En incipit de l’ouvrage, on peut lire que la science-fiction a été bannie de Chine pendant 30 ans, et qu’elle revient actuellement au premier plan. Cela éclaire le ressenti face à ce recueil de nouvelles, certes intéressantes, mais dont beaucoup semblent très datées, tant dans leurs thématiques que dans leur traitement.
Hao Jingfang s’intéresse à l’humain, à la solitude, et souhaite aborder des sujets forts. Elle traite de l’envahissement, de l’assimilation, de la colonisation, de la place de l’art dans la vie, de la culture, de la nécessaire adaptation aux changements.
Le style est plutôt plat, tellement académique qu’il manque d’émotions et l’on frise parfois l’ennui lors de la lecture (à moins qu’il ne s’agisse d’un problème de traduction ?). Hao Jingfang a des idées, mais la construction de ces récits souffre d’une absence de profondeur ; j’ai souvent eu du mal à me représenter ce qu’elle décrit, les intrigues sont quelquefois délaissées et le lecteur ne parvient pas à entrer dans ces univers.
Quelques bons textes relèvent toutefois l’ensemble, et donnent à voir une subtilité et une imagination que l’on aurait aimé trouver dans toutes les nouvelles. Le Palais Epang, par exemple, raconte l’histoire d’un homme amené à suivre le premier empereur de Chine, Qin Shi Huang, dans une aventure rocambolesque et non dénuée d’humour, qui offre une réflexion pertinente sur le statut et le pouvoir des puissants.
L’Envol de Cérès se démarque également, avec une sensibilité et une émotion palpables. Hao Jingfang propose une intéressante variation sur les manipulations économicopolitiques d’une population innocente, en particulier des enfants.
Enfin, Pékin Origami (que l’on avait pu découvrir dans l’anthologie 2017 des Utopiales et lauréate du Prix Hugo 2016) est un récit dystopique, dans lequel la ville de Pékin est formée de trois espaces distincts socialement, spatialement et temporellement. Les habitants subissent le « basculement », le repliement de leurs immeubles afin de céder la place à d’autres, à intervalles réguliers. Si la ville 1 dispose de 24h tous les 2 jours, la ville 2 n’en a que 16, et la ville 3, seulement 8. Le reste se passe en hibernation. Les villes sont imperméables les unes aux autres et constituées de classes sociales bien distinctes. Lao Dao, prolétaire de la cité 3, va se faufiler d’un espace à l’autre, en dépit du danger, pour payer l’école à une petite fille qu’il a recueillie. Dans cette nouvelle, l’autrice parvient à donner vie à un univers complexe et à proposer une façon originale de traiter ce sujet. Son personnage a une épaisseur qui le rend sensible et c’est un texte qui marque les esprits.
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère
Nous en pensons
Notre avis
2.5
Hao Jingfang s’intéresse à l’humain, à la solitude, et souhaite aborder des sujets forts. Elle traite de l’envahissement, de l’assimilation, de la colonisation, de la place de l’art dans la vie, de la culture, de la nécessaire adaptation aux changements. Le style est plutôt plat, tellement académique qu’il manque d’émotions et l’on frise parfois l’ennui lors de la lecture (à moins qu’il ne s’agisse d’un problème de traduction ?). Hao Jingfang a des idées, mais la construction de ces récits souffre d’une absence de profondeur ; j’ai souvent eu du mal à me représenter ce qu’elle décrit, les intrigues sont quelquefois délaissées et le lecteur ne parvient pas à entrer dans ces univers.