« Créature du miroir » de Jess Kaan

Bavignies est une petite ville où il ne se passe pas grand-chose, ou presque. Jusqu’au moment où des meurtres sordides y sont commis, bouleversant quelque peu la tranquillité de ses habitants. Ludwik et Aleksandre sont deux frères qui n’ont pas été épargnés par la vie. Bien malgré eux, les deux adolescents vont être impliqués dans cette histoire fantastique où les cadavres s’accumulent…

Je vais commencer par les points négatifs, histoire de ne pas rester sur une note déplaisante pour un bouquin qui ne le mériterait pas. Tout d’abord, il y a le style qui, malgré quelques très belles fulgurances, m’a paru parfois sans relief, notamment dans les dialogues. Tout le monde n’a pas la même exigence à ce niveau-là, mais pour ma part j’aime me laisser transporter par la musicalité des phrases. Ce n’est pas pour rien que j’apprécie tout particulièrement des auteurs tels que Priest, Wilson ou le regretté Banks. A contrario, l’auteur fait preuve d’un réel talent dans les parties relatant des faits qui se produisent dans le passé, avec un style évoquant celui des écrivains du XVIIIe siècle. Malheureusement, ces passages ne sont pas prépondérants. Et quand je parlais de fulgurances, un seul exemple, l’incipit du chapitre 20 : « Un escalier moucharde toujours ». Magnifique, non ?

En ce qui concerne les points positifs, ils sont heureusement beaucoup plus nombreux. L’intrigue, reposant sur un scénario très malin, balade le lecteur d’une époque à l’autre. En fait, sur trois époques : le présent avec les jeunes, dix années auparavant avec un certain Lucien Delcourt et trois siècles dans le passé. Et même si le présent est prépondérant, les allers-retours dans le passé sont très bien vus, car, à petites touches, ils sont tout à fait éclairants sans jamais être prévisibles. Ensuite, il y a les personnages, attachants, que l’auteur campe avec brio. J’ai d’ailleurs hâte que ma fille puisse lire ce livre pour voir à quel point ces « héros » ordinaires sont bien vus. Ces 400 pages se lisent avec une telle facilité (malgré le style qui ne me correspond pas, mais je n’y reviens pas) que jamais on ne boude son plaisir, jusqu’à un final formidable explosant tel un feu d’artifice et un dénouement qui, gageons-le, laissera plus d’un lecteur pantois.

Juste un petit mot sur le livre lui-même. Une microstructure telle que les Éditions Les Lucioles(que je découvre ici) vaut bien les plus grandes maisons. Pas ou peu de coquilles, belle couverture (signée Sylvain Sarrailh, encore une découverte), marque-page (ces attentions sont rares de nos jours). Bref, de la belle ouvrage que je souhaitais mettre en avant.

Au final, si comme moi vous voulez découvrir un auteur avec une histoire fantastique (au propre comme au figuré), n’hésitez pas à dépenser 15 € pour passer un bon moment de lecture.

À signaler :Créature du miroir a reçu le Prix Masterton catégorie roman en 2013.

Chronique d’Antoine ‘1589’ Chalet

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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