Flint City. Le corps martyrisé d’un garçon de onze ans est retrouvé, soulevant une vague d’horreur. Les témoins et les empreintes désignent un coupable : Terry Maitland, le très respecté entraîneur de l’équipe locale de base-ball, professeur d’anglais, marié, père de deux filles.
Ralph Anderson, l’inspecteur chargé de l’enquête, connaît bien Terry Maitland et son dégoût est à la hauteur de l’admiration qu’il vouait à cet individu qui a entraîné son propre fils. Lorsque l’ADN vient confirmer la culpabilité de l’homme, le doute n’est plus permis. Sauf que… Terry Maitland se trouvait bien loin de là au moment du meurtre, et les preuves de son innocence sont tout aussi irréfutables que celles qui l’accablent.
La machine policière et judiciaire s’est hélas emballée, la foule a jugé et les événements vont s’enchaîner à un rythme effréné sans que quiconque puisse stopper cette mécanique infernale. L’outsider commence comme un thriller classique, avec sa tension constante, ses péripéties sans temps mort.
Comme à son habitude, Stephen King embarque sans coup férir son lecteur dans cette enquête invraisemblable, entre Oklahoma et Texas. Au fil des pages, on tente de comprendre, on essaie d’imaginer le pourquoi du comment, ce qui expliquerait rationnellement une situation tout bonnement impossible.
Alors, le fantastique pointe son nez et l’auteur se délecte à proposer sa solution étrange et improbable. Sans doute pas assez horrifique pour vraiment surprendre. On attend une explication très forte, on a une créature issue du folklore, sans grande consistance. Le suspense est toutefois bien maîtrisé, la facture de l’ensemble demeure classique, mais assez efficace.
Pas le meilleur King qu’il m’ait été donné de lire, mais il fait le job, grâce à quelques scènes très marquantes (sa description d’une foule haineuse est d’une force qui reste en mémoire…), une construction solide et surtout des personnages bien campés et attachants. Qu’ils soient principaux ou seconds rôles, l’auteur s’attache à leur apporter une épaisseur et une profondeur qui soutient le récit.
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère