La Compagnie Noire est légendaire : dernière compagnie franche de mercenaires du Khatovar, elle fut présente sur tous les champs de bataille important des quatre derniers siècles… et sur la plupart des autres également. C’est une association de survivants, pour qui tous les coups sont permis à condition d’obtenir la victoire avec le minimum de perte.
Nous ne connaissons la plupart des personnages que par des surnoms évoquant une de leurs caractéristiques : le Capitaine, Qu’un-Œil, la Dame… Cela n’empêche pas de s’attacher à ces personnages au fil de ces annales racontées par un Toubib faussement désabusé qui va évoluer de sa position de médecin militaire à celle de Capitaine de la Compagnie.
Le cycle de la Compagnie Noire comprend neuf romans dont à ce jour seulement cinq sont traduits en France. On ne résumera pas ici les quatre premiers, faute de place, mais leur lecture est très recommandable.
Dans ce cinquième tome, Madame reprend les titres de Capitaine et d’Annaliste. C’est donc un nouveau point de vue qui nous est proposé par l’auteur, plus dur, plus impitoyable et pourtant, plus féminin aussi. Un grand danger se fait jour : une déesse de la mort cherche apparemment à s’incarner à travers Madame pour provoquer l’avènement d’une ère de terreur et de destruction. Ajouté aux dangers déjà connus et aux motivations plus que suspectes des dirigeants de Taglios, la situation de la Compagnie paraît plus critique que jamais et son nouveau Capitaine devra faire preuve de toutes ses qualités de leader pour assurer la survie de ses hommes.
Glenn Cook n’a pas vraiment cherché à décrire la situation géopolitique de son monde. Ce sont les personnages qui l’intéressent. Il nous fait partager les états d’âme des annalistes, mais aussi, indirectement, des autres protagonistes de son histoire. Le trouble de Toubib face à la Dame, les disputes de Qu’un-Œil et de Gobelin, les blessures secrètes de la Rose Noire n’ont aucun secret pour nous et nous aident à nous identifier à eux pour mieux partager leurs aventures.
D’autre part, l’auteur méprise la simple force brute : ce ne sont pas les plus puissants qui gagnent mais les plus rusés, ceux qui savent choisir leur heure et leur terrain. Les deux sorciers de la Compagnie sont les plus faibles de tous ceux rencontrés dans le cycle mais ils sont la clef de nombreuses victoires, notamment par leur faculté à créer des illusions réalistes. Quant à Toubib, loin du stéréotype habituel du héros, il a la cinquantaine à la fin de la première trilogie et est véritablement las de toutes les tueries auxquelles il a assisté. Mais la Compagnie est sa seule famille et il veille sur elle comme un père…
Bref, si vous ne supportez plus la fantasy à la Conan, où tous les problèmes peuvent être résolus d’un grand revers d’épée, pourquoi ne pas essayer la Compagnie Noire ? Et qui sait, peut-être voudrez-vous vous engager pour devenir le prochain Annaliste…
Chronique de Frédéric ‘431’ Bonneville
Éditeur | J’ai Lu |
Auteur | Glen Cook |
Pages | 415 |
Prix | 8€ |