« Entre rêves et irréalité » anthologie dirigée par Stéphane Dovert

Très beau sujet que celui proposé là par Stéphane Dovert et les Éditions Arkuiris, fidèles à leur réputation de qualité. Sujet casse-gueule aussi, s’il en est, avec le risque du fameux « ce n’était qu’un rêve » détesté par bon nombre de lecteurs (et moi la première). Pas moins de vingt-six auteurs se sont attelés à la difficile tâche d’illustrer ce thème, c’est dire si nombre de nouvelles sont courtes, voire très courtes.

Petit tour d’horizon des textes les plus marquants de cette anthologie : L’Homme et le songe, de Tom Ariaudo est un joli conte poétique, une mise en bouche subtile qui augure bien de la suite et permet d’entrer en douceur dans le propos. Le Numéro 102, d’Éric Lysøe est un habile mélange de rêve/cauchemar ; le lecteur se demande jusqu’au bout s’il s’agit d’un vrai récit de SF ou si tout n’est que le rêve d’un fou. On finit donc l’histoire sans trop savoir si on ne s’est pas fait avoir quelque part !

Mention spéciale pour Sauvés par une couronne d’épines, de Stéphane Dovert – même si la phobique des araignées que je suis a eu beaucoup de mal à l’évocation de ces horribles arachnides ! C’est excellent, bien mené, bien écrit, avec des pointes d’humour et une jubilation contagieuse à la lecture d’une fin… savoureuse ! Changement de registre avec Loïc Daverat et son Narcolauste, une histoire au cynisme indéniable, où l’on se rend compte qu’il vaut mieux réfléchir avant d’imposer une responsabilité citoyenne forcée : le don de sang obligatoire engendrera ici l’extinction de l’humanité.

Très belle illustration du thème avec Ian Kwiatowski et son Rêve d’Épines et d’Ombre. L’écriture est prenante, le texte, très sombre, est émouvant. La sensation d’irréalité est très présente à la lecture. Petite respiration avec une nouvelle très courte de Yann Quero (une fois n’est pas coutume), légère et drôle : Sur la plage de Datah.

On reste dans le registre de l’humour bien maîtrisé avec Mieux qu’Hollywood, de Robert Yessouroun et son excellente chute. Retour à un texte de SF plus prononcé, très bien écrit, avec une belle fin ouverte : Les Égarés, de F. V. Syam. L’Étoffe des songes, de Dominique Chapron parvient à émouvoir, faire rire et pleurer, avec ce récit tout en nuances, qui parle d’amour fraternel, de science et de vengeance. La fin est très réussie.

Enfin, je tiens à mettre en avant la superbe nouvelle de Lydie A. Wallon, Examen de conscience, qui trimballe son lecteur entre réalité et cauchemar, entre conscience et colère. Le personnage principal s’avère attachant, la construction est très maîtrisée, l’intrigue solide. Une belle réussite !

Au final, ce n’est peut-être pas la meilleure anthologie de chez Arkuiris – on trouve là beaucoup de textes courts, voire très courts et c’est sans doute symptomatique de la difficulté à traiter ce thème. Je suis donc restée sur ma faim avec un certain nombre de nouvelles et l’ensemble est un peu inégal. Toutefois, quelques-unes sont vraiment très réussies et méritent amplement le détour ! Mention spéciale pour la très belle couverture de Nicolas Le Tutour, et félicitations aux correcteurs pour la qualité de leur travail – il met si bien en valeur le talent des auteurs !

Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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