J’ai déjà plusieurs fois indiqué, dans le magazine PdE, combien il était malheureux que Francis Stevens, de son vrai nom Gertrude Barrows Bennett, ne soit pas traduite en français. Seules quelques nouvelles ont franchi l’Atlantique : L’Île amie, parue dans l’anthologie Les meilleurs récits de Famous Fantastic Mysteries, L’Horreur invisible dans le n°12 de la revue Antarès et Le piège elfique dans le n°2 de la revue Wendigo.
Elle fut, en effet, la première grande femme écrivain de fantasy et de science-fiction aux États-Unis. C’est dire à quel point j’attendais la traduction de Claimed, l’un de ses romans majeurs datant de 1920. C’est chose faite grâce aux éditions Marie Barbier que je tiens à remercier. Le traducteur n’est autre que le talentueux Michel Pagel et il a parfaitement su rendre le talent exceptionnel de Francis Stevens.
Avec des mots simples et sans exagération, avec des personnages crédibles, l’auteure fait vivre un récit original, nouveau pour l’époque. Il s’agit d’un roman de dark-fantasy narrant la bataille entre un riche collectionneur et un dieu oublié pour la propriété d’un coffret, trouvé sur une île soudain émergée au large des Açores.
L’histoire est racontée par un jeune médecin, John Vanaman, que le collectionneur a appelé à son secours. Et tout rationaliste qu’il soit, John devra admettre les conséquences calamiteuses de l’intervention divine. Il devra surtout participer sinon à la lutte pour la possession du coffret, du moins à la protection de la jolie nièce du collectionneur, qui est loin d’être la demoiselle en détresse et la belle idiote des romans usuels.
Il ne s’agit pas véritablement d’horreur, l’ambiance du roman n’est pas la peur. Il s’agit plutôt de la rencontre avec l’inexplicable et de la lutte contre cet inexplicable, un thème cher à Lovecraft. Pourtant, ce roman est paru avant les œuvres de Lovecraft, lequel aurait d’ailleurs exprimé son admiration pour Francis Stevens.
Le héros, rationaliste qui essaye de rejeter toute intervention surnaturelle, est très lovecraftien. La belle couverture, de Bilal, ajoute encore à l’intérêt du livre. La parution de La Citadelle de la Peur, le second roman majeur de Francis Stevens, est annoncée pour 2020.
Chronique de Georges ‘722’ Bormand
Nous en pensons
Notre avis
4.0
Avec des mots simples et sans exagération, avec des personnages crédibles, l’auteure fait vivre un récit original, nouveau pour l’époque. Il ne s’agit pas véritablement d’horreur, l’ambiance du roman n’est pas la peur. Il s’agit plutôt de la rencontre avec l’inexplicable et de la lutte contre cet inexplicable, un thème cher à Lovecraft. La belle couverture, de Bilal, ajoute encore à l’intérêt du livre.