Sous ce titre, Mnémos a regroupé en un seul volume Faërie Hackers et Faërie Thriller, publiés l’un en 2003, l’autre en 2005. Après le « Cycle de La Lune », trilogie steampunk éditée par la même maison, Johan Heliot (pseudo de Stéphane Boillot) traite aussi la féerie de façon décalée et avec un humour bien à lui.
Faërie Hackers mêle contes, série noire et jeux vidéo en un cocktail détonnant, alterne présent et passé plus ou moins lointain – pas pour rien que l’auteur a enseigné les Lettres et l’Histoire ! – et tisse des interférences complexes entre trois mondes. Sous la Surface (domaine des humains et du progrès technique), des êtres magiques peuplent Faërie. Paradoxe : les fées y sont les parentes pauvres. Cela remonte aux « guerres anciennes ». Depuis que le clan de la Couleur a vaincu l’Infrasombre et enfermé les démons dans le Rebut, le Roi Couleur gouverne Faërie. Mais les crimes de la Shoa ouvrent soudain une brèche par laquelle s’évade le plus cruel des démons, Mass’Erzelt, qui va recruter chez les humains des alliés pour détruire Faërie. Le presque-dragon Obrasian confie la contre-attaque au Capitaine Lartagne – pas un hasard si ce nom évoque D’Artagnan ! –, à la provocante fée Lil (exilée à Paris, suite à ses revendications féministes et démocratiques) et à Biborg, nain cupide et mal embouché. Après une bataille épique dans le cimetière du Père-Lachaise, Lartagne et Lil retrouvent le démon dans une entreprise de jeux vidéo qui va lancer ses hackers à l’assaut de Faërie. Au lecteur de découvrir comment la fée « pétroleuse » aura le dernier mot…
À en croire le prologue de Faërie Thriller, la magie serait née d’une peinture préhistorique. Bien plus tard, une série d’événements sanglants conduisent à une nouvelle enquête du séduisant couple Lil-Lartagne. De nouveau, nous naviguons entre la Surface – avec le monde cynique et cruel de l’édition parisienne (de la FNAC Saint-Lazare à la Maison Magillard) – et la Faërie, en nous centrant sur la Folie où Clébédia, bien-aimée d’Obrasian et Archiviste du Royaume, stocke les écrits des deux mondes. Nous découvrons au passage que les préjugés humains sur l’homophobie sévissent aussi en Faërie (nobody’s perfect !). Cependant, les meurtres se multiplient. L’enquêteur humain, le capitaine Vaugé, ne sait plus qui est victime ou coupable. Par ailleurs, d’où viennent les traces « de couleur primitive » relevées par Lil sur les « scènes de crimes » ? Quel secret ont surpris le troll Lark et son compagnon le nain Burgal ? Quelle voix surnaturelle chuchote à l’oreille de l’écrivain Verbellec et de quelques autres ? Ne faut-il pas chercher la clé dans le passé mythique de Faërie ? Le mystère s’éclaircira, bien sûr, et le roman finira par un pied de nez : une savoureuse parodie de revue de presse qui vient confirmer l’impression que le monde de l’édition est un panier de crabes.
Bref, une conclusion bien dans la note de ce roman qui mêle avec brio une enquête policière pleine de suspense, une satire sociale au vitriol, tout en laissant place à l’humour, à la tendresse, aux références mythologiques et à une intéressante réflexion sur les rapports entre magie et imagination. Bref, Johan Heliot ne dément pas son originalité.
Marie Renée Lestoquoy
Nous en pensons ...
Notre avis
4.2
Bref, une conclusion bien dans la note de ce roman qui mêle avec brio une enquête policière pleine de suspense, une satire sociale au vitriol, tout en laissant place à l’humour, à la tendresse, aux références mythologiques et à une intéressante réflexion sur les rapports entre magie et imagination. Bref, Johan Heliot ne dément pas son originalité.