
Eutopia, c’est d’abord l’autobiographie d’Umo, un garçon que nous découvrons lorsqu’il est enfant à Pelagoya, jouant de manière insouciante avec ses camarades, et élevé comme ses camarades de manière collective par les adultes du village, dans un monde « étrange », dont les principes ne sont visiblement pas ceux du monde dans lequel nous vivons.
Nous accompagnons Umo au cours des différents chapitres de sa vie : école, lycée, début de la vie professionnelle, université, engagement politique… 12 chapitres comme les 12 mois de l’année. Chaque chapitre est l’occasion de suivre Umo et de découvrir son monde par petites touches, et sous de nombreuses facettes : l’art (la musique, le dessin), la technologie, l’économie, la politique, mais aussi l’amitié, l’amour, le désir, la famille, la mort.
Oui, ce livre est une œuvre de SF, une projection de notre monde dans un futur post-capitalistique, où il n’y a de propriété que d’usage, où santé, éducation, justice, logement, alimentation sont des droits inaliénables, où il est de la responsabilité de chacun de modérer son impact environnemental. Ces grands principes sont listés en préambule du roman, inspirés de travaux de Bernard Friot, sociologue et économiste français qui a théorisé la notion de salaire à vie avec l’association d’éducation populaire Réseau Salariat.
L’auteur, Camille Leboulanger reste dans le flou concernant le positionnement temporel de ce futur utopique par rapport à notre présent. Aucun marqueur temporel précis n’est évoqué, mais quelques références musicales nous montrent que ce monde pourrait bien être le nôtre, et que ce futur pourrait être un futur proche.
Mais Eutopia est davantage qu’un simple exercice de style qui aurait pu se montrer artificiel, c’est surtout une œuvre intelligente, une chronique au long cours, avec des personnages, Umo, Gob, Livia, Ulf, et plein d’autres, dont les parcours de vie pourraient ressembler aux nôtres. Que l’on soit d’accord ou pas avec les idées proposées, Eutopia nous offre aussi un espace de réflexion, nous permettant de nous interroger sur notre monde et de mesurer par l’exemple ce qu’une telle société utopique pourrait avoir en termes d’avantages, mais aussi de limites.
Camille Leboulanger nous avait déjà habitués à une SF étrange, sociale et engagée (Ru, L’Atalante, 2021) ou à une fantasy évoquant art et musique (Bertram le Baladin, Critic, 2017). Après Le Chien du Forgeron (2021), l’équipe éditoriale d’Argyll, jeune maison d’édition rennaise éthique, sociale et solidaire, lui donne avec Eutopia une nouvelle occasion « d’écrire ce qu’il voulait ». Et cette liberté créatrice trouve ici un magnifique écrin, avec une superbe couverture de Xavier Collette, sur laquelle on peut s’attarder longtemps après avoir refermé l’ouvrage.
Chronique de Philippe ‘689’ Leray
Nous en pensons
Notre avis
4,3
Ce livre est une œuvre de SF, une projection de notre monde dans un futur post-capitalistique, où il n’y a de propriété que d’usage, où santé, éducation, justice, logement, alimentation sont des droits inaliénables, où il est de la responsabilité de chacun de modérer son impact environnemental. Nous accompagnons Umo au cours des différents chapitres de sa vie. Cette liberté créatrice trouve ici un magnifique écrin, avec une superbe couverture de Xavier Collette, sur laquelle on peut s’attarder longtemps après avoir refermé l’ouvrage.
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