« Pêcheur de la mer Intérieure » de Ursula Le Guin

Sommaire :

  • – Sur les raisons de ne pas lire de science-fiction (préface de l’auteur)
  • – Première rencontre avec les Gorgonides
  • – Le Sommeil de Newton
  • – L’Ascension de la face nord
  • – La Première Pierre
  • – Le Kerastion
  • – L’Histoire des Shobies
  • – La Danse de Ganam
  • – Le Pêcheur de la mer Intérieure

Un mot d’abord de la préface, qui porte finalement assez mal son titre ; Ursula Le Guin parle surtout des raisons qu’elle a, elle, d’aimer la science-fiction et de la plus importante de toutes à ses yeux : sa beauté. Ce n’est pas une nouvelle, certes, mais un très beau plaidoyer pour un genre qui nous est cher. On retrouve dans ce texte la sensibilité de l’auteur, son ouverture, sa tolérance et cette écriture toute en nuance qui lui est propre.

Trois récits de ce recueil – L’Histoire des Shobies, La Danse de Ganam et Un Pêcheur de la mer intérieure – relèvent explicitement du cycle de l’Ekumen, vaste série de romans et de nouvelles qui, sans être une œuvre « fermée » et chronologique, mérite toutefois cette appellation par la cohérence des histoires et des lieux. Dans ces trois nouvelles, Ursula Le Guin explore les effets d’une découverte majeure : le Churten, prolongement de l’Ansible. Si ce dernier autorise les communications instantanées entre les planètes, quel que soit le nombre d’années-lumière qui les séparent, le Churten, quant à lui, permet le voyage instantané. Après avoir imaginé ce système, l’auteur joue à en concevoir les conséquences, les paradoxes, et nous offre avec le Pêcheur notamment, une histoire émouvante. Revers de la médaille toutefois, pour qui n’est pas familiarisé avec cet univers, on a un peu la sensation d’être laissé « au bord de la route », sans les codes de ces mondes.

Première rencontre avec les Gorgonides et L’Ascension de la face Nord sont deux petites pépites d’humour, qu’on prend beaucoup de plaisir à lire (en particulier la première). Le sommeil de Newton m’a moins convaincue.

Enfin, deux très jolies nouvelles méritent à elles seules le détour. Le Kerastion a des accents de conte et joue la carte de l’émotion dans une histoire tendre et sensible au cœur d’une société de castes et de tabous. La Première Pierre, quant à elle, est une parabole chargée de colère, hymne à la Liberté qui marque le lecteur de son empreinte. L’écriture, d’une grande force d’évocation, rend presque palpables ces terrasses de pierres, les couleurs et les dessins si chargés de sens. On garde longtemps en mémoire l’intelligence, la chaleur humaine, l’espoir et la tolérance, la souffrance et la solitude, tout un monde de sentiments, plein de nuances et de subtilité que seuls les grands auteurs savent faire partager à leurs lecteurs. La beauté aussi…

 

Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère

Éditeur Souffle du rêve
Auteur Ursula Leguin
Pages  278
Prix 19€

A propos de Richard

"Ça mériterait un bon coup de pinceau" que j'ai eu la folie de dire. "Tiens voila les clés" fut leur réponse. Voila comment on se retrouve webmaster chez PdE...

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