Après avoir participé à la bataille qui a permis de mater les velléités sécessionnistes de la planète Néo-Chicago, le « Mac-Arthur », fier navire de la flotte spatiale du Second Empire de l’Homme retourne vers son port d’attache pour soigner ses plaies.
En chemin, Roderick Blaine, le nouveau commandant de ce croiseur impérial, reçoit l’ordre d’intercepter une sonde inconnue qui semble d’origine non-humaine. C’est la première fois que la possibilité d’une vie extra-terrestre est découverte au cœur de la galaxie et le capitaine Blaine va devoir faire preuve d’inventivité et d’audace pour accomplir cette mission capitale pour l’avenir de l’Humanité.
Derrière les apparences d’un space opera classique, La Paille dans l’œil de Dieu dévoile, au fil de la lecture, un roman bien plus complexe que le simple récit de science-fiction militaire qu’il pourrait être. En effet, même si la quasi-totalité des personnages humains de ce roman appartient à la Marine Spatiale Impériale, il ne s’agit pas de soldats bellicistes et dépourvus d’intelligence, chacun d’entre eux est un individu qui, dans les limites du respect de la hiérarchie, participe à la découverte de cette civilisation non-humaine. Les quelques rares stéréotypes que l’on peut croiser, comme ce ministre des sciences naïvement optimiste ou cet amiral prêt à démontrer la toute-puissance de l’armement de son puissant vaisseau de guerre face aux extra-terrestres du système de la Paille, permettent d’établir les positions extrêmes entre lesquelles les héros vont devoir faire bouger le curseur afin de trouver la solution idéale à cette rencontre du 3e type.
Récit d’un premier contact entre humains et extraterrestres, le roman de Larry Niven et Jerry Pournelle n’est cependant pas aussi intemporel qu’il pourrait l’être. Écrit dans les années 70, il présente une civilisation humaine qui, même si elle a essaimé à travers les étoiles, est loin d’avoir fait sa révolution sexuelle et n’accorde qu’une place secondaire aux femmes. Ainsi, il n’y a, côté humain, qu’un seul personnage féminin, l’anthropologue Sally Fowler, qui, malgré quelques inestimables interventions lors des négociations avec les Pailleux, nom donné aux extraterrestres par les explorateurs humains, termine l’aventure dans le rôle de future épouse du capitaine Blaine.
Si l’on passe outre ces quelques obstacles, on ne peut cependant que se laisser prendre par le mélange d’action et de réflexion que constitue ce roman. La Paille dans l’œil de Dieu offre ainsi la possibilité de découvrir une civilisation extraterrestre non-humaine qui s’éloigne définitivement des clichés des petits hommes verts, monstres à tentacules et autres insectoïdes belliqueux. Face à l’équipage du « Mac-Arthur », les Pailleux vont rapidement faire preuve d’une intelligence supérieure à celle de leurs visiteurs. Ils apprennent le langage et observent les mœurs des humains, réussissant ainsi à nouer un début de dialogue entre deux peuples physiquement et intellectuellement dissemblables. Des échanges qui tournent rapidement au jeu du chat et de la souris entre deux civilisations qui recherchent le contact, mais n’oublient pas de privilégier la préservation de leurs propres intérêts.
Mélange d’exploration spatiale et de diplomatie interplanétaire, La Paille dans l’œil de Dieu est un véritable petit chef-d’œuvre de la science-fiction qui se révèle fort distrayant, mais invite également à une réflexion plus profonde.
Chronique de Philippe ‘1495’ Paygnard
Éditeur | Pocket |
Auteur | Larry Niven et Jerry Pournelle |
Pages | 704 |
Prix | 10,30€ |
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Notre avis
4.2
Mélange d’exploration spatiale et de diplomatie interplanétaire, La Paille dans l’œil de Dieu est un véritable petit chef-d’œuvre de la science-fiction