Le premier roman de Don Lorenjy commence fort, par un assaut nocturne mené par des soldats d’élite d’une puissante compagnie d’exploitation de planètes, déterminée à frapper fort pour libérer ladite planète du joug d’une puissance inconnue. L’opération est un fiasco total, et Carl, seul survivant du commando, est recueilli par les habitants de la planète, qui lui expliquent que la planète est sous le pseudo-contrôle des « furets », sortes de parasites de l’esprit qui se repaissent des émotions humaines quand celles-ci sont trop fortes.
Carl découvre la société très policée dans laquelle il est tombé, en même temps qu’il se découvre lui-même ; machine de combat sans aucune expérience de la vie, il tente de démêler le vrai du faux ans son passé, . Considéré comme un agresseur, il doit de plus faire face à la méfiance des habitants envers lui. Shepher, un vieil homme influent un peu excentrique, tente de lui servir de guide. Et au-dessus de la petite société plane la menace des traqueurs, mystérieuse organisation qui enlève les inadaptés… Cette partie, qui constitue tout le début du roman, est intéressante.
Mais une fois la partie « présentation » passée, le rythme s’effondre. Le côté « découverte du monde et du contexte politique » s’efface et laisse place à un ouvrage plus psychologique, plus introspectif, plus fouillis. Jusqu’à sa dernière partie, le roman tourne un peu en rond.
Le roman laisse peu à peu apparaître des fissures importantes dans la cohérence de l’histoire. À vrai dire, c’est toute l’intrigue qui est en cause : on ne comprend pas le pourquoi du comment de la situation de départ, comment les relations avec la compagnie mère ont été rompues, pourquoi les traqueurs, dont les objectifs diffèrent peu de ceux du gouvernement, travaillent dans l’ombre, pourquoi certains personnages changent de camp en un claquement de doigts, pourquoi les furets, principale idée du roman, sont si peu utilisés par la suite… les incohérences et situations incongrues s’additionnent, et on se retrouve avec un texte qui semble ne pas vraiment savoir où il va, visiblement trop long, aux dialogues trop bavards et où l’on s’ennuie un peu. De surcroît, le style de l’auteur, très travaillé et excellent au début, devient beaucoup plus basique par la suite.
L’œuvre possède en fait les défauts et qualités qui se retrouvent souvent dans un premier roman : bonne idée de départ, quelques passages très réussis, mais un gros problème pour tenir la distance. Le roman donne l’impression que l’auteur a rajouté artificiellement des péripéties au milieu pour l’étirer : peut-être aurait-il mieux valu accepter que le texte soit plus court ? Un bon essai, malheureusement non transformé.
Olivier Bourdy
Éditeur | Le navire en pleine ville |
Auteur | Don Lorenjy |
Pages | 285 |
Prix | 17€ |