« Les Retombées » de Jean-Pierre Andrevon

Lors d’une journée à la campagne, François, un célibataire trentenaire, est surpris par une catastrophe nucléaire dont on ne saura pas s’il s’agit d’une attaque ou de l’explosion d’un réacteur civil.

L’homme, qui est aussi le narrateur du récit, croise au cours de sa fuite un couple d’enseignants, une jeune fille et un vieux paysan. Après avoir erré dans la campagne, égaré dans la pluie de cendres qui suit l’explosion atomique, le groupe se réfugie dans une ferme abandonnée avant d’être recueilli par des militaires.

On les conduit dans un camp de rétention construit à la va-vite. La suite du récit décrit les conditions de réclusion des personnes récupérées par l’armée sur le périmètre de l’incident nucléaire, parquées dans un site aux relents de camp de concentration. Les hommes y sont dès le début séparés des femmes, pour des raisons d’intimité, et subissent les contraintes de la vie en baraquement : tenues identiques, douches communes, repas de fortune.

Face à l’installation de barbelés et de miradors et au mutisme des personnels soignants et militaires de la base, ils comprennent petit à petit qu’en raison de leur contamination, ils ne pourront jamais sortir vivants de ce camp. Écrit en 1979 (soit l’année de la catastrophe de Three Miles Island), ce récit court, qui n’a pas prétention à rivaliser avec Malevil (le classique de Robert Merle paru sept ans plus tôt) tient sa force de la perception du narrateur.

On ne sait jamais si celle-ci est réelle ou biaisée par le souvenir des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale, un traumatisme qui viendrait calquer une interprétation morbide sur le système administratif mis en place pour protéger les civils rescapés de la catastrophe nucléaire. Ce texte court souligne que face à un événement, sans media, chacun ne détient qu’une part de la vérité. Il dénonce également la facilité avec laquelle, suite à un événement majeur, un système administratif peut devenir inhumain.

Les éditions le Passager Clandestin rééditent depuis quelques années, dans la collection «  Dyschroniques » et sous forme de fascicules contenant à chaque fois un seul texte, des nouvelles de science-fiction qui incitent à la réflexion sur l’avenir des sociétés humaines. On y trouve des auteurs moins connus du grand public (mais incontournables pour les amateurs du genre) tels que Philippe Curval, Poul Anderson ou encore Jean-Pierre Andrevon, qui fait l’objet de cette chronique. 28 livres sont parus à ce jour, dans un format très soigné et épuré. Une belle collection, donc, avec des choix cohérents et engagés du directeur de collection Dominique Bellec.

Chronique de Xavier ‘1762’ Fleury

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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