’ils nous vendent. Nous étions en position de force. 

 

PdE : En moyenne, c’est combien de tirages ? 

É. M ? : Entre 1500 ans et 2500 selon ce qu’on s’attend à vendre, avec des réimpressions si nécessaire. Aujourd’hui, le marché est compliqué, car les mises en place baissent et du coup les tirages moyens aussi. Le stockage coûte de plus en plus cher et il est préférable d’imprimer moins et de réimprimer si besoin. Dans nos locaux, nous n’avons pas un espace de stockage infini non plus, on se limite au stock nécessaire pour la librairie et pour les salons. Ce stockage n’a pas pour but de réalimenter notre diffuseur. 

 

PdE : Les durées de vie varient beaucoup d’un titre à l’autre ? 

É. M. : Certains titres marchent bien en fond et continuent à se vendre pendant des années. Mais comme partout, la durée de vie de la nouveauté est très courte. Une fois que le livre est sorti, au bout de trois mois, il faut se battre pour le faire vivre. Certains titres, comme récemment Miska d’Eva Martin, vivent leur vie tout seuls au fil du temps.

Miska a remporté le Prix Etrange Grande du premier roman

On fait la même chose pour tous les livres, mais par exemple, Le Pacte de sang de Clément Lebouhélier, n’a pas eu de relais derrière. On a fait le même travail, on l’a fourni aux libraires, à des médias, on a fait nos communications sur les réseaux sociaux. Cela n’a pas pris. On l’a fait avec Miska et ça a pris. Après, peut-être qu’elle avait une voix différente, quelque chose de différent. En fait, il y a une alchimie. Des fois, on ne comprend pas. Tous les éditeurs cherchent la recette, et personne ne l’a encore trouvée. À part peut-être, de temps en temps, certains éditeurs pendant une certaine durée. Comme Bragelonne à une époque, comme De Saxus aujourd’hui, qui applique une recette et elle a l’air de marcher. Mais nous, éditeurs, nous cherchons tous à ce que nos livres marchent de la même façon, seulement ce n’est pas le cas. La durée de vie d’un titre en général est de trois à six mois. Comptablement parlant, souvent on dit un an. Au bout d’un an, on applique des dépréciations de stock, parce qu’on sait qu’ensuite la rotation du livre est faible. À de rares exceptions, le livre continue après. Quelquefois, un Prix relance la machine. Un nouveau livre de l’auteur peut aussi relancer ses anciens livres, parce qu’il n’avait pas été remarqué et puis d’un coup, les lecteurs décident de découvrir ses autres titres. Certains auteurs passent très bien en salon, et on voit également des synergies avec les parutions en poche, lorsqu’on arrive à faire coïncider une sortie en poche avec un nouveau titre en grand-format. 

 

PdE : Les séries ont aussi un impact ? 

É. M. : Nous n’avons pas une bonne expérience des séries. Plus personne n’a trop envie de faire de séries, parce que le marché est devenu difficile, concurrentiel et en baisse. Une série s’effrite dans le temps. À moins d’en vendre dix mille exemplaires du premier, l’attrition est colossale sur les volumes suivants. C’est-à-dire que le deuxième représente moitié moins de ventes. Le troisième en perd encore. Puis, à partir du troisième, on sait le lectorat qui nous reste. Mais parfois les lecteurs ne se rendent même pas compte que les tomes suivants sont sortis. Ils auraient envie d’avoir la suite, mais la visibilité est plus forte sur un premier de série que sur les suites. 

 

PdE : Après, certaines maisons d’édition réduisent les durées entre les suites… 

B. : C’est ce qu’on a tenté avec « Second Œkumène ». L’auteur [John Crossford, pseudonyme de Bertrand Passégué, NdlR] a mis les bouchées doubles pour que ça sorte en un an et demi. On a fait cinq tomes en dix-huit mois, justement pour qu’il n’y ait pas cette attrition. On a fait un boulot de malades pour que le tome 1 se vende le plus possible et malgré cela, derrière, il y a une attrition de dingue.

La série Oekumène se décline en 5 tomes

PdE : On a également des séries qui ne le sont pas, par exemple l’univers de Benassaya… 

B. : Oui, cela permet que chaque livre soit une porte d’entrée, et de développer l’univers. Pas besoin de les lire dans l’ordre, comme avec Emmanuel Chastelière.

 

PdE : Au niveau de la production, tout est internalisé ? 

B. : Tout ce qui est illustration est confié à des intervenants extérieurs et ensuite, tout est en interne. Maquette, mise en page, corrections.

 

PdE : Vous êtes présents sur de nombreux salons ? 

