L’histoire se déroule à Sharakhaï – « la Perle ambrée du désert » – qui n’était, 1000 ans plus tôt, qu’une oasis sur la route des caravanes. Depuis des siècles, douze souverains immortels et doués de pouvoirs magiques règnent sur cette ville grandiose et sur le désert environnant.
Leur défense est assurée par une troupe de vierges guerrières réputées invincibles et par les azirim, spectres de braves qui ont accepté de se sacrifier aux dieux en échange de leur protection sur Sharakhaï et ses Rois. Bien que cela semble impossible, certains cherchent par tous les moyens à libérer la ville et le désert de cette tyrannie. C’est ainsi que, depuis quelques années, Macide Shaq’ava, fils du chef d’une tribu nomade, dirige le groupe des Hôtes sans Lune, multipliant les attentats contre les Rois, sans souci des dégâts collatéraux.
Nous découvrons ces événements en compagnie d’un personnage qui mène une double vie au cœur de la cité. Tantôt nous la voyons combattre dans l’arène sous l’armure de la Louve Blanche, tantôt nous la suivons dans les rues tortueuses de la ville ou sur les routes du désert. Sous le nom de Çeda (diminutif de Çedamihn Ahyanesh’ala), elle enseigne l’escrime aux enfants des riches marchands (et secrètement aux gamins des rues). Elle partage le logement d’Emre qui vend des épices au marché et effectue à l’occasion des missions secrètes pour le compte d’Osman (ex gladiateur devenu propriétaire des arènes). Elle a une bonne raison de haïr les Rois : ils ont tué sa mère Ahya qu’elle adorait et elle a juré de la venger coûte que coûte.
Tour à tour, nous suivons la jeune femme (19 ans) dans sa vie quotidienne et nous remontons dans son passé : son enfance avec sa mère, puis sous la tutelle de l’apothicaire Dardzada, puis comme voleuse avec les « alouettes des rues ». Devenue adulte, chaque fois qu’elle le peut, Çeda fouille dans les archives du Collegium pour trouver, derrière les légendes officielles, la vérité sur le passé de la ville et les points faibles des Rois. Elle essaie aussi d’en savoir plus sur sa propre histoire : qui était son père et pourquoi les Rois ont-ils tué sa mère ? Peu à peu, elle se trouve des alliés et elle ébauche un plan pour approcher ses ennemis. La mission qu’elle s’est fixée est d’autant plus difficile qu’elle ne veut pas mettre en danger son ami Emre et qu’elle juge Macide aussi nuisible que les Rois…
Interventions des dieux et du destin, quête d’une héroïne confrontée à de nombreuses épreuves (combats et voyages multiples), nous voilà embarqués dans une épopée fertile en intrigues et rebondissements, avec des formes de magie originales, des décors somptueux, des personnages complexes et hauts en couleurs. Un monde qui s’inspire beaucoup des « Mille et une nuits » et qui laisse dans nos mémoires des images ineffaçables, tels les champs de fleurs étincelant au clair des deux lunes ou les navires qui glissent sur les sables du désert.
Bravo à Marc Simonetti qui nous plonge, dès la couverture, dans l’ambiance mystérieuse de Sharakhaï. Quant aux culs de lampe, ils nous permettent de repérer au premier coup d’œil de quel point de vue est conté chaque chapitre.
Ce livre est le premier épisode d’une trilogie. Espérons que Bragelonne la publiera en entier et s’attaquera ensuite aux autres œuvres de cet auteur américain qui n’en est pas à son coup d’essai, mais qui est pour la première fois traduit en français (par Olivier Debernard). En attendant la suite, laissons-nous captiver dès maintenant par ce monde étrange et poétique, tour à tour enchanteur et angoissant.
Chronique de Marie-Renée Lestoquoy
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Nous en pensons ...
Notre avis
3.9
En attendant la suite, laissons-nous captiver dès maintenant par ce monde étrange et poétique, tour à tour enchanteur et angoissant.