Prix Locus 1976 du meilleur recueil de nouvelles, Aux douze vents du monde est une formidable introduction à l’œuvre de cette grande dame de la littérature qu’est Ursula Le Guin, disparue en janvier 2018.
Les Éditions du Bélial proposent aujourd’hui une traduction revisitée par Pierre-Paul Durastanti et accompagnée de textes introductifs de l’autrice pour chaque nouvelle. Parfois, elle éclaire le lecteur sur l’origine du récit. Parfois, elle raconte des anecdotes liées à cette histoire.
Nombre des textes de cette anthologie renvoient aux œuvres majeures de Le Guin (le cycle de l’Ekumen ou celui de Terremer), mais nul besoin de les avoir lues pour apprécier le talent de conteuse dont elle fait preuve. Gageons toutefois que le lecteur néophyte aura envie de s’y plonger après cette première approche !
On retrouve dans ces nouvelles ce qui fait le talent d’Ursula K. Le Guin : son écriture subtile et toute en nuances qui sert à merveille des histoires où l’important est l’humain et non l’action ou la technologie. La fiction est au service d’une réflexion sur l’humanité et les sentiments qui la traversent : jalousie et haine, amour et tendresse, mélancolie et joie, peur et tristesse.
L’autrice explique d’ailleurs qu’elle est adepte d’une science-fiction qui privilégie l’individu à la technologie ! Au-delà de l’aspect humaniste de son œuvre, il faut souligner l’engagement de l’autrice et ses thèmes de prédilection : l’écologie, la raison, l’intelligence, le féminisme, le respect de l’autre et l’acceptation des différences.
L’anthologie balaie différentes facettes de son talent. Le collier de Semlé (l’histoire d’une princesse trop préoccupée par elle-même pour se rendre compte de l’amour de son mari), ou Le roi de Nivôse (un roi qui n’hésite pas à se perdre pour sauver son royaume), Avril à Paris (une invocation aux conséquences étranges) sont de la veine des récits distrayants, et bien menés.
Plus réflexif, À la veille de la révolution explore le devenir d’une vieille révolutionnaire devenue un symbole, alors qu’elle souffre des maux de la vieillesse. Étoiles des profondeurs (un scientifique perdu dans un monde où l’obscurantisme fait loi) et Les maîtres (une société où il est interdit d’étudier) font la part belle à une dénonciation des obscurantismes.
Neuf existences renouvelle intelligemment le thème du clonage, avec l’histoire du décaclone qui doit apprendre à vivre tout seul, après la mort de ses neuf clones. Plus vaste qu’un empire présente un équipage de marginaux, tous profondément perturbés, aux prises avec une étrange planète d’arbres. Ceux qui partent d’Omelas, une variation douloureuse sur le sujet du bouc émissaire, donne à réfléchir sur les choix qu’une société peut – doit – faire.
Dix-sept nouvelles de ce recueil relèvent tant du fantastique que de la fantasy ou de la science-fiction, et sont autant de facettes du talent de cette exceptionnelle écrivaine, à découvrir ou à redécouvrir !
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère
Nous en pensons
Notre avis
4.5
On retrouve dans ces nouvelles ce qui fait le talent d’Ursula K. Le Guin : son écriture subtile et toute en nuances qui sert à merveille des histoires où l’important est l’humain et non l’action ou la technologie. La fiction est au service d’une réflexion sur l’humanité et les sentiments qui la traversent : jalousie et haine, amour et tendresse, mélancolie et joie, peur et tristesse. Les nouvelles de ce recueil relèvent tant du fantastique que de la fantasy ou de la science-fiction, et sont autant de facettes du talent de cette exceptionnelle écrivaine, à découvrir ou à redécouvrir !