É. M. : Pour l’instant, on ne faisait pas beaucoup de salons en présentiel avec un stand. On participait à celui de Paris à une époque. C’était le rendez-vous pour nous avec le public et au niveau professionnel. Ils ont changé leurs conditions et cela devenait inaccessible pour les petits et moyens éditeurs. L’année dernière, nous avons été présents pour la première fois aux Imaginales en tant qu’exposant. Nous y allions auparavant, mais sans stand. Avec notre nouvelle structure, l’un des buts est de développer les salons pour l’image de marque, la présence, la visibilité et les rencontres que l’on peut y faire. Pour un auteur qui va sur un salon, tu ne sais pas la rencontre qu’il va faire et qui va peut-être tout changer, le journaliste qui va venir te rencontrer. C’est comme jouer au loto. Si tu n’y es pas, ça ne peut pas être provoqué. 

Par exemple, l’aventure actuelle avec les Humanoïdes Associés fait suite à notre présence au Salon du Livre de Paris. Ils sont venus nous voir sur le stand. Ils étaient en relation avec Laurent Genefort déjà, mais cela leur a permis de nous voir et de discuter, lire notre catalogue sur place et prendre les livres en main. Sans cette rencontre, peut-être que ça n’arrivait pas. 

 

PdE : Avez-vous envie de parler d’une exclusivité, de quelque chose qui vous tient à cœur ? 

É. M. : Romain Benassaya va sortir deux titres en Jeunesse situés dans l’univers de Pyramides. Romain nous avait raconté une histoire, et un éditeur, ça demande des subventions. Nous avons un programme éditorial établi en amont et à partir duquel sont faites des demandes de subventions. Une fois les subventions obtenues, nous sommes censés sortir les livres. Et pour Romain Benassaya, il y avait son livre jeunesse La Nébuleuse captive de prévu, mais on n’avait pas ce nom-là au départ. Quand on lui demande où il en est, il nous envoie un texte dont le titre est différent du titre de travail. On commence à lire et on réalise que ce n’est pas du tout l’histoire qu’il nous a racontée et pour laquelle on a obtenu des aides.

— Romain, c’est quoi ce roman ? 

— Ah oui, en fait, l’autre, je l’ai continué, mais j’avais plus d’idées pour celui-là. Du coup, je me suis plutôt attelé à celui-là d’abord. Et voilà, j’ai bien avancé. 

— En fait, Romain, il a l’air super celui-là, mais on va d’abord sortir l’autre. Donc si tu peux te remettre à l’autre d’abord… 

— Ah, ben d’accord, pas de souci. Je me remets à l’autre. 

Ce premier titre marche en jeunesse, mais il marche très bien en adulte aussi, parce qu’il s’insère totalement dans l’univers de Pyramides. Pour un adulte qui veut partager avec un jeune de son entourage, c’est parfait, tout le monde y trouve son compte. Cela peut être effectivement le déclic pour un jeune et l’inciter à aller voir les romans adultes de Romain et pourquoi pas le reste du catalogue. 

Beaucoup de nos titres pourraient être adaptés à la jeunesse. Les Romain Benassaya peuvent se lire pour la jeunesse. On a ressorti Gurvan de P. J. Hérault en jeunesse pour la même raison. Ce sont des étiquettes qu’on met pour essayer de toucher d’autres publics et amener des lecteurs vers ces univers. 

 

PdE : Les livres jeunesse comportent moins de signes, ils sont plus courts ? 

É. M ? : C’est ça, sauf que Romain a écrit un truc un peu plus gros quand même, parce que c’est Romain [rires]. Ce n’était pas grave, parce que justement si on veut que le lecteur adulte ait envie aussi de l’acheter, il faut de la densité. Et puis là, sincèrement, c’est du Romain Benassaya, on commence à lire et on est absorbé ; il peut rajouter des pages, ce n’est pas douloureux. 

 

PdE : Auparavant, un jeune lecteur pouvait basculer directement de la bibliothèque verte à des livres exigeants comme Asimov. Ce ne serait plus possible aujourd’hui ? 

É. M. : Je pense qu’un lecteur de SF est quelqu’un qui est ouvert à des choses complexes. Une fois le virus chopé, on est prêt à franchir le pas. Dans notre société, aujourd’hui, il y a tellement de choses vers lesquelles aller. Faire des jeux vidéo, aller sur internet, toutes les séries en streaming à regarder, il y a tellement de supports de loisirs que la question est de savoir comment faire qu’un jeune se dise : « Je vais passer du temps à lire ». 

Nous proposons donc des choses qui sont peut-être un peu attrayantes, mais ce n’est pas pour ça qu’on décomplexifie l’histoire pour la rendre simple et bête. Un jeune est intelligent, quelque soit son âge, il est capable de comprendre des choses complexes. C’est juste que sur l’objet livre, il faut essayer de lui trouver une porte d’entrée. 

Les éditions Critic sont situées à Rennes Les Editions Critic

Critic aime créer des teaser pour le lancement de nouveaux titres

About Xavier FLEURY

Matelot du fanzine Présences d'Esprits, chargé des demandes de Services Presse pour les nombreux chroniqueurs de la cabine Livres.

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