Les organismes génétiquement modifiés, plus connus sous le sigle OGM, sont un des sujets contemporains les plus controversés. Leurs défenseurs mettent en avant des techniques susceptibles d’améliorer les plantes et les animaux, notamment pour affronter les défis des perturbations environnementales futures. Leurs détracteurs soulignent l’ampleur des inconnues scientifiques et des risques possibles, dans un monde qui déclare vouloir appliquer le principe de précaution.
C’est à cette vaste et très actuelle question que s’est attaquée cette anthologie, avec une quinzaine de textes qui vont du plus réaliste au plus fantaisiste. On commence par la fantaisie avec un récit léger, plein d’humour, mais finalement plus profond qu’il n’y paraît : Le plus mignon, de Vyl Vortex. Il révèle bien, hélas, la manière dont les humains tendent à considérer les animaux « domestiques ».
Yann Quero, dans La vallée des hommes-fleurs, nous gratifie d’une nouvelle très poétique, qui fait la part belle à l’imagination. Servi par une plume sensible et très expressive, l’auteur parvient à nous faire voir et sentir ces sublimes fleurs bleues… Changement d’atmosphère avec Loïc Daverat qui nous offre, avec Hic Sunt Monstrorum, une histoire qui évoque irrésistiblement Moby Dick. L’ambiance est soignée, prenante, grâce à une écriture très visuelle.
Manipulations à Milan, d’Alain Rozenbaum, est sans doute le texte le plus « proche » de notre époque, et le plus directement politique. Politicards pourris, industriels véreux, il n’est pas besoin d’une grande imagination pour se projeter dans ce monde-là ! Parfois à la limite du caricatural, l’histoire reste pourtant très vraisemblable, hélas !
Les Ignames de l’Eden de Stéphane Dovert est une très belle chronique, au style impeccable, distillant (très) habilement les indices qui trouveront tout leur sens dans une chute douce-amère. L’auteur parvient à prendre à contre-pied le lecteur à plusieurs reprises, dans ce texte très travaillé.
Pour se remettre de ses émotions, on plonge avec bonheur dans Un cadeau pour Rebecca de Jean-Marc Sire. C’est drôle, parfaitement mené, bien déjanté ; la construction est très bien gérée, au fur et à mesure du développement de cette chose mi-plante, mi-glouton, dont ne viendra à bout qu’un vieux remède de grand-père (au sens propre) !
Une mention spéciale pour le joli texte de Jean-Yves Carlen, Tout dans la nature nous émeut, très poétique ; le contraste entre l’accélération incroyable qu’il raconte et le rythme très posé de son récit est assez fascinant. Retour à l’humour avec Sylvain Lamur et sa Gasconnade. Sans être très original dans le fond, cette nouvelle a le mérite de renouveler le genre en exploitant à fond l’idée des plantes transgéniques accédant à une certaine intelligence.
Anthony Boulanger clôture avec brio cette anthologie grâce à Chimæra Incorporation, qui nous plonge dans un monde destiné à reproduire les terribles erreurs du passé… L’ensemble est parfois un peu inégal, mais parvient, sur un sujet délicat, à tirer son épingle du jeu grâce à de vraies belles réussites.
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère
Nous en pensons
Notre avis
3,8
Les organismes génétiquement modifiés, plus connus sous le sigle OGM, sont un des sujets contemporains les plus controversés. C’est à cette vaste et très actuelle question que s’est attaquée cette anthologie, avec une quinzaine de textes qui vont du plus réaliste au plus fantaisiste. L’ensemble est parfois un peu inégal, mais parvient, sur un sujet délicat, à tirer son épingle du jeu grâce à de vraies belles réussites.