Jennifer Strange est une adolescente de 15 ans. Orpheline travaillant pour une école de magiciens, elle monnaye les services de ces derniers contre des espèces sonnantes et trébuchantes.
Dans cette Angleterre uchronique fragmentée en une kyrielle de royaumes, la magie a survécu jusqu’à l’époque contemporaine. Mais elle se fait rare et les sorciers sont tout juste bons à effectuer de menus travaux de plomberie ou à convoyer des denrées périssables en tapis volant. Tous savent que l’Ancienne Magie va disparaître et ils guettent anxieusement le moment où ce qui leur reste de prestige disparaîtra à jamais.
Lorsqu’une prophétie annonce la mort du dernier dragon, Jennifer découvre qu’elle est la tueuse de dragons, dernière représentante d’une confrérie dont les membres jouissent d’un prestige immense, mais d’une espérance de vie réduite. Du jour au lendemain, elle devient la personne la plus courue du royaume. Harcelée par les médias et les magnats de l’industrie qui veulent utiliser son image dans des publicités pour des sodas, Jennifer aura fort à faire pour agir selon sa conscience. Heureusement, elle a un caractère bien trempé et un allié inattendu : un quarkon, une créature magique aussi laide que féroce.
Je le confesse, je suis fan de Jasper Fforde. Entre l’Affaire Jane Eyre (et ses suites) et la série du « Bureau des crimes des comptines » (« Nursery Crime Division », non encore traduit), ses livres sont de vrais monuments de loufoquerie truffés de références aux classiques de la littérature anglaise. Il signe ici son premier roman destiné à un public de « jeunes adultes » et, ma foi, il réussit parfaitement son coup.
On retrouve les classiques de Jasper Fforde : une héroïne forte (qui ressemble à une Thursday Next en plus jeune), un univers délirant à souhait et l’humour qui a fait la renommée de l’auteur. Mais alors, quelle différence y a t-il entre un Jasper Fforde « pour ados » et un Jasper Fforde « pour les grands » ? Pas grand chose, à vrai dire, on aura juste un peu moins de clins d’œil à Shakespeare, Dickens et Jane Austen, ils sont remplacés par d’habiles déformations des poncifs de l’Heroic fantasy.
L’intrigue, même si elle est destinée à un public plus jeune, est bien ficelée et permet de bien poser des personnages aussi drôles qu’attachants. En bref : un livre qui ravira autant les fans de Fforde que les autres. À lire absolument.
Chronique de Philippe Deniel
Très bonne chronique (et je ne dis pas cela parce que je l’au écrite 😉 😉 ). Elle n’était pas déjà parue dans le magazine PdE ?
Si, les chroniques des anciens numéros basculent progressivement en ligne