« Sumerki » de Dmitry Glukhovski

Commençons par une question. Pourquoi ce titre pseudo-russe quand le titre original, Сумєрки, se traduit par Crépuscule ? Problème qui m’a perturbé jusqu’à ce que la fin du livre réponde au sens du titre. Mais je ne vois pas en quoi la traduction du titre aurait gâché la lecture, fait deviner à l’avance la conclusion.

Ceci étant, l’histoire semble se présenter comme un simple thriller fantastique : un traducteur, qui travaille normalement sur des textes techniques en anglais, mais qui n’a pas trouvé d’autre travail disponible, se lance dans la traduction d’un vieux manuscrit espagnol, rédigé par un conquistador revenu du Yucatan. D’abord, il n’a que le second chapitre, le traducteur du premier ayant disparu et le commanditaire ne livrant à la traduction qu’un chapitre à la fois. Mais, progressivement, notre traducteur, le narrateur du livre, va se prendre au jeu et se passionner pour l’histoire racontée. D’autant plus que cette histoire semble interférer avec sa vie, et que les menaces s’accumulent sur lui. En même temps que se multiplient les catastrophes naturelles, d’abord lointaines, puis dans Moscou. Notre narrateur en vient à douter de sa propre raison. Mais « la vérité est ailleurs », comme il le découvrira en achevant, malgré tout, sa traduction, qui comportera enfin le chapitre manquant…

Si la fin du roman s’accompagne d’une mise en abyme assez problématique, si je ne dirai pas à quels autres textes ce roman m’a fait penser, car il faudrait le « spoiler », le résultat n’en est pas moins réussi. Sans longueur ni détour inutiles, Glukhovski a réussi un montage d’intrigues parallèles, celle du texte traduit et celle de la narration du traducteur, qui distille un fantastique de grande qualité.

Seuls détails dérangeants : quelques moments où, sous le couvert des opinions du narrateur, apparaissent des réflexions sur le monde actuel qu’on peut trouver assez contestables. Ceci étant, sous réserve de les attribuer au seul narrateur et non à l’auteur et de les considérer comme décrivant son mode de pensée, de sa psychologie, elles peuvent être remises à leur place, heureusement faible dans le roman. Qui ne prétend pas bâtir une description du monde ; plutôt celle de la pensée d’un personnage.

Le rabat, par une citation d’un critique espagnol, attribue à Glukhovski des ambitions littéraires ; à la lecture, elles sont apparemment bien fondées. Et on peut attendre d’autres œuvres de qualité comparable…

A propos de bornandg

Encyclopédie de l'imaginaire sur pattes, il écume les salons de par le monde depuis des éons dont nul humain vivant ne peut se souvenir.

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