Dans la lignée des séries adaptées pour le cinéma, Phobos rejoint Hunger Games, Le Labyrinthe, et autres Divergente. Mais là où les autres séries mettent en scène de jeunes adultes confrontés à un monde post-apocalyptique, Phobos se situe à notre époque, et ce qui s’y passe pourrait se produire dans les années à venir.
Pour faire face à des problèmes financiers considérables (tiens tiens, la crise des subprimes, ça vous dit quelque chose ?), le nouveau président des États-Unis a vendu quelques fleurons nationaux, déficitaires, mais prestigieux, à des industries privées, et parmi eux la NASA, l’agence spatiale américaine. Dans un monde désabusé, la population a soif d’idéal et d’aventure. Du pain et des jeux, réclamait le peuple dans la Rome antique. De l’amour et des jeux, voilà ce que va leur proposer la société Atlas Capital, qui a racheté la NASA, et va lancer le projet Genesis.
Douze jeunes gens, six garçons et six filles, sélectionnés parmi des candidats du monde entier, vont être envoyés sur la planète Mars pour la coloniser. Or c’est un sujet qui justement passionne : en ce moment même, des expériences de confinement ont lieu pour tester les capacités humaines lors du très long voyage vers la planète rouge, et des milliardaires n’hésitent pas à proposer l’aventure aux riches volontaires dès qu’elle sera possible. Le trait de génie de Victor Dixen, c’est de mixer cette aventure vers Mars avec le concept de la télé-réalité, également très en vogue en ce moment. Les jeunes gens vont donc être filmés 24 heures sur 24 pendant tout le voyage, et la chaîne Genesis va retransmettre en direct et en permanence ce qui se passe à bord.
Pour corser le tout, et s’agissant d’un voyage de colonisation sans retour, au lieu d’envoyer six couples préétablis, la société Atlas Capital a fait le choix, ô combien plus médiatique et rémunérateur, d’envoyer des jeunes gens qui ne se sont jamais rencontrés, et qui vont devoir se connaître et se séduire lors de speed-dating hebdomadaire (retransmis en direct bien sûr) pour former les couples chargés de donner naissance à la nouvelle population martienne. L’histoire débute au moment où le départ vers la planète rouge est imminent. Les jeunes gens ont été sélectionnés au terme d’un casting mondial (judicieusement choisis dans les différentes populations permettant à tous les publics de s’identifier à eux), et formés à leur mission pendant toute une année. Les filles et les garçons embarquent dans des capsules séparées qui seront amarrées au vaisseau qui va les conduire à leur nouvelle patrie. Chaque semaine ils auront six minutes pour se voir et se parler derrière des vitres blindées.
Au terme du voyage, chacun devra choisir celui ou celle qui partagera sa vie sur Mars, sans possibilité de retour. La caméra, car c’est bien ainsi qu’on ressent l’histoire, déjà prête pour l’adaptation, suit tantôt les filles via le point de vue de Léonor (Champ), tantôt les gens restés à terre, par l’intermédiaire de différents personnages : Séréna, (Contrechamp) la responsable de la mission Genesis, Andrew Fisher (Hors-champ) dont le père, responsable au sein de la mission Genesis, est décédé quelques jours plus tôt, ou Harmony, la fille cloîtrée de Séréna… La lecture des premières pages n’est pas très convaincante, mais très vite, l’histoire se complexifie, la face cachée des choses et les questions apparaissent : pourquoi les jeunes gens choisis ont-ils tous un passé très lourd et des secrets à cacher ?Pourquoi plusieurs cadres de Genesis sont-ils morts peu de temps avant le décollage ?
Plus l’histoire se déploie, plus elle devient addictive. Sans rien révéler du suspense, je peux vous dire que les rebondissements se succèdent, les morts s’additionnent, et la téléréalité devient un show planétaire. L’écriture n’est pas très littéraire, l’intrigue n’est pas particulièrement originale, mais c’est très efficace. Et on se prend à la fin du tome 1 à penser : « Déjà fini ?Mais alors… que va-t-il se passer ? », et à attendre la suite avec impatience. Dans le tome 2, l’histoire se déroule à un rythme soutenu, et toujours aussi efficace et addictif.
L’auteur : âgé de 36 ans, Victor Dixen est né d’un père danois et d’une mère française, avec lesquels il a parcouru l’Europe. Adulte, il a vécu aux États-Unis, au pied des montagnes Rocheuses, puis en Irlande à Dublin. Il vit actuellement à Singapour dans une vieille maison chinoise. Il a remporté deux fois le Grand Prix de l’Imaginaire dans la catégorie Roman jeunesse francophone : en 2010 pour le premier tome de sa série Le Cas Jack Spark (4 vol.), puis en 2014 pour le premier opus de sa série Animale (2 tomes). Phobos est donc sa troisième série. Il a également écrit quelques romans isolés pour la jeunesse, publiés chez Je bouquine et Griffe d’Encre.
Victor Dixen a réussi un coup de maître en mêlant habilement plusieurs genres : science-fiction bien sûr, mais aussi romance et même thriller. Et ce mélange des genres lui assure un très large public, car cette série, qui est publiée dans la collection R, donc dans la catégorie ados et jeunes adultes, peut plaire tout aussi bien à des personnes plus âgées. L’auteur s’adresse au large public qui suit les émissions de télé-réalité, mais pas seulement : je ne suis pas une fervente adepte de ces dernières, et pourtant j’ai craqué pour ces romans. Quant à l’écriture, elle est simple, voire familière, mais cela est compensé par un rythme soutenu et beaucoup de suspense. Certains personnages, juste ébauchés dans le tome 1, prennent de la consistance dans le tome 2, et rendent la lecture encore plus prenante. Aussi les lecteurs attendent avec impatience la sortie du tome 3, et l’adaptation télévisée qui devrait suivre.
Chronique de Michelle « 1642 » Gagnère
Nous en pensons
Notre avis
3,6
Victor Dixen a réussi un coup de maître en mêlant habilement plusieurs genres : science-fiction bien sûr, mais aussi romance et même thriller. Et ce mélange des genres lui assure un très large public, car cette série, qui est publiée dans la collection R, donc dans la catégorie ados et jeunes adultes, peut plaire tout aussi bien à des personnes plus âgées