Le quantpunk ? Mais qu’est-ce que ça peut bien être, le quantpunk ? En découvrant le titre de cette anthologie, j’avoue être restée dubitative. Interrogeons donc l’éditeur : « tentative de créer un nouveau genre, dérivé du cyberpunk et du steampunk, faisant appel aux découvertes de la physique quantique et des technologies qui en découlent, sans oublier la philosophie propre au mouvement punk ». Rien que ça ! Eh, bien, vous savez quoi ? Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris la définition, mais par contre, je suis certaine d’avoir lu une bien belle anthologie.
Il faut dire qu’on trouve du beau monde au sommaire et que le travail est soigné (en particulier celui de correction – oui, j’ai décidé de le signaler tant j’en ai un peu assez des livres pleins de fautes !)
Mais venons-en à l’essentiel : les textes. Il y a de tout au programme, du léger, du sérieux, de la science-fiction, du fantastique, de la hard science… Je vais juste essayer de vous donner l’eau à la bouche et de vous brosser un aperçu de la variété qui nous est présentée :
Mémoires mortes de Xavier Portebois : « La clé du Paradis, à vous, pour toujours », c’est la promesse de Geist, une entreprise qui permet à ceux qui en ont les moyens de conserver une sorte d’hologramme de leurs chers disparus. Lorsqu’on propose à des hackers de pirater la société, ils n’hésitent pas une seconde. Mais découvrent par la même occasion l’envers du décor. C’est une nouvelle particulièrement bien construite, qui dégage une émotion certaine et amène le lecteur à se poser des questions sur lui-même et sur son propre rapport à la mort.
Le chat ne s’est pas échappé de la boîte, il n’y a jamais été de Guillaume Parodi : son personnage vit dans un univers très sombre, envahi par la maladie de son père. Mais où se situe la « vraie » réalité ? Là aussi, beaucoup d’humanité dans un texte qui aborde avec simplicité et beaucoup de tendresse le thème de la maladie.
L’homme au cerveaunivers d’Anthony Boulanger : Shell est un min(d)er, un homme qui a le pouvoir d’extraire des informations de la matière noire. Une nouvelle pour les amateurs de hard-sciences, complexe à souhait.
Cas de conscience de Sylvain Boïdo : Staf doit trouver 50 000 crédits pour fuir la Terre et se faire téléporter sur Durian, une planète pleine de promesses avec sa copine. Et quand on a pas l’ombre d’une thune, il faut improviser. L’auteur nous gratifie d’un texte bien construit à la chute sombre.
No past, no future, no Proust de Manon Bousquet : que Proust disparaisse des étagères, passe encore, mais que la mémoire de ses collègues bibliothécaires s’efface et voilà Mademoiselle Calixte qui mène l’enquête ! De la légèreté, de l’humour pour une histoire très sympathique qui ravira les amateurs de bouquins.
Le prince est mort, vive le prince de Tesha Garisaki : Lionel a tué Frédéric, le tyran qui régnait sur les six duchés, peu avant que l’on découvre un moyen de voyager de réalité en réalité. Il n’a plus qu’un seul but : rendre la liberté au peuple, partout. Mais il y a un truc qui cloche, avec Frédéric : il se pourrait que ce soit, à l’occasion, quelqu’un de bien… et que ça ne dépende que de Lionel. Une écriture élégante, au service d’un récit touffu qui pose une question fondamentale sur l’influence que l’on peut avoir sur les autres.
L’ensemble est de belle facture, et l’on peut saluer le travail de cette jeune maison d’édition, qui propose des appels à texte audacieux, et offre ici un panel de nouvelles de grande qualité.
Quantpunk
Anthologie
Éditions Realities Inc. – décembre 2016
312 pages – 12 euros