Angélica Gorodischer est reconnue dans son pays pour son œuvre politique et littéraire, comprenant des romans teintés de magie poétique.
Où veut-elle nous entraîner dans ce flot de paroles du troublant Trafalgar ? Ces lieux extraordinaires visités par lui, existent-ils dans le vrai monde ? Ou bien s’agit-il de fables avec une réalité cachée ?
Trafalgar n’est pas un menteur. C’est un conteur, dans la tradition des contes oraux de notre enfance. S’il prétend voyager dans les étoiles et visiter des planètes exotiques, c’est pour donner des couleurs à sa vie. Pour en faire une vie rêvée.
Et quelle imagination ! Que de voyages fabuleux à raconter à l’assistance hypnotisée et consentante. Ce « griot » a le don de subjuguer son auditoire. Angélica prétend qu’elle connaît bien Trafalgar, et même elle apparaît en personne dans plusieurs histoires, en tant que son auditrice préférée. Elle dit qu’elle n’a fait que retranscrire ses paroles dans ce livre, et d’ailleurs qu’elle l’a souvent prévenu de son intention d’écrire.
Ce sont des chroniques pleines d’humour et de fantaisie. Ce n’est pas un livre qui se lit d’une traite, mais plutôt un chemin qui s’apprécie tout doucement, lentement, récit après récit, en musardant. Par exemple en stoppant net après une belle histoire bien contée, puis en revenant le lendemain pour reprendre le roman en main, attiré irrésistiblement par la verve et le talent de narrateur de Trafalgar. Et peut-être après avoir réfléchi une nuit sur le sens de ses paroles. Ces récits, au coin du feu, ont gardé le goût de pain d’épices des « Il était une fois » d’antan.
Chronique de Marie-Christine ’1562’ Bussière