Depuis des millénaires, la chair modèle la pierre, la pierre abrite la chair. Et toute l’histoire de l’humanité est liée à la pierre. Myriame vient de décrocher un job – alimentaire – de veille informatique à la Zuidertoren, une société située dans un vieil immeuble du quartier de Bercy.
Les débuts sont difficiles pour la jeune femme, entre les lieux, humides et glacés, et un logiciel espion, Pretty Face, qui vérifie via l’écran de l’ordinateur, ce que font les employés. C’est par cette application qu’elle fait la connaissance d’un des dirigeants de la société, Sir Duncan Vane, basé en Ecosse. Le côté suranné du personnage, sa beauté irréelle, l’intrigue, et un intérêt réciproque se fait vite jour.
Pourtant comment une idylle serait-elle possible entre eux ? Car si Myriame est une jeune femme « normale », Duncan n’est pas un homme comme les autres. C’est un lémure, c’est-à-dire un spectre ne parvenant pas à trouver le repos et hantant les lieux où il a trouvé la mort. Il peut prendre apparence humaine, mais sa vraie nature c’est d’être le mur, l’immeuble, la Ville, la pierre.
Comment l’amour va-t-il trouver sa place dans ce contexte ? Et pour complexifier l’intrigue, les lémures sont pourchassés par d’autres créatures, et Myriame va se trouver mêlée à cette lutte. Embarquée par son amant, elle va parcourir avec lui des lieux insoupçonnés de la Ville. Et quel plaisir alors de découvrir Paris sous cet autre jour ! La tour Saint-Jacques, les toits de l’Opéra Garnier, les Catacombes, la bibliothèque de l’Académie française sont racontés d’une toute autre façon.
Catherine Dufour aime Paris qui le lui rend bien. Ce roman est aussi l’occasion de dénoncer, avec un humour caustique bien présent, le monde du travail où les grands patrons dirigent leurs employés, maintenus dans une précarité voulue, et fliqués via des logiciels espions. Entends la nuit, mélange de Twilight version adulte, et de Cinquante Nuances revisitées, est un roman d’urban fantasy qui ne laisse pas indifférent, avec une fin inattendue et une porte ouverte pour une éventuelle suite.
Chronique de Michelle ‘1642’ Gagnère