Les huit nouvelles fantastiques réunies dans ce recueil traitent des sujets différents : on y croise entre autres des défunts qui reviennent chaque nuit frapper à la porte de leur foyer, un écrivain qui vampirise la vie des femmes qu’il croise, un chauffard meurtrier, des villageois évacués face à une étrange épidémie… mais malgré cette variété, l’ensemble forme un recueil très cohérent.
Tout d’abord parce que la majorité des textes affiche une même obsession : décrypter les traces laissées par les défunts dans le quotidien des vivants, et aussi parce que le style lent et dépouillé de l’écrivain espagnol Santiago Eximeno compose une ambiance unique, à la fois mélancolique et angoissante, qui reste constante de la première à la dernière page.
Pas question ici de fantastique exubérant filmé en technicolor à grand renfort de vampires et exorcistes. Nous sommes à la frontière originelle du fantastique, si proche du réel que les qualificatifs attribués généralement aux revenants (zombies, fantômes…) ne sont jamais employés et c’est tant mieux. Et puis il y a le regard de l’auteur : celui-ci excelle dans la description des gestes simples et des croyances des personnages, qu’ils soient villageois ou citadins, enfants ou vieillards, qu’ils parlent à la première personne ou que la narration soit omnisciente.
Pour cela, ce livre peut être apprécié autant par un amateur de littérature « blanche » qu’un fan de l’Imaginaire. Il est vrai que l’écriture méticuleuse de Santiago Eximeno impose un rythme très lent, mais ce qui pourrait lasser à la longueur d’un roman est totalement adapté à ces récits courts. Seul le dernier texte du recueil m’a moins enthousiasmé, car il se complaît un peu trop dans une description touristique de Cuba.
Autre petit bémol, je n’ai pas compris l’intérêt d’une citation d’auteur en épigraphe de chaque nouvelle. Et puis, il y a l’objet. La composition graphique, la reliure, le grain et la qualité du papier sont remarquables : la maison d’édition associative Gephyre met toujours beaucoup de soins à offrir des écrins magnifiques aux œuvres qu’elle propose, et cela pour un tarif de vente très raisonnable. J’espère que d’autres textes de Santiago Eximeno feront l’objet d’un prochain recueil !
Chronique de Xavier ‘1762’ Fleury
Nous en pensons
Notre avis
3.8
Pas question ici de fantastique exubérant filmé en technicolor à grand renfort de vampires et exorcistes. Nous sommes à la frontière originelle du fantastique, si proche du réel que les qualificatifs attribués généralement aux revenants (zombies, fantômes...) ne sont jamais employés et c’est tant mieux. Et puis il y a le regard de l’auteur : celui-ci excelle dans la description des gestes simples et des croyances des personnages, qu’ils soient villageois ou citadins, enfants ou vieillards, qu’ils parlent à la première personne ou que la narration soit omnisciente.