« La Transhumance des Anges » de Hervé Poudat

Nous sommes sur la Côte d’Azur, à l’aube du 22e siècle, mais celle-ci est bien différente de celle que nous connaissons puisqu’en ce temps la neige envahit tout, le climat est complètement déréglé et ne cesse de faire fuir ses habitants. Ceux qui restent sont ainsi plongés dans l’ennui et le désenchantement d’un monde qui se meurt, mais heureusement certains organismes comme la multinationale SEMI sont présents pour remédier à cela et proposer aux plus courageux de voyager dans des mondes intérieurs. La science et les nouvelles technologies avancent à grands pas et grâce à eux, le monde a pu découvrir l’existence en chacun de nous d’un monde intérieur peuplé de créatures étranges et à la géographie étonnante. Et, plus fort encore, on a découvert le moyen d’accéder à ces mondes et de s’y promener allègrement sans passer par la méditation, mais de façon tout à fait concrète. En effet, il suffit pour cela de placer le « donneur » dans un caisson et de le relier par toutes sortes de branchements au « touriste » potentiel. Un nouveau tourisme se met alors en place, il s’agit du tourisme de l’esprit. Certains volontaires proposent alors à des clients motivés de visiter leurs esprits. Ces volontaires viennent de leur plein gré ou alors il s’agit de condamnés que l’on a forcés. D’un point de vue clinique, ces voyages intérieurs auraient pour but de faire découvrir l’influence du monde intérieur sur le comportement et ainsi de pouvoir traiter à plus long terme les désordres psychiques directement à leur source. Mais d’un point de vue moral, cela peut paraître choquant puisque les hommes en sont venus à commercialiser leur âme ! Bien évidemment, l’Église est en révolte contre cette pratique jugée douteuse et le Pape Léon XIV tente par tous les moyens d’éradiquer cette pratique en envoyant des « fous de Dieu » pour contaminer puis détruire complètement les mondes intérieurs. C’est ainsi que Léa Kerann, catholique intégriste, se voit recruter par le pape lui-même afin de détruire l’un des mondes intérieurs en le contaminant par toutes sortes de poisons puis en se donnant la mort à l’intérieur de celui-ci. Samano, guide touristique spécialisé dans les voyages intérieurs, est alors appelé en urgence pour tenter d’arrêter cette kamikaze et de sauver le monde qu’elle a réussi à intégrer. Une course haletante est lancée et les personnages principaux vont en ressortir profondément changés dans leurs convictions.

La Transhumance des anges est un roman d’anticipation aux nombreuses facettes qui commence par la science-fiction pour aborder le genre policier tout en égrenant des réflexions métaphysiques et philosophiques sur la nature du monde et son avenir, les pouvoirs de l’âme humaine et les dérives du progrès technologique. C’est également un roman plutôt loufoque qui se veut divertissant, mais nous plonge parfois dans l’absurde et l’invraisemblable. Roman quelques fois satirique aussi, qui badine avec la religion catholique et les pouvoirs politiques. Mais plusieurs points négatifs viennent ternir tous ces thèmes comme l’histoire d’amour entre les deux personnages principaux qui tombe rapidement dans le cliché et n’apporte finalement pas grand-chose à l’histoire. De même, plusieurs scènes et personnages relèvent simplement du fantasme et n’ont pas grand intérêt comme par exemple les femmes « biotiques » qui remplacent les poupées gonflables… Le dénouement de l’intrigue se fait de manière plutôt brutale, en quelques pages, et n’est pas à la hauteur de ce qu’on attendait en entrant dans cette histoire. Plusieurs touches d’humour viennent embellir le tout et simplifier le complot principal, mais sont tout de même insuffisantes pour nous accrocher réellement et nous permettre d’adhérer à l’ultime révélation.

Chronique de Odéliane ‘1486’