Ah, le nucléaire ! Un thème sans doute visité et revisité en SF, pour le pire et pour le meilleur. C’est aussi, évidemment, un enjeu contemporain crucial pour l’homme et la planète : solution quasi miraculeuse au réchauffement climatique et à l’impasse des énergies fossiles pour les uns, risque d’accident majeur, déchets toxiques qui hypothèquent l’avenir pour les autres, c’est dire si le sujet nous concerne tous peu ou prou.
Ici, ce sont quatorze écrivains qui ont relevé le défi des Éditions Arkuiris, sous l’autorité de Yann Quero, un nom familier aux amateurs de SFFF, tant pour ses romans et nouvelles, que pour son activité d’anthologiste. Jean-Pierre Andrevon ouvre le bal avec Les enfants ont toujours raison. L’écriture, incisive, très travaillée, répète de façon quasi obsessionnelle le prénom de son héros, Cédric, et sert un propos noir à faire froid dans le dos. La fin prophétise les regrets qui pourraient bien être ceux des hommes lorsque la catastrophe aura eu lieu…
Yann Quero, dans Quand la Chine s’illuminera est au cœur du désastre : un accident s’est bel et bien produit en Chine. Comment les dirigeants vont-ils réagir ? La jeune ministre de l’Environnement pourrait bien donner une leçon de courage politique… On retrouve la patte de Yann Quero, avec ces personnages particulièrement bien ciselés.
Sur le thème des déchets, on retiendra Mister Croc et les 17 chevaliers de l’Apocalypse, de Stéphane Dovert, une nouvelle très bien écrit qui mêle habilement fiction et critique virulente de notre époque. Jean-Louis Trudel offre avec Le dôme de Saint-Macaire, un beau texte de SF qui parle de pouvoir et de responsabilité. La fin, en forme de presque morale, claque particulièrement dans l’esprit du lecteur.
Passeport pour la mer rouge de Sophie Fedy tire son originalité du choix de l’auteure de traiter des conséquences, non du nucléaire, mais d’un retour aux énergies carbonées après un abandon de l’atome. Pris finalement entre la peste et le choléra, les protagonistes de cette courte nouvelle n’ont pas d’échappatoire. Ne manquez pas Oppapi, de Ludovic Klein, un texte très bref, d’une violence qui laisse sidéré et divisera sans aucun doute les lecteurs ! L’anthologie se clôt agréablement sur une note poétique et pleine de tendresse, malgré la rudesse extrême du monde décrit, grâce à la plume délicate de Virginie Buisson Delandre dans Mutagène.
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère
Nous en pensons
Notre avis
4,1
Le nucléaire ! Un thème sans doute visité et revisité en SF, pour le pire et pour le meilleur. Un recueil de très bonne facture ou le sombre côtoie la tendresse.