Nous sommes en Quadriterre, en l’an 2015. Depuis des siècles des hordes d’insectes géants ravagent le pays et gagnent progressivement du terrain. On ne sait d’où ils viennent mais les humains ont de plus en plus de mal à défendre leurs villes recouvertes, après destruction et massacre des habitants, de matière fabriquée par les insectes et d’un mur entourant les territoires conquis.
Face à ces envahisseurs, les peuples de toutes les contrées se sont rassemblés, sous la bannière d’un roi, aidé par l’Empereur, un être immortel.
Autour de lui, un cercle de cinquante initiés, immortels également tant qu’ils sont les meilleurs de leur catégorie ou qu’une décision de l’empereur ne les a pas ramenés sur la voie de la mortalité. Ces immortels ne s’entendent pas vraiment entre eux, ils peuvent être victimes de défis qui leur sont lancés, et perdre ainsi leur immortalité.
Ils portent des noms et des surnoms se référant à leur spécialité, Eclair est l’Archer, Brume le Marin, Comète le Messager…et ont des souvenirs datant de milliers d’années.
Mais ils se livrent à une guerre d’influence entre eux, bien qu’ils aient pour mission d’aider les mortels et de combattre les insectes sans interférer dans les décisions des humains.
Beaucoup de gens de ces pays possèdent en attribut une paire d’ailes, mais seul Jant, le Messager, est capable de voler. Il observe et rend compte, porte les nouvelles et le courrier des immortels et gouvernants des cités à l’Empereur.
Mais il sombre aussi, souvent, dans la drogue–un petit fix de cat, et le voilà parti…pour un monde parallèle, réel ou délire de drogué ? Cet autre monde est-il la clé de cette guerre interminable contre les insectes ?
Ballotté entre les cauchemars de sa jeunesse tumultueuse, son désir d’être en paix et son besoin de drogue, écartelé entre les ambitions de ses collègues immortels, Jant est un anti-héros, démoli psychiquement, désespéré mais lucide, il est attachant et on suit son périple avec passion. A travers lui, rien des faits et gestes des autres personnages et des différentes actions du roman ne nous échappe.
Retours en arrière, descriptions de batailles, monde parallèle, escarmouches ou guerres entre immortels, sans oublier le sort du combat contre les insectes, le roman entraîne le lecteur dans tous les sens sans jamais lui faire perdre le fil du récit. Bien au contraire, au fur et à mesure, le puzzle se construit, on s’installe dans l’histoire et on comprend par petits morceaux le monde proposé .
Et le personnage principal, Jant, qui possède autant de qualités que de défauts, profondément humain dans un monde violent et démesuré, est tout de suite sympathique.
Dans son premier roman, Steph Swainston a imaginé une histoire déroutante et dépaysante, à la limite du cauchemar. Seules gênent un peu les zones d’ombres non éclaircies alors que l’on brûle d’en connaître plus sur l’Empereur, les immortels, les insectes etc…mais bien sûr ça permet d’imaginer ce qu’on ne sait pas. Par ailleurs, le roman finit un peu brutalement, en nous abandonnant, pauvres lecteurs, à un point de l’histoire, certes terminé, mais où on est persuadé qu’il va encore se passer des tas de choses (et on ne le saura pas…à moins que…une suite peut-être ?)
En conclusion, un livre prenant, avec des personnages vivants, un monde crédible et des insectes qui finissent par instaurer un malaise certain. Tous ces ingrédients et le style de l’auteur font de ce roman un récit de fantasy que l’on dévore plus vite que ne le ferait un insecte d’un pauvre humain des plaines.
Chronique de Jean-Pierre Binet
Editeur | Bragelonne |
Auteur | Steph Swainston |
Pages | 360 |
Prix | 20€ |
Nous en pensons ...
Notre avis
4.2
En conclusion, un livre prenant, avec des personnages vivants, un monde crédible et des insectes qui finissent par instaurer un malaise certain.