« Utopiales 16 » – Anthologie du festival, Machines

Chaque année l’automne voit revenir le festival des Utopiales, l’un des plus importants en France pour les littératures de l’imaginaire. En 2016, le thème était les machines, et c’est tout naturellement que la rituelle anthologie officielle, publiée par ActuSf, s’en est inspirée.

Treize nouvelles, treize auteurs francophones et étrangers, treize plumes incontournables en ce moment, avec en prime une préface de Gérard Klein, De l’outil à la machine, et au-delà, toujours aussi complet et érudit, et une postface de Jeanne-A Debats, toujours aussi drôle avec Maman, Papa, la machine et moi !

Quelques nouvelles ont particulièrement retenu mon attention, par leur sujet et/ou leur traitement.

La vieille dame de Simon Bréan déconcerte de prime abord, le texte est un peu obscur et l’on se demande où l’auteur veut en venir, jusqu’au moment où la réflexion sur les IA vieillissantes se fait jour, donnant une tonalité intrigante, pleine d’une sourde violence, très efficace.

Deep Space Nine de Catherine Dufour est la première très bonne surprise de l’anthologie ! Une vraie plongée dans l’adolescence, ses dérapages et ses questionnements, servie par une écriture impeccable, qui oscille entre le drame et l’ironie.

Le Diable d’Estelle Faye raconte un monde post- apocalyptique, où l’obscurantisme et la peur règnent en maîtres. Le personnage principal est très attachant, et c’est à travers lui que l’auteure développe une réflexion de qualité sur l’évolution de la technologie, l’avenir de l’humain et les dérives religieuses. Pleine de subtilité et de questions dérangeantes, elle interroge sur les choix de l’humanité en général, comme de l’individu.

Modèle Mika aborde un sujet fondamental : qu’est-ce qui différencie vraiment l’homme de la machine ? Et c’est Paolo Bacigalupi, que l’on connaît grâce au formidable La Fille Automate, qui s’y colle, avec tout son talent, dans un récit court, mais très efficace.

On retrouve aussi un des grands noms de la SF française, Gérard Klein, au sommaire de cette anthologie, avec Un gentleman. Un peu grinçante, un peu légère, l’histoire s’attache aux déboires amoureux d’un trop parfait gentleman. Un petit plaisir de lecture très agréable.

Je terminerais par la nouvelle la plus burlesque de ce recueil, à mon avis, Le truc qui ressemble à une machine, de Karim Berrouka : c’est foutraque, hilarant, parfaitement construit. Les aventures rocambolesques des deux héros improbables et très fatalistes sont une vraie réussite, qui joue sur une série d’incidents plus farfelus les uns que les autres, avec une maestria remarquable.

Au final, une cuvée 2016 qui démarre doucement, pour proposer ensuite des textes passionnants, drôles, touchants, dramatiques ou troublants de haut niveau. Sur le thème somme toute bien classique des machines, c’était un pari, gagné haut la main !

 Utopiales 16

Anthologie
Éditions ActuSf – Collection Les 3 Souhaits – novembre 2016
352 pages – 15 euros

A propos de Syl

Fervente adepte des cultures de l'imaginaire (et des autres), curieuse de tout (et du reste), boulimique du verbe (qui a dit, mais pas que ?), enfin et accessoirement présidente du concours Visions du Futur (pots de vin acceptés).

Consultez aussi...

« Le Troisième Exode » de Daniel Mat

Il y a un siècle de cela, ATMOS, un réseau d’intelligences artificielles, a quitté la …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.