Les Mages Bleus, les seuls à servir l’Équilibre, ont été presque tous massacrés. Pour échapper à la mort et obéir à une prophétie qui annonce qu’il sera le père du sauveur de l’Équilibre, le dernier Mage Bleu accepte de renoncer à ce qu’il est, de voir sa magie brûlée pour épouser Nérasia Tirbald, la promise du margrave Ardégyl, sur l’incompréhensible insistance de ce dernier lui-même qui semble l’avoir pris en amitié.
Cette union non désirée donne naissance à Cerdric, à la fois ignoré et détesté par sa mère, au point qu’à la veille de sa majorité, il néglige ses obligations de jeune bréon et part à l’aventure en plein hiver, à travers les montagnes, pour faire connaissance de son père biologique. Exilé dans la Marche voisine, ce dernier vit en ermite dans la Forêt Bleue, domaine des fées. Mais il est protégé et surveillé en secret par des soldats en civil sur ordre du margrave Ardégyl.
Après avoir risqué sa vie, Cerdric parvient enfin à la maison de son père, mais une étrange tempête fait rage au milieu de laquelle il croit entendre une voix…
Voici enfin le roman que Natalie Dau porte en elle depuis des années et des années ! On y retrouve sa sensibilité, sa capacité à créer des personnages attachants, nuancés et complexes, son style précis et poétique à la fois. Il ne s’agit ici que du premier volume d’une histoire plus vaste dont nous ne distinguons pas encore tous les méandres. Nous n’assistons en fait pour l’instant qu’à la partie familiale de l’intrigue. En effet, c’est la rancœur de Nérasia Tirbald qui semble responsable d’une grande partie des problèmes. Le conflit séculaire entre des mages de l’Ordre, du Chaos et de l’Équilibre n’a pas encore été abordé en détail, même s’il est la cause de tous les malheurs.
Si un ou deux passages sont parfois un peu déroutants et si l’on peut regretter la faible autonomie que Nathalie Dau laisse à son jeune héros, au point qu’on finit par vouloir le secouer pour qu’il se bouge, ce roman se lit d’une traite et avec grand plaisir. L’univers qui se révèle à nous progressivement semble plus riche et plus vaste que le peu qu’on nous en laisse entrevoir, si bien qu’on attend la suite avec intérêt.
Ce roman est raconté par Cerdric lui-même, un Cerdric beaucoup plus mûr qui se confie a posteriori dans le Livre Blanc des Tirbald. Cela rassure le lecteur, qui peut ainsi s’identifier sans risque à lui. Cela ne garantit pas aux autres personnages de survivre à toutes leurs aventures, car l’auteure n’épargne pas ses personnages, ce qui donne à son histoire la force de la vie réelle, où coups du sorts et grandes joies surviennent sans prévenir.
Outre la carte du continent Cestre, le livre – serti dans une jaquette joliment illustrée par Mathieu Coudray –, s’ouvre par une courte préface de Robin Hobb et comporte des annexes, ainsi que deux nouvelles déjà publiées, l’une dans Géante Rouge n°15, Cosmogonie, l’autre dans Victimes et Bourreaux (Mnémos, 2011), Ton visage et mon cœur. Un beau moment de lecture !
Nous en pensons ...
Notre avis
3.8
Si un ou deux passages sont parfois un peu déroutants et si l’on peut regretter la faible autonomie que Nathalie Dau laisse à son jeune héros, au point qu’on finit par vouloir le secouer pour qu’il se bouge, ce roman se lit d’une traite et avec grand plaisir. L’univers qui se révèle à nous progressivement semble plus riche et plus vaste que le peu qu’on nous en laisse entrevoir, si bien qu’on attend la suite avec intérêt.