« La Machine à Différences » de William Gibson & Bruce Sterling

la machine à différences-william-gibson-bruce-sterlingDans un Londres uchronique dominé par les machines à vapeur, en plein XIXe siècle, la révolution industrielle a aussi permis la création des ordinateurs, les machines à différences de Charles Babbage, inventeur aidé par lady Byron, fille de Lord Byron, premier ministre de la reine Victoria. Ces ordinateurs sont constitués d’énormes roues dentées, mues par des leviers et des pignons, fonctionnent à la vapeur et utilisent des cartes perforées.

Nous sommes en 1855, la pollution recouvre la capitale du Royaume Uni.

Dans ce monde décalé, un scientifique archéologue, Edward Mallory, se voit confier un coffret, mais c’est le début de ses ennuis. Dès lors, il va devoir se défendre contre les attaques de ses ennemis, qui veulent à tout prix récupérer ce coffret. Aidé par Laurence Oliphant, diplomate-espion de la Reine, il va tenter de s’y retrouver dans cette guerre pour le contrôle de l’information, entre clans rivaux et espions de l’étranger.

Le décor est terrifiant, un environnement pollué et une population sombrant dans l’anarchie au milieu de la moiteur d’un été londonien où les remugles de la Tamise boueuse et fangeuse se confondent avec les fumées des cheminées des usines.

Le thème installé, il ne faut pas penser s’aventurer dans un roman de science-fiction ou d’aventure fantastique classique. Les auteurs ont lancé le courant steampunk, ambiance 1850, machines à vapeur, lampes à gaz, leviers et cliquets de toutes sortes, le cuivre poli voisinant avec les rouages huilés. Le tout dans une ville emblématique de la révolution industrielle : Londres.

Dans cette ambiance XIXe siècle, l’ouvrage se découpe en cinq parties où plusieurs protagonistes se croisent ou se connaissent, collectant progressivement les pièces du puzzle qui sera complété au dernier chapitre.

Toutes ces parties constituent un monde crédible qui finit par être admis par le lecteur, comme s’il existait.

C’est un livre qui ne peut se parcourir d’un trait mais à petites doses. Non que le style soit ardu, mais il semble qu’il faille avancer dans sa lecture à la vitesse de la technologie utilisée par les personnages. Pas de mail ou de téléphone, mais un courrier que l’on ouvre ou un téléscripteur débitant une bande de papier, pas de voiture rapide dans les rues, mais des vapomobiles lents et polluants. Ensuite, les mots choisis du texte obligent à ralentir, à profiter de l’atmosphère.

De plus, après des passages lents, soudain, pour un chapitre, tout s’accélère, et puis l’histoire reprend son rythme. Ce peut-être un inconvénient, car il y a une certaine frustration ressentie après un passage rapide, à retrouver la lenteur de déroulement du récit.

En bref, une uchronie bien orchestrée, où il faut s’installer et ne pas se laisser déstabiliser par l’apparente immobilité du texte ou ses changements de rythme, si on veut s’imprégner de l’ambiance et profiter pleinement de sa lecture.

Chronique de Jean-Pierre Binet

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