Un bonheur n’arrivant jamais seul, voici venu le second tome de l’intégrale des nouvelles de monsieur Jack Vance, 17 textes couvrant la période allant de janvier 1952 à décembre 1954.
Les premières nouvelles recèlent la dextérité avec laquelle l’auteur s’amuse à placer ses personnages dans les pires situations, leur permettant ainsi de faire preuve de cette intelligence pragmatique qui semble propre à certaines Terriennes et Terriens pour s’en extirper avec les honneurs. Et puis, peu à peu, les thèmes changent.
Le Bruit dénote une inquiétude sur cette réussite. Sept façons de quitter Bocz nous fait flirter avec l’absurde. Personnes déplacées est une terrible histoire de migration forcée qui a trouvé ces dernières années de terribles échos dans notre actualité.
Le Professeur distrait fait preuve d’une certaine malice, mais elle va, un jour ou l’autre, se retourner contre lui, puis contre son suivant… Puis vient la longue nouvelle Les Maisons d’Iszm, décrivant ces maisons que le peuple d’Iszm est seul apte à faire pousser, à accompagner afin d’obtenir la construction voulue. Mais la suspicion des uns se heurte à la cupidité des autres.
Entre poésie et écologie, Jack Vance nous invite en eaux troubles. Et de conclure (provisoirement) avec La Princesse enchantée où comment un producteur abuse de ses actrices ! Là aussi, on y entend des résonances d’aujourd’hui.
Cette intégrale montre combien l’auteur Jack Vance a su évoluer, tout en respectant son univers. Il le lie à des faits de société, élargissant les vilenies humaines et extra-terrestres à ce qu’elles ont de plus terrible, mais toujours avec une classe, une poésie dans les descriptions toujours chamarrées. Confirmation, s’il en était besoin, des larges talents de conteur de Jack Vance.
Chronique de Vincent ‘1379’ Delrue