Allez promis, on se dit tout : des heures de gloire aux moments les plus obscurs. Vous ne saviez pas quoi faire de vos prochaines semaines ? Ça tombe bien, nous avons beaucoup à raconter. Car le club Présences d’Esprits est né en septembre 1992. Il a plus de 20 ans, et il est éternel. Pas vous ?
Genèse
C’était un jour de printemps. Les zoziaux couinaient au sommet des maigres arbustes parisiens. Rue du cherche-midi, monsieur Denoël fit son entrée dans le petit bureau d’Yvonne Maillard, l’attachée de presse de la collection « Présence du futur ». Il avait l’air embarrassé, monsieur Denoël.
– Yvonne, dit-il en se raclant la gorge, je travaille sur le budget de la maison Denoël et ça va pas du tout. C’est quoi ce bulletin des lecteurs de Présences du futur ? Au prix du timbre, tiré à plus de 2000 exemplaires ! s’étranglait le grand patron.
Bref, Yvonne négocia un dernier envoi, limité à 500 exemplaires, et 500 lecteurs du bulletin se virent proposer l’adhésion à une nouvelle association : le club Présence du Futur, association loi 1901, déposée à la préfecture de Paris le 9 septembre 1992.
Un peu de préhistoire.
1992, rappelez-vous. Internet balbutiait encore. Et pour le prix d’un appartement ou d’une automobile avec chauffeur, on pouvait s’offrir un modem avec prise téléphonique incluse qui faisait un drôle de bruit avant de déconnecter son ordinateur du réseau. On payait l’utilisation d’Internet à la communication trente-fois le prix d’un litre de pétrole la minute.
À l’époque, on communiquait encore par courrier postal, des lettres manuscrites ou imprimées que de rustres facteurs acheminaient par tout les temps, à pied, en vélo, parfois même à cheval…
Seul, isolé, malheureux, l’amateur de science-fiction avait parfois l’impression d’être le seul de son espèce, un mutant isolé au milieu des Hommes.
Pourtant, de tout temps, à toutes les époques, même les plus lointaines et les plus barbares, l’Homme regardait le ciel avec espoir, admirait les étoiles, imaginant les diverses vies qu’abritaient l’univers et la galaxie. Et il rêvait, l’Homme, d’un club, d’une association réunissant les amateurs de l’imaginaire fantastique.
C’est pourquoi, il guettait le facteur avec impatience, pour voir si aujourd’hui, il recevrait son bulletin des lecteurs de la collection Présence du Futur.
De « Présences du Futur » à « Présences d’Esprits »
Vous l’aurez compris, l’amateur de science-fiction, de fantasy ou de fantastique est un rêveur insatiable, toujours prêt à explorer de nouveaux mondes, à repousser les limites de l’univers connu et à connaître. Bref, c’est tout naturellement que l’association a pris son indépendance vis-à-vis de Denoël et de la collection Présence du Futur et vole de ses propres ailes. Pour marquer le coup en 1996, elle change de nom. Fini « club Présence du Futur », bonjour « club Présences d’Esprits ». « Présences d’Esprits » étant le nom de la revue qu’elle édite et envoie à tous ses membres.
Oui, bon, OK, d’accord. Ce n’est pas le nom le plus sexy ou intelligent qui soit. On dirait celui d’une secte étrange. Mais ça aurait pu être pire encore. Si, si… Pour preuve, le top 3 des noms auxquels vous avez échappé.
Numéro 3 : « SFFF youpi ! » Que d’enthousiasme et il faudra expliquer que SFFF, ce n’est pas science-fiction ffrançais, mais science-fiction, fantasy et fantastique.
Numéro 2 : « Planète des fictions ». Que ne ferait-on pas pour garder les initiales PdF ?
et… numéro 1 : « Des Totos et des lolos ». Eh oui, le nom a bien été proposé à l’époque et a fini dans le tiercé de tête après le vote des adhérents. Il fallait oser, quand même. Vous trouviez que « Présences d’Esprits » était lourd à porter ?
