Ça se tient au magnifique musée d’Orsay, ça coûte de 12€ à rien du tout en passant par 9€, collections permanentes comprises, franchement il y a pire comme conditions ! D’accord, vous avez jusqu’au 17 juillet, mais on a vite fait de louper le coche !
Le Douanier Rousseau, c’est un peintre à cheval entre le 19ème et le 20ème siècle. Archaïque, comme le dit le sous-titre de l’exposition, par sa naïveté qui renvoie à l’art populaire des ex-votos, et même à la peinture du Moyen-Âge, et en même temps si résolument moderne qu’il a suscité l’admiration d’Apollinaire, grand connaisseur en la matière, et fait des émules parmi lesquels, excusez du peu, Picasso ou Max Ernst.
Il est aussi entre deux mondes : celui, très humble, du quotidien et de la banalité (jardins, ponts, maisons de banlieue, joueurs de foot en pyjashort rayé — Je ne vous dis pas la dégaine ! —) mais transfiguré par la naïveté même du trait, et celui au contraire de l’inquiétante étrangeté, figures énigmatiques ou chimériques, monstres tapis dans les feuillages, fauves au regard hypnotiques, soleils rouges éclairant des jungles fantastiques aux feuillages charnus, magie, cruauté, onirisme.
Sans doute est-ce là ce qui frappe et plaît le plus. Mais à y regarder de près, de simples bambins jouant avec un pantin peuvent paraître finalement aussi décalés du réel que la fameuse Charmeuse de Serpents !