Dans cette société hyper-connectée où chacun veut connaître à tout moment la vie de ses proches en même temps que l’état du monde, le docteur Verrick a mis au point une opération du cerveau qui fait ressentir aux couples les émotions et sentiments du partenaire.
Trent a demandé à Briddey, sa collègue de travail et petite amie, de tenter cette opération avant de se fiancer, pour confirmer leur attachement l’un pour l’autre. Leur employeur développant un téléphone révolutionnaire, l’ambiance est à la fébrilité. Les réunions se multiplient, tout le monde est sur les nerfs, Briddey n’a pas une minute à elle et se trouve toujours sollicitée, soit par ses collègues, soit par sa famille : sœurs, nièce, tante, qui n’hésitent pas à la déranger à longueur de journée, chez elle ou à son bureau.
L’opération se passe bien, mais dès son réveil, alors qu’elle pense recevoir les émotions de son amant, elle perçoit une voix, qui n’est pas celle de Trent mais d’un autre collègue, C. B. Schwartz. Or elle ne devrait pas entendre des voix, ni avoir la possibilité d’y répondre par la pensée, et le cauchemar commence car elle se rend compte qu’elle est devenue télépathe.
Sans compter que Trent la harcèle pour qu’elle communique avec lui, mais sans résultat, et que d’autres voix se mêlent bientôt à celle de son collègue à tel point qu’elle est submergée et ne sait plus comment s’en sortir. Aidé par C.B. Schwartz, pressée par Trent, bousculée à tout instant par sa famille, elle va commencer une quête d’elle-même et de son « pouvoir », qui va la mener à comprendre que ce qu’elle pensait n’était pas tout à fait la réalité.
Comme toujours avec Connie Willis, ses personnages n’ont pas un instant de répit, n’ayant jamais la possibilité de se reposer ou de faire ce qu’ils ont prévu. Le roman est mené à toute allure, un coup de théâtre à chaque fin de chapitre, une citation à chaque début (Shakespeare ou Lewis Caroll entre autres) ce qui entraîne le lecteur dans cette ronde infernale.
Ajoutons que dans le récit, on arrive souvent, en aparté, sur d’autres sujets, comme les comédies musicales ou les chansons et notamment Ode to Billie Joe de Bobby Gentry dont l’auteure décrypte les paroles avec un plaisir évident. Beaucoup d’humour dans cet ouvrage qui, s’il présente quelques longueurs, car certains passages ne font pas avancer l’histoire, est drôle et toujours intéressant.
Chronique de Jean-Pierre ‘931’ Binet