Compte-rendu de l’Atelier d’écriture de Lionel Davoust 1/5

Article initialement publié sur Cyber Gobelin.

Cet article, et les quatre suivants seront consacrés à un atelier d’écriture, ma foi fort intéressant et prolifique, animé par Lionel Davoust. J’ai eu la chance d’y participer le week-end du 20-21 septembre 2014.

Le thème de l’atelier, était l’écriture des scènes d’action. Nous avons travaillé sur quatre exercices qui ont abouti à quatre textes. Chaque exercice avait ses propres consignes.

 Lionel a commencé l’atelier par nous parler des scènes d’action : leur utilité ainsi que les techniques de base pour les écrire.

 Voici ce qu’il en dit, et ce que j’en ai retenu et compris.

Le principe d’une scène d’action, est de mettre les protagonistes (le héros, le plus souvent, mais pas que) en danger. La notion, ici centrale, de danger, passe par un enjeu qui doit être présenté au lecteur assez tôt dans la scène (mort, blessure grave, perte d’un proche, honneur…). Cela crée une tension. Il est important de faire vivre au lecteur le danger, de l’impliquer.

Le secret de la réussite d’une telle scène est d’en faire varier le rythme. Il est important de ne pas partir trop vite. S’il part à 200 à l’heure, l’auteur risque de s’essouffler… Ou pire, d’essouffler le lecteur ! Et de le décevoir à la fin. Le rythme doit au contraire varier. Chaque variation de rythme (lent vers rapide notamment) aura un impact. L’impact sera plus fort si la différence de rythme est grande. Dans le cas d’un rythme soutenu et régulier la scène risque de s’essouffler. D’où l’importance de la rupture.

Les scènes d’action sont des scènes « plaisir ». Elles doivent faire vivre le lecteur par procuration une situation qu’il ne rencontrerait pas dans sa vie quotidienne. De fait, ce que l’auteur doit viser  c’est impliquer le lecteur.

Quels sont les moyens ?

En premier lieu : l’enjeu (comme dit plus haut, l’enjeu peut être la mort, une blessure grave, la perte d’un proche, l’honneur et bien d’autres choses). Pour que l’enjeu tienne ses promesses, le lecteur ne doit pas savoir que le personnage auquel on l’identifie va s’en tirer, par exemple, dans le cas où l’enjeu est la mort. Ou, si le protagoniste est Superman, et donc le lecteur sait qu’il va s’en tirer, l’intérêt sera de savoir comment il va s’en tirer.

Deuxièmement, la scène doit être claire. Il est important de suivre son déroulement de façon visuelle et cohérente. Si le lecteur ne sait plus qui fait quoi, qui est ou etc, il va sortir de la scène. Le plaisir est gâché.

Enfin, pour que la scène soit efficace, il vaut mieux ne pas tergiverser. Il s’agit donc de favoriser les descriptions opérantes : introduire les éléments (de décors par exemple) au moment où ils entrent en jeu. Plutôt que de passer un paragraphe à décrire une pièce et son mobilier, il vaudra mieux le faire à travers une action. On gagne du temps et de l’efficacité.

Il est donc nécessaire d’avoir fait quelques recherches : types de blessures auxquelles on peut survivre par exemple, leurs répercutions sur la mobilité, l’utilisation des armes, leur poids, leur effet. Les techniques de combat, les machines de guerre, les animaux (poursuite à cheval). Tout cela favorisera une impression de réalisme, donnera une impression de maîtrise. Comme on l’a dit, il ne faut pas perdre le lecteur. Dans le même ordre d’idée, l’auteur devra avant de l’écrire, avoir scénarisé un minimum le déroulement de la scène.

Quelques techniques pour ce qui est de l’écriture :

Utiliser un point de vue personnage fort  est recommandé. Cela impliquera le lecteur. De plus, l’enjeu de la scène créera un attachement mécanique.

Préférer des phrases courtes et percutantes. Éviter autant que possible, les platitudes et les phrases  hachées (le combat d’un bègue).

Se ramener au personnage, au ton du personnage. Les personnages sont les éléments centraux de la scène. Si la scène est vécue à travers eux, il est important de faire sentir leur ton. La scène doit avoir du corps. On alternera entre les plans larges (d’ensemble) et les plans resserrés, plus charnel et physiques.

Éviter de trop utiliser de verbes de perception. Par exemple, le héros ne « voit » pas un ennemi apparaitre de derrière un mur, l’ennemi « surgit ».

L’enjeu doit être exposé clairement. Le lecteur doit sentir la présence réelle d’une blessure. D’ailleurs, un personnage blessé est bien plus intéressant qu’un personnage mort. Cela représente une perte potentiellement grave pour d’autres. Cela peut être une source de complications… L’auteur doit trouver un enjeu et le faire vivre au lecteur.

L’impact de la scène dépendra de la capacité de l’auteur à en faire évoluer  le rythme. Une scène d’action est une mini nouvelle. Éviter d’aller à fond tout le long (nous avons déjà évoqué l’effet pétard mouillé).

Scénariser la scène d’action à l’avance. Ce travail n’a pas besoin d’être super précis, mais il faut poser les étapes importantes. Ne pas hésiter, quand c’est possible, à vivre soi-même physiquement une scène ; la mimer par exemple.

Éviter le « cogni-cogna ». Intégrer des revirements, des rebondissements. Être créatif dans le déroulement de l’action.

Organiser l’espace. Qui est où ? Qui voit quoi ? Bien penser aux champs de vision. Situer les personnages, les objets, mais ne pas non plus tomber dans le travers trop mécanistes qui frappe souvent les rôlistes.

Garder à l’esprit ce que l’on appelle « le fusil de Checkov » : un fusil sur la cheminée à l’acte I doit être utilisé à l’acte III. L’idée est d’éviter que le lecteur crie au deus ex machina. Mais le risque est que ce même lecteur voie le coup venir. Il faut donc noyer le poisson, être créatif. Il faut penser à des solutions que le lecteur ne voit pas. Des solutions qui émergent. Un lecteur surpris est un lecteur content ! Quoi de plus agréable, quand on lit, que d’être bluffé par l’auteur !

Il est enfin très important d’utiliser toute l’envergure du personnage, des lieux et de l’univers. L’auteur doit donc maîtriser parfaitement ces aspects pour en faire profiter le lecteur, lui faire vivre par l’entremise du protagoniste un lieu exotique ou imaginaire.

Les quatre exercices proposés par Lionel feront chacun l’objet d’un article. Ils seront articulés en trois parties : les instructions, le texte que j’ai écris, et quelque commentaires émis à la suite de la lecture à voix haute dudit texte.

 Vous verrez comment je me suis déchiré sur le premier exercice et comment je me suis pas trop mal démerdé sur les autres. Surtout, cet atelier d’écriture a débouché sur la création d’un nouveau personnage que vous allez découvrir et que je vais, je pense, exploiter au cours du tout proche NaNoWriMo de novembre.

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