La guerre des dieux a fait rage et les démons furent vaincus. Exilées sur terre, les monstrueuses créatures ravagèrent le monde des hommes jusqu’à ce que les dieux envoient le grand héros Ramrowan, qui les repoussa dans les mers. Siècle après siècle, dieux et démons tombés dans l’oubli devinrent des légendes. Les humains perdirent la foi.
Ainsi débute l’Âge de la Loi, où l’homme règne sur la terre ferme, et les démons, sur les océans.
On connaît Larry Correia pour son cycle des Chroniques du Grimnoir, et c’est avec plaisir que le lecteur plonge dans cette nouvelle saga.
Sur cette Terre où les continents sont séparés par des mers infranchissables (puisque domaines des démons et impraticables pour les hommes), le système est organisé en castes, avec à une extrémité, la « prime caste » ou élite sociale, et à l’autre les « intouchables », considérés comme des moins-que-rien pas vraiment humains, et réduits à l’état de biens. Entre les deux, guerriers, marchands, ouvriers, eux-mêmes subdivisés en sous-castes…
Au sommet, les Juges, chargés de définir et interpréter La Loi, aidés dans leur tâche par les Inquisiteurs, qui traquent les croyants et les utilisateurs de magie interdite, et les Protecteurs, sorte de moines-soldats redoutables, triés sur le volet et soumis à un entraînement féroce, au terme duquel, s’ils survivent, ils sont dotés d’une forme de pouvoir par le Cœur de la montagne, qui leur confère une résistance et des aptitudes hors du commun. Ils sont les seuls capables d’affronter les démons, et ont la responsabilité d’appliquer La Loi dans toute sa rigueur et de punir tous ceux qui y contreviendraient.
Ce pourrait être simplement de l’heroic fantasy pure, avec un guerrier quasi imbattable, qui triomphe de tous les dangers grâce à sa force, et, soyons honnête, à l’aide bienvenue de son épée ancestrale, Angruvadal, forgée dans l’acier noir magique et dépositaire des souvenirs de tous ceux qui l’ont portée un jour. Cette épée formidable sélectionne d’ailleurs elle-même son porteur, obligeant ceux qui tenteraient de s’emparer d’elle et qu’elle juge indignes, à se mutiler eux-mêmes, voire à se tuer. Elle a choisi Ashok Vadal, et Ashok Vadal a choisi La Loi. Sans peur ni pitié, il s’est mis à son service et ne vit que pour et par Elle.
Toutefois, le guerrier découvre que sa vie entière est basée sur un mensonge et cela bouleverse sa vision du monde. Comme si cela ne suffisait pas, il va se retrouver au cœur d’un complot monstrueux, qui vise à génocider les Intouchables. Et si le récit semble par moment confus, c’est parce que l’Histoire a été effacée, modifiée dans des buts rien moins qu’avouables, et le lecteur tâtonne comme les personnages à la recherche de la vérité.
Larry Correia s’attache aux pas de ce héros atypique, qui évolue dans la douleur, mais ne néglige pas pour autant les personnages secondaires, tous assez complexes pour retenir l’attention. Il multiplie les arcs narratifs, use à bon escient de flashbacks et distille avec talent les indices qui mèneront aux rebondissements finaux.
Le roman se dévore avec plaisir, tant pour ses scènes homériques que pour ses intrigues passionnantes. L’univers est particulièrement riche, tant sur ses structures sociales, son histoire que sa géographie, et Larry Correia y engage une vraie réflexion sur les rapports de pouvoir, la corruption des élites, le combat pour la Justice et les révoltes contre l’insupportable violence faite aux plus faibles.
Si certains éléments font immanquablement penser à d’autres sagas (Moorcock, évidemment), il s’agit plus d’un hommage que d’un emprunt, tant le monde proposé ici est original par bien des aspects.
Remarquablement écrit par un auteur au style très visuel et plein de rythme, qui décrit avec brio batailles homériques et scènes de boucherie, mais qui sait aussi créer des personnages riches et plein de subtilités, ce roman confirme, s’il en était besoin, le formidable talent de Larry Correia !
Éditions Atalante – Collection La Dentelle du Cygne – septembre 2017
512 pages – 25,90 €
"Nous en pensons..."
5
Remarquablement écrit par un auteur au style très visuel et plein de rythme, qui décrit avec brio batailles homériques et scènes de boucherie, mais qui sait aussi créer des personnages riches et plein de subtilités, ce roman confirme, s’il en était besoin, le formidable talent de Larry Correia !
Bon, désolée, on a un problème d’image : c’est pas la bonne, évidemment!! On essaie de corriger 🙂