Au tout début du récit, le royaume de Sarda est dans une bien triste situation. Il ploie depuis des décennies sous le joug de ses puissants voisins, les Sabès.
Seules garantes des frontières et autorisées à porter les armes, les cavalières, des femmes guerrières, vivent dans des forteresses aux quatre points cardinaux du pays. Leur nom et leur prestige proviennent, outre de leurs talents martiaux, de leur faculté de se lier chacune à un dragon.
À l’occasion de la mort d’Acquilon, la matriarche du Nord, c’est son écuyère, la très ambitieuse et belliqueuse Eliane, qui lui succède. Et par la volonté de la défunte, la très jeune novice Sophie, qui n’a pas encore eu son premier sang, est nommée écuyère de la nouvelle matriarche. La jeune fille va devoir prouver sa valeur à sa maîtresse, qui n’a que faire de s’occuper de sa formation…
Le royaume, très matriarcal jusque dans son histoire et sa religion, est intéressant, même si on aurait aimé avoir davantage d’informations sur la raison d’une telle situation – ce pays semble bien être le seul dans ce cas !
L’univers est original, la lecture de ce roman est agréable, la plume de l’auteur est soignée, l’intrigue commence à se développer de façon prometteuse. On accompagne alternativement Sophie, qui suit comme elle peut l’apprentissage des cavalières, Eliane qui ourdit une rébellion contre les Sabès et s’engage dans un jeu d’intrigues politiques et de pouvoir, et l’amie d’enfance de Sophie, Penderyn, qui découvre l’existence de cavalières voulant instaurer la démocratie.
Les sentiments des protagonistes sont bien décrits, et les citations de début de chapitre mettent l’eau à la bouche, on s’attend à voir Sophie toucher à un destin glorieux. Mais au tiers-milieu du roman, quand le chemin de la jeune cavalière se met à prendre des airs de prophétie, le récit se met à aller trop vite : des années sont sautées, la moitié des pistes sont perdues en chemin, la majorité des personnages ne sert plus à grand-chose.
Surtout, les promesses de début du roman ne sont pas tenues. Le lecteur a l’impression d’être abandonné au milieu du gué ; il arrive à la fin du roman avec l’impression d’avoir terminé un premier tome, et que tout ne lui a pas été raconté.
C’est très dommage, le monde mêlant féminisme, narration quasi intime à la Robin Hobb et garnisons de dragons à la Anne Mc Caffrey dans un contexte de fantasy très référencé à l’épopée arthurienne pouvait être très intéressant, mais on a l’impression que l’autrice, après avoir posé suffisamment d’idées pour remplir une trilogie durant la première moitié du récit, s’est lassée et a décidé de terminer son récit en 300 pages. Un premier roman prometteur, mais qui laisse un goût d’inachevé.
Chronique d’Olivier ‘1091’ Bourdy