« Tous nos contretemps » d’Elan Mastai

Tom Barren est un gros nul, un raté, un looser. En plus, il culpabilise à mort pour avoir, à l’occasion du tout premier voyage dans le temps, complètement annihilé la réalité dont il vient. Et bien sûr, il se retrouve coincé dans notre époque, terrifiante et primitive, alors qu’en 2016, dans la sienne, les progrès technologiques – rendus possibles par l’invention du moteur Goettreider – ont supprimé la guerre, la misère et les métiers sans intérêt.

Tout ça parce qu’il a couché avec l’ex-astronaute Penelope Weschler, devenue chrononaute, et dont il était la doublure. La veille de la date fatidique du premier voyage dans le passé. Sabordant ainsi la mission. À son « réveil » dans notre réalité, il découvre qu’il y est un architecte visionnaire, que son père n’est pas le connard de savant méprisant qu’il a toujours connu, que sa mère n’est pas morte récemment dans un accident et surtout qu’il a une sœur géniale.

Il est déchiré entre la culpabilité qui le pousse à vouloir réparer ses erreurs et la tentation de se couler dans la vie de John Barren. Surtout quand il découvre dans notre époque une Penelope Weschler qui est libraire et passionnée de science-fiction, dont il tombe aussitôt amoureux.

En gros : vivre une vie de merde dans un monde parfait ou une existence parfaite dans un monde pourri. Ce roman est vraiment une très bonne surprise. Il mêle habilement comédie romantique, voyage dans le temps, utopie, dystopie et histoire secrète, le tout dans un récit assumé par un antihéros qui prétend écrire ses mémoires et avoue ne pas trop savoir comment s’y prendre.

Le ton du narrateur est bien trouvé, et donne de la consistance, de la crédibilité au personnage, lucide sur lui-même et ce qui l’entoure, et donc doublement décalé. Le jeu permanent entre fiction et réalité, le mélange intelligent d’aventure et de romance, de culture SF et de critique sociale, de réflexions sur le progrès, l’architecture, la technologie, sur les rapports humains et sur l’identité donnent un roman jubilatoire, bien ficelé, qui fait réfléchir et se lit d’une traite, sans qu’on voie le temps passer !

Chronique de François ‘767’ Manson

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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