Quelques hauts faits d’armes
Grâce à sa longévité et son implication dans de nombreux festivals, le club Présences d’Esprits mène ou a mené un certain nombre de partenariats.
- Il organise des matchs d’écriture en partenariat avec divers festivals, notamment aux Utopiales.
- Il organise depuis 1996 le concours de nouvelle Visions du futur.
- Il organise une rencontre de fans chaque année, après l’assemblée générale de l’association
- Il participe et contribue à de nombreux festivals d’imaginaire en France
Mais surtout, il publie avec constance des revues trimestrielles (Présences d’Esprits, dès sa création en 1992, et la petite soeur Aventures Oniriques et Compagnie depuis l’an 2000) sans interruption ni gros retard.
Et par le passé :
- Il a organisé de 2012 à 2022 pour le festival des Imaginales à Épinal des matchs d’écritures « écrivains amateurs contre écrivains professionnels ».
- il a cogéré le prix Geekopolis de la nouvelle (pour le désormais défunt festival Geekopolis à Paris)
- Il a organisé le festival Visions du Futur à Paris entre 1996 et 2004. Gros travail sur l’exposition d’illustrations, unique à l’époque pour le nombre d’illustrateurs représentés. (Il organise toujours le concours de nouvelle de même nom).
- Il a créé et géré le prix Merlin (prix du public des meilleurs roman et nouvelle francophones de fantasy et de fantastique publiée dans l’année).
- Il a cogéré la sélection des nouvelles pour l’anthologie « Musée des mondes énigmatiques » à l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication, direction des Musées de France, dans le cadre de « Lire en fête » et de « L’invitation au musée ». Anthologie publiée dans la collection Présence du Futur (no600) en 1999.
- Il organise dès 1996 des ateliers d’écriture (ce qui, à l’époque, n’était pas gagné, tant la plupart des professionnels français étaient hostiles à l’idée).
- Il fournit en 1998 pour l’organisation du premier festival Utopia à Poitiers (devenu Utopiale à Nantes deux ans plus tard) la liste et les coordonnées des auteurs et illustrateurs de science-fiction travaillant avec Denoël.
- Le dossier publié dans le numéro 8/9 de « Présences d’Esprits », les formes urbaines, a été repris dans l’anthologie pour la jeunesse « Villes au bord du futur » (anthologie présentée par Denis Guiot, Hachette collection « Vertige », 1997).
Encore un peu de préhistoire.
On dit même qu’avant l’invention de la science-fiction, avant même l’invention de l’écriture, il grava à l’aide de silex le premier fanzine de l’imaginaire fantastique. On en trouve encore des traces dans la grotte de Lascaux. Enfin, vous n’êtes pas obligé de nous croire…
Alors partant pour un grand voyage ?
Que vous souhaitez embarquer dans un grand vaisseau interstellaire pour une longue croisière galactique ; que vous vouliez lutter contre la tyrannie, la déshumanisation et le Grand Ordinateur ; que votre rêve soit de chevaucher un dragon ; d’être initié aux rites de l’obscur culte de Qui-vous-savez (surtout ne jamais prononcer Son Nom) ; les univers de l’imaginaire fantastique sont riches et incommensurables. Faites partager votre passion !
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Je lis de la SF et du Fantastique depuis l’âge de 12 ans ( 1969 ) … et l’autre jour, achevant le nième tri de ma bibliothèque, je vend, je donne, je jette tout ce que je n’ai pas lu au moins deux fois, je retrouve » Au rendez-vous des mutants « , annuaire du Club PdF, Avril 1995 ! D’où l’inspiration de » googler » le titre en question et … la découverte de ce site ! Merci d’exister !
Pareil !
Inscrit vers 1994, lauréat du prix de la nouvelle en 1996, contributeur aux premiers numéros du fanzine, je viens de découvrir que le club existe toujours.
N’est pas mort qui a jamais ( ne ) dort ( pas )…
Bonjour, j’ai envoyé plusieurs nouvelles dans les années 1997 ou 19998 j’aurais aimé les récupérer est ce possible ?
Emmanuelle Laurent,
À l’époque je vivais à Draguignan