« Le secret interdit » de Bernard Simonay

Elle s’est sacrément fait attendre, cette suite de la saga des « Enfants de l’Atlantide », dont nous avions fait une critique il y a… longtemps ! Je rappelle les données : des êtres arrivés à un degré d’évolution bien supérieur à celui des humains créent une race de demi-dieux, les Atlantes, qui ont le pouvoir de maîtriser leurs réincarnations.

Les Atlantes fondent une civilisation brillante, très en avance sur son temps, sur tout un archipel entre deux continents barbares qui seront plus tard, avec d’autres contours, l’Amérique et l’Europe. Mais le mal arrive à contaminer cette perfection : les Titans, apparentés aux Atlantes, mais dépourvus de toute morale et avides de pouvoir la détruisent complètement. Du coup, les demi-dieux à l’origine de l’expérience décident d’abandonner les Terriens à leur évolution naturelle. Le chef des Atlantes, Astyan, se réincarne bien plus tard que prévu, à l’époque légendaire de la ville d’Ys, et c’est sa quête pour retrouver à la fois l’Atlantide et sa bien-aimée qui fait l’objet des premiers volumes de la série. *

Mais la saga s’interrompt sans que cette quête ait abouti, et on vous prévient, elle n’aboutira pas davantage dans cet opus. Simonay visiblement ne sait trop comment en finir avec Astyan, il préfère prendre comme protagonistes des personnages secondaires de la saga, et se situer dans le monde moderne. Ça démarre très fort avec un attentat à la bombe, dans un avion transportant une certaine Sarah Livingstone, qu’une organisation occulte veut à tout prix éliminer, ainsi qu’un couple, Katherine et Paul Falcon, qui, eux, auront droit à une opération de commando contre leur propriété de l’Oregon. Un écrivain, Kevin, s’y retrouve mêlé, par hasard, semble-t-il, mais n’y a-t-il pas au-delà des siècles des affinités qui rendent nécessaires certaines rencontres ? Et pourquoi fixe-t-on à Kevin ce rendez-vous mystérieux avec une jeune Française, Alexandra, à la Grande Bibliothèque de NewYork (est-ce un clin d’œil au film Le Jour d’après ?). Bien évidemment, on le comprend très vite, Alexandra, Kevin, Paul et Katherine, ainsi que Sarah, n’en sont ni à leur première vie ni à leur première rencontre. Et on comprend très vite aussi que l’organisme qui leur en veut n’est autre que le tribunal secret de la Sainte Vehme, né en Allemagne au Moyen-Âge. Plusieurs tentatives de meurtre – empêchées par la mort spectaculaire et inexplicable de leurs auteurs – plus tard, on se rapproche de l’endroit mythique vers lequel tendent tous les indices : l’Égypte, où une pyramide très particulière attend les initiés… après un détour mouvementé par l’Allemagne, l’Écosse, la France, l’Irlande, le Tibet et la Turquie ! On ne voyage pas que dans l’espace, d’ailleurs. Des flash-back renvoient certains personnages à leurs vies passées, qu’ils avaient oubliées, et c’est d’ailleurs là que la trame narrative pèche un peu : le procédé, bien que justifié dans la logique de la fable, et présenté comme un cheminement alchimique, de l’Œuvre au Noir à l’Œuvre au Blanc, puis au Rouge, apparaît quand même au lecteur un tantinet artificiel et répétitif.

Mais pourquoi bouder son plaisir ? Simonay reste toujours un excellent conteur, qui sait à la fois nous tenir en haleine, nous mettre en empathie avec ses personnages, et même glisser un brin de réflexion plutôt sympathique par-ci par-là. Cyniques et blasés s’abstenir, nous sommes dans le monde des bons sentiments !

* Le Prince déchu, L’Archipel du soleil, Le Crépuscule des géants, La Terre des morts, bientôt disponibles, promet l’auteur, dans la même collection. Ou à chercher parmi les livres d’occasion.

Chronique de Marthe ‘1389’ Machorowski

Nous en pensons

Notre avis

4,0

Bernard Simonay reste toujours un excellent conteur, qui sait à la fois nous tenir en haleine, nous mettre en empathie avec ses personnages, et même glisser un brin de réflexion plutôt sympathique par-ci par-là. Cyniques et blasés s’abstenir, nous sommes dans le monde des bons sentiments !

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L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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