10 nouvelles sont au programme de cette nouvelle anthologie des Éditions Parchemins et Traverses. On commence gentiment avec Revoir les étoiles de Tepthida Day, un joli texte poétique qui se déroule en Asie centrale, sur un chantier en pleine forêt. L’un des ouvriers tombe, entraîné par un serpent majestueux et découvre un peuple oublié. C’est sensible, tendre, bourré d’émotion sans être mièvre.
On enchaîne avec Cénotaphe de Fabien Clavel ; la solitude, la nostalgie de l’enfance, la dureté de la vie sous-tendent ce récit difficile, parfois oppressant, mais lourd de sens.
Changement d’ambiance avec Le Terrier de Johan Scipion, à la poursuite du Lapin Blanc d’Alice. Le début est intrigant, mais la fin du texte, trop classique, dessert l’ensemble.
Je m’arrêterais plutôt sur Le Système d’Extinction de Laurent Salipante, une belle variation sur un thème écologiste, dont la construction agrippe le lecteur pour ne plus le lâcher. On suit en parallèle deux aventures : l’une, humaine et contemporaine, d’un chercheur qui découvre dans les abysses les traces d’une civilisation incroyablement ancienne, l’autre, d’un représentant de cette espèce disparue à la suite d’une catastrophe. Beaucoup d’émotion dans ces destins croisés et un texte parfaitement construit, jusqu’à la chute, certes un peu morale, mais bien amenée.
Dans la merde jusqu’au cou de Sylvain Johnson n’est pas qu’une expression, le héros se retrouve littéralement dans une fosse septique. L’auteur maîtrise bien son sujet et parvient avec un luxe de détails à nous plonger dans cette atmosphère délétère. La tension est grandissante, jusqu’à un final surprenant, particulièrement glauque !
Guillaume Mézin, dans La Marche des Endogés, nous entraîne dans un univers post-apo, où un duo de personnages remonte vers la surface, en traversant différentes strates, qui sont autant de traces du passé. Servit par une belle écriture, avec des fulgurances poétiques, une dureté de chaque instant dans les relations entre ces deux-là, mais également une grande tendresse, voilà un texte qui fait honneur à cette anthologie !
Le Roi d’Automne d’Anthelme Hauchecorne est très bon, mais je n’ai pas eu le plaisir de la découverte, il a déjà été publié dans l’excellent recueil Punk’s not dead, du même auteur, en octobre 2013. Sorte de prélude au monde d’Âmes de verre, il s’agit là d’une longue nouvelle au style travaillé, lyrique et puissant, à l’univers riche, aux personnages forts – jolie introduction à l’œuvre d’Anthelme Hauchecorne.
Ascendance de Thomas C. Durand joue dans une catégorie de thème proche de La Marche des Endogés, mais j’ai beaucoup moins accroché. Un seul personnage, qui ne m’a guère intéressée, et une chute prévisible qui tombe un peu à plat, font que ce texte est un peu moins réussi que les précédents. C’est également le cas de L’Appel de Sirannon de Raphaël Boudin, à réserver sans doute aux amateurs de Lovecraft.
Le recueil se termine sur un bijou, tout en finesse et en poésie, Le Cueilleur de Morts d’Olivier Boile. L’originalité tient dans la mythologie ici exploitée, celle des Inuits, mise en scène avec élégance et sensibilité. L’ambiance est parfaite, glaçante et émouvante à la fois, et l’écriture soignée, un vrai plaisir de découverte et de lecture, qui laisse sa marque dans l’esprit du lecteur.
Je ne peux finir cette chronique sans remarquer, encore une fois, le joli travail d’édition réalisé : la couverture est belle, les illustrations intérieures apportent des respirations bienvenues, un remarquable boulot de correction a été effectué. L’équilibre des textes est là, avec des styles et des thématiques différentes, qui permettront sans doute à chacun de trouver son bonheur !
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4.5
Je ne peux finir cette chronique sans remarquer, encore une fois, le joli travail d’édition réalisé : la couverture est belle, les illustrations intérieures apportent des respirations bienvenues, un remarquable boulot de correction a été effectué. L’équilibre des textes est là, avec des styles et des thématiques différentes, qui permettront sans doute à chacun de trouver son bonheur !
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